• Chapitre 9. Port Angeles (part. 1) <o:p></o:p>

        Il y avait trop de lumière pour que je puisse conduire à travers la ville en direction de Port Angeles. Le soleil était encore trop haut, au dessus de ma tête, et, malgré mes vitres teintées, il n’y avait aucune raison de prendre des risques inutiles. Plus de risques inutiles devrais-je dire.
        J’étais certain de pouvoir trouver les pensées de Jessica à distance -- les pensées de Jessica étaient plus bruyantes que celles d’Angela, une fois que j’entendrais la première, je pourrais trouver la seconde. Puis une fois que la nuit tomberait, je pourrais me rapprocher d’elles. Pour l’instant je m’écartais de la route à l’entrée de la ville, pour m'arréter sur un parking qui semblait peu fréquenté.
        Je savais déjà vers où chercher -- il n’y avait qu’une seule boutique de robes à Port Angeles. Cela ne me prit pas longtemps avant de trouver Jessica, tournant devant trois miroirs, et je pouvais voir Bella dans sa vision périphérique, étudiant la longue robe noire qu’elle portait.
        Bella a encore l’air énervée. Ha ha. Angela avait raison-- Tyler en a trop fait. Mais, je ne peux pas croire qu’elle soit à ce point bouleversée. Au moins, elle sait qu’elle a une personne de rechange pour le bal de fin d’année. Et si Mike ne s’amusait pas au bal, et ne voulait plus sortir avec moi? Et s’il demandait à Bella de l’accompagner au bal de fin d’année? Aurait-elle demandé à Mike de l’accompagner au bal si il n’avait pas parler de notre rendez-vous? Est-ce qu’il pense qu’elle est plus jolie que moi? Est-ce qu’elle pense qu’elle est plus jolie que moi?

        “Je pense que je préfère la bleu. Ca fait vraiment ressortir tes yeux.”
      
     Jessica sourit à Bella, en se forcant un peu, le regard suspicieux.
        Est-ce vraiment ce qu’elle pense? Ou veut-elle que je ressemble à une grosse vache samedi?
        J’en avais déjà marre d’écouter les pensée de Jessica. Je cherchais Angela, tout prés - ah, mais elle était en train de changer de robe, je m'éclipsais rapidement de son esprit pour lui rendre son intimité.
        Bien, il n’y avait pas beaucoup de problèmes que Bella pourrait rencontrer dans ce magasin. Je les laisseraient faire leur shopping, et retourneraient vers elle quand elles auraient finis. Il ne restait plus trés longtemps avant qu’il ne fasse sombre - les nuages commençaient à revenir glissant depuis l’ouest. Je pouvais seulement les entr'apercevoir à travers les arbres épais , mais je savais qu’il accélérerait la tombée de la nuit. Je les accueillaient, désirant plus que jamais leur ombre qui s’abattait. Demain, je pourrais de nouveau m'asseoir à côté de Bella au lycée, une nouvelle fois monopoliser son attention au déjeuner.
        Donc, elle était furieuse après les présomptions de Tyler. J’avais vu ça dans sa tête - qu’il pensait vraiment aller au bal de fin d’année avec elle, c’était une évidence pour lui. Je me remémorais l’expression de Bella de cet après-midi là - le refus outré - et je ris. Je me demandais ce qu’elle pourrait bien lui dire àa dessus. Je ne voulais surtout pas rater sa réaction.
        Le temps passa lentement tandis que j’attendais que les ombres s’allongent. Je vérifiais de temps en temps les pensées de Jessica; sa voix mental était la plus facile à trouver, mais je n’aimais pas m’y attarder trop longtemps. Je vis l’endroit ou elles comptaient manger. Il ferait sombre au moment du dîner,... peut-être que je pourrais choisir le même restaurant par pure coïncidence. . Je touchais le téléphone dans ma poche, pensant inviter Alice à dîner... Elle serait emballé par l’idée, mais elle voudrait aussi parler a Bella. Je n’étais pas sur d’être prêt pour que Bella soit plus impliqué dans mon monde. Un seul vampire n’était-il pas déjà assez problématique.
        Je vérifiais les pensées de Jessica une nouvelle fois, comme une routine. Elle pensait à son bijoux, et demandait l’opinion d’Angela.    
        “Peut-être que je devrais rapporter le collier. J’en ai déjà à la maison qui serait parfait, j’ai dépensé plus d’argent que j’aurais du...” Maman va paniquer. A quoi je pensais?
        “Ca ne m'ennuies pas de retourner au magasin. Mais penses-tu que Bella nous cherchera?”
    Quoi? C’était quoi ca? Bella n’était pas avec elles? Je regardais à travers les yeux de Jessica pour passer rapidement à ceux d’Angela. Elles étaient sur le trottoir en face d’une rangée de boutiques, en train de faire demi-tour. Bella n’était nul part.
        Oh, mais qui se fiche de Bella? pensa Jess impatiemment, avant de répondre à Angela “Ca va aller. On aura bien assez de temps pour aller au restaurant, même si on fait demi tour. De toutes façon, je pense qu’elle voulait être seule”. J’eus un bref aperçus de la librairie à laquelle Jessica pensait que Bella s’était rendue.
        “Alors dépêchons nous”, dit Angela. J'espère que Bella ne pensera pas qu’on s’est débarrassé d’elle. Elle a été tellement gentille avec moi dans la voiture... C’est vraiment une gentille fille. Mais elle m’a semblé mal toute la journée. Je me demande si c’est à cause d’Edward Cullen? Je parie que c’est pour ca qu’elle se posait des questions sur sa famille...
        J’aurais du être plus attentif. Qu’avais-je manquer? Bella déambulait toute seule, et elle avait posé des questions sur moi auparavant? Angela se concentrait sur Jessica maintenant -- cette dernière parlait de Mike Newton à présent -- je n’en tirerais rien de plus.
        Je jaugeais les nuages. Le soleil se retrouverait bientôt derrières eux. Si je reste sur le côté gauche de la route, là ou les immeubles bloquaient la lumière...
    Je commençais à me sentir anxieux tandis que je conduisait à travers le trafic dense du centre ville. C’était quelque chose que je n’avais pas envisagé -- Bella partant de son côté -- et je ne savais vraiment pas comment la retrouver. J’aurais du y penser.
        Je connaissais bien Port Angeles. Je conduisis directement à la libraire à laquelle Jessica pensait, espérant que ma recherche serait de courte durée, doutant que ce serait facile. Quand Bella rendrait-elle les choses faciles?
        Bien sur, la petit boutique était vide, excepté pour un femme vêtu de façon anachronique, derrière le comptoir. Cela ne ressemblait pas du tout à un endroit auquel Bella pourrait s’intéresser -- trop new age pour une personne rationnel. Je me demandais si elle était vraiment entré à l'intérieur.
        Il y avait une place à l’ombre où je pourrais me garer...l’ombre continuait jusque sous l’auvent du magasin. Vraiment, je ne devrais pas. Me balader en pleine journée était risqué. Et si une voiture réfléchissait la lumière du soleil vers l’ombre au mauvais moment?
        Mais je ne savais pas comment chercher Bella autrement!
        Je me garais et sortais, restant du côté le plus sombre. J’entrais rapidement dans me magasin, je ne sentais pas l’odeur de Bella. Elle était venue ici, sur le trottoir, mais il n’y avait pas la moindre trace de son arôme dans le magasin.
        “Bienvenu! Puis-je vous aider?” commença le vendeur, mas j’étais déjà sorti.
        Je suivis l’odeur de Bella aussi loin que l’ombre me le permis, stoppant à la limite du soleil.
        Comme je me sentais impuissant -- coincé par la ligne départageant l’ombre de la lumière qui se trouvait juste devant moi sur le trottoir. Tellement limité.
        Je pouvais seulement imaginer qu’elle avait continué à travers la rue, vers le sud. Il n’y avait pas grand chose dans cette direction. Etait-elle perdue? Eh bien, cette possibilité lui ressemblait bien.
        Je retournais dans ma voiture, conduisant doucement à travers les rues, la cherchant  Je sortais de la voiture sous quelques endroits ombragés, mais je pouvais seulement sentir son odeur une fois de plus et la direction me désarçonnait. Où essayait-elle d’aller?
        Je fis plusieurs allés retours entre le magasine et le restaurant, espérant la voir sur la route. Jessica et Angela étaient déjà là, essayant de décider si elles devaient commander, ou attendre Bella. Jessaica voulait commander tout de suite.
        Je commençais à scanner les esprits d'étrangers, cherchant à travers leurs yeux. Quelqu’un l’avait certainement remarqué.
        J’étais de plus en plus anxieux au fur et à mesure qu’elle restait introuvable. Je n’avais jamais pensé à la difficulté qu’il serait de la trouver une fois, comme maintenant, qu’elle se trouverait hors de ma vue. Je n’aimais pas ça.
        Les nuages s’amassaient à l’horizon, et dans quelques minutes, je pourrais suivre sa traçe à pied. Alors, ça ne me prendrais pas trop longtemps. Seul le soleil me rendait inutile à ce moment précis. Juste quelques minutes supplémentaires, puis l’avantage serait de nouveau de mon côté, et le monde humain serait impuissant.
        Un autre esprit, puis un autre. Tant d’esprits triviaux.
       
    ...je pense que le bébé a encore une infection aux oreilles...
        ... Est ce que c’était 640 ou 604...?
        ...Encore en retard. Je dois vraiment lui dire...
        La voilà! Aha!

        Voilà, finalement, son visage. Finalement, quelqu’un l’avait remarqué!
        Le soulagement ne dura qu’une fraction de seconde, puis, je lus complètement les pensées de l’homme qui exultait devant son visage dans l’ombre.
        Son esprit m’était étranger, et pourtant pas complètement inconnu non plus. J’avais un jour traqué des esprits similaires.
    “Non”! criais-je et des grognements sortirent de ma gorge. Mon pied enfonça l’accélérateur, mais où devais-je aller?
        Je connaissais la direction général de ses pensées, mais je ne savais pas où il se trouvait exactement. Quelque chose, il devait y avoir quelque chose -- un panneau de rue, une devanture de magasin, quelque chose dans sa vision qui me donnerait sa position. Mais Bella s'enfonçait dans le noir, et les yeux de l’homme se focalisaient sur son expression apeurée - se délectant de sa peur.
        Dans son esprit, le visage de Bella se confondait avec d’autres. Elle n’était pas sa première victime.
        Mes grognements resonnèrent dans l’habitacle de la voiture, mais je n’y prétais pas attention.
        Il n’y avait pas de fenêtre dans le mur derrière elle. Un endroit industriel, loin des quartiers commerciaux. Ma voiture dérapa à une intersection, évitant un autre véhicule, en me dirigeant vers, je l'espérai, la bonne direction. Au moment où l’autre conducteur klaxonna, j’étais déjà loin du bruit.
        Regarde-la trembler! gloussa l’homme. La peur était son moment favoris.
        “Ne me touchez pas” La voix de Bella était claire et ferme, pas un cris.
        “Ne sois pas comme ça, ma chérie”
        Il la regarda tressaillir alors qu’un rire retentit d’une autre direction. Ce bruit l’irritait -- Tais-toi Jeff! pensa-t-il - tout en se délectant du recul de Bella. Ca l’excitait. Il commença a imaginer ses supplications, la façon dont elle implorerait.
        Je n’avais pas réalisé qu’il y avait d’autres personnes avec lui jusqu’à ce que j’entende des rires bruyants. Je scannai ses pensées, tentant d’y dénicher quelque chose qui pourrait m’être utile. Il commença à s’approcher d’elle, étirant ses mains.
        Les esprits autour de lui n’étaient pas aussi fous que le premier. Ils étaient tous plus ou moins intoxiqués, mais aucun d’entre eux ne réalisait jusqu'où l'homme appelé Lonnie avait prévu d’aller ce soir. Ils le suivaient aveuglement. Ils leurs avaient promis de s’amuser.
        L’un d’entre eux fixa la rue nerveusement - il ne voulait pas se faire attraper, en train de harceler une fille - il me donna exactement ce que je voulais. Je reconnus la rue qu’il fixait.
        Je grillai un feu rouge, glissant a travers un espace juste assez grand entre deux voitures roulant dans le trafic. Les klaxonnes resonnèrent derrière moi.
        Mon téléphone vibra dans ma poche. Je l’ignorait.
        Lonnie se rapprocha lentement de la fille, allongeant le suspens - le moment de terreur qui l’excitait. Il attendit son cri, se préparant à le savourer.
        Mais Bella serra ses machoires et se contracta. Il fut surprit - il s’attendait à ce qu’elle court. Surprit, et légèrement décut. Il aimait traquer sa proie, l’adrenaline de la chasse.
        Courageuse, celle ci. Peut-etre même meilleure, j’imagine...elle a plus de lutte en elle.
        J’étais à un paté de maison. Le monstre pouvait entendre rugir mon moteur maintenant, mais il n’y prétait pas attention, trop concentré sur sa victime.
        On allait voir combien il aimerait la traque une fois qu’il en serait la proie. On verrait ce qu’il penserait de mon style de chasse.
        Dans un autre compartiment de mon esprit, je séléctionnait déjà les différentes techniques de tortures que j’avais utilisé auparavant, recherchant la plus douloureuse. Il souffrirait pour ca. Il allait agoniser. Les autres allaient simplement mourir pour avoir pris part, mais le monstre dénommé Lonnie implorerait la mort bien avant que je ne lui fasse ce cadeaux.
        Il était sur la route, se rapprochant d’elle.
        Je tournai à l’angle de la rue, mes phares eclairaient la scène, immobilisant tous les autres. J’aurais pu écraser le chef, qui les avaient amené ici, mais ca aurait été une mort bien trop facile.
        Je laissai la voiture tourner complètement, me retrouvant face à l’endroit d’ou je venais, ainsi la porte passager se trouvait prés de Bella. Je l’ouvrit, elle se dirigeait déjà vers la voiture en courant.
        “Monte” criai-je
       
    C’est quoi ca?
        Je savais que c’était une mauvaise idée! Elle n’est pas toute seule.
        Est ce que je dois courir?
        Je crois que je vais vomir...

        Bella se jeta à travers la porte sans hésitation, la refermant aussitôt.
        Puis elle me regarda avec l’expression la plus confiante que je n’avais jamais vu sur aucun visage humain, et tous mes plans violents s’effondrèrent.
        Cela me prit bien moins d’une seconde pour constater que je ne pouvais pas la laisser dans la voiture  pour m’occuper dans quatres hommes. Que lui dirai-je, de ne pas regarder? Ha! Quand faisait-elle ce qu’on lui demande? Quand faisait-elle quelque chose de non risqué?
        Est ce que je les emmeneraient hors de sa vue, la laissant seule ici? Il y avait peu de chances qu’un autre homme dangereux chasse ce soir, mais il y avait déjà eu peu de chance la premère fois. Comme un aimant, elle attirait toutes les choses dangereuses à elle. Je  devais la garder en vue.
        Ca devait, pour elle, faire partie du même mouvement, alors que j’accelerais, l’eloignant de ses poursuivants, tellement vite qu'ils regardaient ma voiture ahuris. Elle ne verrait pas mon instant d’hésitation. Elle penserait que je voulais m’echapper depuis le début.
        Je ne pouvais même pas le frapper avec ma voiture. Ca effrairait Bella.
        Je voulais la mort de cet homme tellement sauvagement que ce désir boucha mes oreilles, brouilla ma vision, et laissa un goût amer sur ma langue. Mes muscles se tendirent sous l’urgence, l’envie, la nécessité. Je devais le tuer. Je le découperait, doucement, bout par bout, de la peau aux muscles, des muscles aux os...
        Sauf que la fille - la seule fille au monde - se tenait au siège des deux mains, me fixant, les yeux grands ouverts, et absoluements confiants. La vengeance devrait attendre.
        “Mets ta ceinture” ordonnais-je. Ma voix fut dur sous l’effet de la haine et de l’envie de tuer. Pas une envie normale. Je ne voulais pas me souiller en ingurgiteant la moindre goutte de sang de cet homme.
        Elle attacha sa ceinture, sursautant en la clipant. Ce tout petit son la fit sursauter, et pourtant elle ne cilla pas alors que je me ruai à travers la ville, ignorant tous les feux. Je pouvais sentir ses yeux sur moi. Elle semblait bizarrement sereine.  Ca n’avait pas de sens -- pas après ce qu’elle venait de vivre.
        “Est-ce que ça va?” demanda-t-elle, la voix pleine de stress et de peur.
        Elle voulait savoir si moi, j’allais bien?
        Je pensai à sa question pendant une fraction de seconde. Pas assez longtemps pour qu’elle remarque mon hésitation. Est ce que j’allais bien?
        “Non”, je réalisai que mon ton était plein de rage.
        Je l’emmenai vers le même parking désert où j’avais passé l’aprés-midi, dans le pire poste de surveillance du monde. Il y faisait noir maintenant, sous les arbres.
        J’étais tellement furieux que mon corps se raidit, complètement figé. Mes mains glaciales voulant écraser son assaillant, le réduire en si petites pièces que son corps ne seraient jamais identifié...
        Mais cela impliquait de la laisser seule, sans protection, dans le noir.
        “Bella?” demandais-je les dents serrés.
        “Oui?” répondit-elle la gorge enrouée. Elle eclaircit sa voix.
        “Est ce que tu vas bien?” C’était vraiment la chose la plus importante, la première priorité. La vengeance était secondaire. Je le savais, mais mon corps était emplis de rage, m'empêchant de le penser.
        “Oui”. Sa voix était toujours basse - la peur sans doute.
        Donc, je ne pouvais pas la laisser.
        Même si elle courait un danger constant pour une raison trés enervante -- l’univers me jouait une blague - même si je pouvais être sur qu’elle serait en parfaite sécurié durant mon absence, je ne pouvais pas la laisser toute seule dans le noir.
        Elle devait être tellement apeurée.
        Pourtant je ne pouvais pas la réconforter -- même si j'avais su comment faire, et ce n’était pas le cas. Elle pourrait certainement sentir la brutalité qui m’irradiait, c’était evident. Je l’effrairais encore plus si je ne pouvais calmer le désir de dévastation qui bouillait en moi.
        Je de vais penser à quelque chose d’autre.
        “Distrais moi s’il te plait”, la priais-je
        “Pardon?”
        J’avais juste assez de controle sur moi même pour lui expliquer ce que je voulais.
        “Parle moi, dis moi n'importe quoi, même des bétises, jusqu’à ce que je me calme.” Je lui indiquais cela, la machoire fermé. Le seul fait qu’elle avait besoin de moi me retenait dans cet voiture. Je pouvais entendre les pensées de l’homme, sa décéption, et sa rage... Je savais où le trouver... je fermai mes yeux, ésperant ne plus le revoir...
        “Um...” elle hésitait - essayant de comprendre ma requête j’imagine. “Je vais écraser Tyler Crowley demain avant les cours?” Elle dit cela comme s’il s’agissait d’une question.
        Oui- c’est ce dont j’avais besoin. Bien sur Bella allait dire quelue chose d’imprévu. Comme aupravant, la menance de violence venant de sa bouche était hilarant- tellement comique cela resonnait en moi. Si je n’étais pas en train de me consumer d’envie de meutrer, j’aurais ris.
        “Pourquoi?” aboyais-je, pour la forcer à parler encore.
        “Il dit a tout le monde qu’il m'emmène au bal de fin d'année”, dit elle de sa voix outragée, comme un chaton se prenant pour un lion. “Soit il est fou, soit il veut toujours se faire pardonner pour avoir faillit me tuer la dernière... eh bien, tu te souviens,” placa-t-elle sèchement, “et il pense que le bal de fin d’année est un bon moyen d’y arriver. Donc je pensais que si je mettais sa vie en danger, nous serions quittes et il n'essaiera plus de se faire pardonner. Je n’ai pas besoin d'ennemis et peut-être que Lauren me laisserait tranquille. Je vais tout de même devoir emboutir sa Sentra,” elle continua, pensive à présent. “S’il n’a plus de voiture, il ne pourra pas m’emmener au bal...”
        Il était encourageant de voir qu’elle se trompait parfois. La persistance de Tyler n’avait rien à voir avec l’accident. Elle ne semblait pas comprendre l'attirance qu’elle exerçait sur les garçons humains du lycée. Ne voyait-elle pas à quel point elle m’attirait moi non plus?
        Ah, ça marchait. La fluidité de son raisonnement était toujours captivante. Je commençais a reprendre le contrôle, voir au delà de la vengeance et la torture.
        “J’en ai entendu parlé” lui dis-je. Elle s'arrêta de parler, et j’avais besoin qu’elle continue.
        “Vraiment?” demanda-t-elle incrédule. Sa voix se fit plus énervée. “Si il est paralysé, il ne peux pas aller au bal non plus.”
        J'espérais trouver un moyen de lui demander de continuer à proférer des menaces de morts sans passer pour un fou. Elle ne pouvait pas avoir choisit un meilleur moyen pour me calmer. Et ses mots - de simples sarcasmes dans son cas, des hyperboles - était quelque chose dont j’avais vraiment besoin en ce moment.
        Je soufflais et rouvrait les yeux.
        “C’est mieux? “ demanda-t-’elle timidement.
        “Pas vraiment”.
        Maintenant, j’étais plus calme, mais pas mieux. Parce que je venais juste de réaliser que je ne pourrais pas tuer l’homme nommé Lonnie, et pourtant c’est ce que je voulais, plus que tout au monde. Pratiquement tout.
        La seule chose que je voulais plus que de commettre un meurtre extrêmement justifié à présent, était la fille. Et même si je ne pouvais pas l’avoir, juste la pensée de l‘avoir rendait impossible ma petite partie de chasse de ce soir - peu importe combien elle aurait été justifiée.
        Bella méritait mieux qu’un tueur.
        J’avais passé sept décennies a essayé d’être quelque chose d’autre que - quoi que ce soit d’autre qu’un tueur. Malgré toutes ces années d’efforts, je ne meriterai jamais cette fille assise à côté de moi. Et pourtant je sentais que si je retournerais à cet vie - celle d’un tueur - ne serait-ce que pour une nuit, je ne serais jamais digne d’elle. Même si je ne buvais pas leur sang - même si la preuve ne rendait pas mes yeux trouges - ne sentirait-elle pas la différence?
        J’essayais d’être quelqu’un de bien pour elle. C’était impossible. J’essairai tout de même.
        “Qu’est ce qui ne va pas?” murmura-t-elle.
        Son haleine emplit mon nez, me rapellant pourquoi je ne la meritait pas. Aprés tout cela, malgré tout mon amour pour elle...elle faisait quand même couler mon venein.
        Je serais aussi honnête que possible avec elle. Je le lui devais.
        “Parfois, j’ai du mal a controler mes humeurs Bella.” Je plongeais mon regard dans la nuit noir, esperant qu’elle comprendrait l’horreur de mes propos et ou pas. Elle ne le comprendrait surement pas. Cours Bella, cours. Reste Bella, reste. “ Surtout qu’il ne servirait à rien que je retrourne là bas pour régler leurs comptes à ces..." Le seul fait d’y penser failit m’arracher de la voiture. Je pris une profonde inspiration, laissant son odeur s’engouffrer dans ma gorge.
    “Enfin, j’essaie de m’en convaincre”.
        “Oh”

        Elle ne dit rien d’autre. Quelle conclusion avait-elle tiré de mes propos? Je lui jetai un regard furtif, mais son expression était illisible. Peut-être sous le choc. Au moins elle ne criait pas. Pas encore.
        Le silence s’installa un moment. Je luttai contre moi même, essayant d’être ce que je ne pouvais pas être.
        “Jessica et Angela sont s’inquiéter,” dit-elle doucement. Sa voix était calme, je ne savais pas que ce serait possible. Etait-elle sous le choc? Peut-être qu’elle n’avait pas encore intégrés les événement de ce soir. “Je devais les retrouver.”
        Voulait-elle s’éloigner de moi. Ou s’inquiétait-elle seulement pour ses amies?
        Je ne lui répondit pas, mais démarrai la voiture pour la ramener. Plus je me rapprochais du centre ville, plus il était difficile de résister à la tentation. J’étais trop proche de lui..
        Si c’était impossible -- si je ne pouvais jamais avoir, ou mériter la fille -- alors pourquoi laisser filer cet homme sans le punir? Je ne pouvais pas aller si loin...
        Non. Je ne lâcherai pas. Pas encore. Je voulais trop qu’elle se laisse aller.
        Nous étions au restaurant où elle devait retrouver ses amies avant même que je réussisse à m'éclaircir les idées. Jessica et Angela finissaient de manger, et toutes les deux s’inquiétaient réellement pour Bella. Elles s'apprêtaient à sortir pour la chercher, du côté de la rue sombre.
        Ce n’était pas une bonne nuit pour leur petite balade.
        “Comment savais-tu où...?” La question interrompue de Bella me coupa, et je m'aperçut que j’avais encore fais une gaffe. J’avais été trop distrait pour lui demander où elle était supposé rencontrer ses amies.
        Mais au lieu de conduire un interrogatoire en insistant sur ce point, Bella hocha simplement la tête en souriant à moitié.
        Qu’est ce que ça voulait dire?
        Eh bien je n’avais pas le temps de m’interroger sur son acceptation bizarre de mon intuition encore plus bizarre. J’ouvrai la porte.
        “Que fais-tu?” demanda-t-elle, alarmée.
        Je te garde bien en vue. Je ne veux pas que tu sois seule ce soir. Dans cet ordre. “Je t’emmène dîner”
         Eh bien, ça allait être intéressant. Ca ne semblait plus être la même nuit que celle imaginée où j’emmenai Alice avec moi, prétextant me retrouver dans le même restaurant que Bella et ses amies par hasard. Et maintenant, j’avais pratiquement rendez-vous avec elle. Mais ça ne comptait pas, parce que je ne lui laissait aucune chance de dire non.
        Elle avait déjà sa portière à moitié ouverte -- ca n’avait jamais été aussi frustrant d’avoir à marcher à une vitesse normale.  -- au lieu d’attendre que je l’ouvre pour elle. Etait-ce parce que ‘elle n’avait pas l’habitude d’être traité comme une femme, ou parce qu’elle pensait que je n’étais pas un gentleman?
        J’attendis qu’elle me rejoigne, de plus en plus anxieux alors que les filles continuaient vers les ruelles sombres.
        “Va arrêter Jessica et Angela avant que je ne doive les sauver elles aussi” ordonnais-je rapidement. “Je ne pense pas pourvoir me contenir si nous rencontrons tes amis une nouvelle fois”. Non, je ne serais pas assez fort pour ça.
        Elle trembla légèrement puis se ressaisit. Elle fit un pas dans leur direction puis cria “Jess! Angela” . Elle leur fit un grand signe lorsqu’elles se tournèrent, essayant de capter leur attention.
        Bella! Oh, elle va bien! pensa Angela, soulagée.
        Légèrement en retard non? protesta Jessica, mais elle aussi sembla heureuse que Bella ne fut pas perdue ou blessée. Je l'appréciais déjà plus.
        Elle se dépêchèrent de rejoindre Bella, puis s'arrêtèrent net, presque choquée en me voyant à ses côtés.
        Uh-uh! pensa Jessica, étonnée. Pas possible!
        Edward Cullen? Est-ce qu’elle est partie de son côté pour le retrouver? Mais pourquoi aurait-elle poser des questions sur le fait qu’il soit parti si elle savait qu’il était là... J’eus un bref flash de l’expression mortifiée de Bella lorsque Angela lui apprit que ma famille était souvent absente du lycée. Non, elle ne pouvait pas savoir,
        Les pensées de Jessica passaient de la surprise à la suspicion. Bella m’a caché ça.
        “Où étais-tu passée?” demanda-t-elle, fixant Bella, en me jetant des coups d’oeil.
        “Je me suis perdue, puis j’ai rencontré Edward” dit Bella, en me montrant du doigt. Son ton était remarquablement calme. Comme si c’était réellement tout ce qu’il c’était passé.
        Elle devait être sous le choc. C’était la seule explication rationnelle.
        “Ca ne vous dérange pas si je me joint à vous” demandais-je -- pour être poli. Je savais qu’elles avaient déjà mangé.
        Oh mon Dieu, qu’est ce qu’il est beau! pensa Jessica, sa tête soudainement confuse.
        Angela n’était pas plus rationnelle. Nous n’aurions pas du manger. Wow. Juste. Wow
        Pourquoi ne pouvais pas faire cet effet à Bella?
        “Euh... bien sur” acquiesça Jessica.
        Angela fronça les sourcils. “En fait, Bella, nous avons manger en t’attendant” admit-elle. “Désolée”.
        Quoi? La ferme! Protestait Jessica intérieurement.
        Bella haussa légèrement les épaules. Tellement sereine. Définitivement sous le choc.
    “C’est bon, Je n’ai pas faim.”
        “Je pense que tu devrais manger quelque chose”
    m’opposai-je. Elle avait besoin d’un peu de sucre dans le sang, même s’il sentait déjà assez bon, je frémis. L’horreur allait s'abattre sur elle d’un moment à l’autre, et avoir l’estomac vide ne l’aiderait pas. Elle s'évanouissait facilement, je le savais par expérience.
        Les filles ne seraient pas en danger si elles rentraient directement à la maison. Elles, le danger ne les suivaient pas comme leur propre ombre.
        Et je préférai être seul avec Bella -- tant que c’est ce qu’elle voulait aussi.
        “Ca ne vous dérange pas si je ramène Bella ca soir?” demandai-je à Jessica avant que Bella ne puisse répondre. ”Comme ça vous n’aurez pas à attendre le temps qu’elle mange.”
        “Euh bien sur, pas de problème j’imagine...” Jessica jeta un long regard à Bella, cherchant à savoir si c’était ce qu’elle voulait.
        J’aimerai rester...mais elle le veux probablement pour elle seule. Qui ne le voudrait pas? pensa Jess. Au même moment elle regardait Bella lui faire un clin d’oeil.
        Bella, un clin d’oeil?
        “Okay,” dit Angela rapidement, cherchant à s’éclipser rapidement puisque ce devait être ce que Bella voulait. Et c’était le cas.  “On se voit demain, Bella...Edward.” Elle lutta pour prononcer mon nom normalement. Puis elle attrapa la main de Jessica et commença à la tirer en arrière.
        Je devrais trouver un moyen de remercier Angela.
        La voiture de Jessica était tout prés, sous les spots d’un lampadaire.
    Bella les suivit prudemment du regard, un petite ride d’anxiété entre les yeux, jusqu’à ce qu’elles soient dans la voiture, donc elle devait être consciente du danger qu’elle avait courut. Jessica lui fait au revoir de la main, et s’en alla, et Bella lui rendit son geste. Ce ne fut qu’une fois la voiture disparut qu’elle prit une profonde inspiration et se tourna pour me regarder.
        “Franchement, je n’ai pas faim” dit-elle.
        Pourquoi avait-elle attendu qu’elles soient parties pour le le dire? Voulait-elle vraiment être seule avec moi -- même maintenant, ayant constaté ma furie meurtrière?
        Que ce soit le cas ou pas, elle allait manger quelque chose.
        “C’est ce qu’on va voir” dis-je.
        Je tenais la porte du restaurant pour elle, attendant.
        Elle souffla et entra.
        Je marchai derrière elle vers les serveurs. Bella semblait toujours maîtresse d’elle même. Je voulais toucher sa main, son front, vérifier sa température. Mais ma main glacée la repulserait, comme auparavant
        Oh mon Dieu, la voix de l'hôtesse extrêmement forte fit intrusion dans mon inconscient. Mon Dieu mon Dieu.
        Ca semblait être ma nuit pour tourner le tête. Ou est ce que je m’en rendais compte parce que je voulais faire le même effet à Bella. Nous étions toujours très attrayants pour nos proies. Je n’y avais jamais autant pensé auparavant. D’habitude -- sauf avec des personnes telles que Shelly Cope ou Jessica Stanley, qui semblaient imperméable à l’horreur -- la peur s’installait juste après la première réaction.
        “Une table pour deux s’il vous plaît?” lancai-je puisque l'hôtesse ne parlait pas.
        “Oh, euh, oui. Bienvenus à La Bella Italia.” Hmm! Quelle voix! “S’il vous plaît, suivez moi.” Ses pensées étaient préoccupées, calculatrices.
        Peut-être que c’est son cousin. Elle ne pourrait pas être sa soeur, il ne se ressemblent vraiment pas du tout. Mais de la famille. Il ne peux pas être avec elle.
        Les yeux humains étaient flous, ils ne voyaient rien clairement. Comment est ce qu’une femme à l’esprit si étriqué pouvait trouver mes qualités physiques -- mes pièges à proies-- attractives, et pourtant semblait incapable de voir la douce perfection de cette fille à côté de moi?
        Eh bien, pas besoin de l’aider, juste au cas où il serait ensemble, pensa l'hôtesse nous emmenant vers une table familiale en plein milieu du restaurant bondé. Est ce que je peux lui donner mon numéro pendant qu’elle est là...?
        Je tirai un billet du fond de ma poche. Les gens étaient invariablement coopératifs dés qu’il s’agissait d’argent.
        Bella était déjà en train de s'asseoir sans la moindre objection. je lui fit non de la tête, elle hésita, penchant la tête de curiosité. Oui, elle allait être très curieuse ce soir. Une foule n’était pas le meilleur endroit pour une conversation.
        “Peut-être quelque chose d’un peu plus privé?” lancai-je à l'hôtesse, lui tendant l’argent. Ses yeux s’ouvrir sous l’effet de la surprise, puis se plissèrent tandis qu’elle enroulait sa main autour du pourboire.
        “Bien sur.”
        Elle jeta un regard au billet en nous accompagnant dans un coin isolé.
        Cinquante dollars pour changer de table? Il est riche aussi. Evidemment -- je paris que sa veste coûte plus cher que mon dernier bulletin de paye. Merde. Pourquoi veux il être en privé avec elle?
        Elle nos offrit une table dans un coin tranquille du restaurant, d'où personne ne pouvait nous voir -- voir les réactions de Bella quoi que je puisse lui dire. Je ne savais pas du tout ce qu’elle attendait de moi ce soir. Ou ce que je lui dirai.
        Qu’avait-elle deviné? Quelle explication s’était-elle fabriqué pour les événements de ce soir.
        “Est ce que ça vous va?” demanda l'hôtesse.
        “Parfait” lui repondis-je, légèrement agacée par le ressentiment qu’elle avait envers Bella, je lui fis un grand sourire, toutes dents dehors. Pour qu’elle vois qui j’étais.
        Whoa. “Euh... votre serveuse arrive tout de suite”. Il ne peux pas être réel, je dois  être en train de dormir. Peut-être qu’elle va disparaître... peut-être que je devrais lui écrire mon numéro de téléphone directement dans le plat, avec du ketchup...Elle s'éloigna, continuant de chercher un moyen.
        Bizarre. Bella n’était toujours pas effrayée. Je me souvint soudainement de Emmett, se moquant de moi à la cafétéria, voilà déjà plusieurs semaines. Je paris que j’aurais pus l’effrayer plus facilement que toi.
        Est ce que je perdais mon talent?
        “Tu ne devrais pas faire ça aux gens tu sais,” Bella interrompus mes pensées d’un ton désapprobateur. “Ce n’est vraiment pas juste.”
        Je fixai son expression critique. Que voulait-elle dire? Je n’avais pas effrayé l'hôtesse, malgré mes intentions. “Faire quoi?”
        “Les éblouirent comme ça -- elle est probablement en train d’hyper-ventiler en cuisine maintenant.”
        Hmm. Bella avait presque tout juste. L'hôtesse était à moitié cohérente en ce moment, me décrivant à une des ses collègues. Elle avait tout faux.
        “Oh voyons” me secoua Bella tandis que je ne répondais pas immédiatement. “Tu dois savoir l’effet que tu fais aux gens.”
        “Je les éblouis?” C’était un moyen intéressant de le décrire. Assez juste pour ce soir. Je me demandais quelle différence...
        “Tu n’as pas remarqué?” demanda-t-elle toujours critique. “Tu penses que tout le monde arrive à ses fins aussi facilement?”
        “Est ce que je t’éblouis, toi?” Ma voix se fit curieuse instantanément, et les mots sortir, c’était trop tard pour revenir en arrière.
        Mais avant que je n’ai eu le temps de regretter trop profondément mes mots, elle répondit. “Fréquemment.” Et ses joues devinrent immédiatement roses.
        Je l’éblouissais.
        Mon coeur sans battement se remplit d’espoir comme jamais auparavant.
        “Bonjour” lança la serveuse, se présentant. Ses pensées étaient bruyantes, et plus explicites que celle de l'hôtesse, je l'effaçais. J’admirai le visage de Bella au lieu de l’écouter, regardant le flux sanguin s'étendre sous sa peau, ne remarquant pas à quel point cela enflammé ma gorge, mais plutôt comme cela illuminait son visage, comment cela effaçait son teint blanchâtre.
          La serveuse attendait quelque chose de moi. Ah, elle voulait ma commande de boisson. Je continuais à fixer Bella, et la serveuse se tourna vers elle, presque irritée.
        “Je vais prendre un coca?” dit Bella, presque en quête d'approbation.
        “Deux cocas” repris-je. La soif - la soif humaine - était un signe de choc. J’allais m’assurer qu’elle ait le sucre du soda dans son système.
        Elle avait l’air d’être en forme pourtant. Plus qu’en forme. Radieuse.
        “Quoi?” dit-t-elle - se demandant sûrement pourquoi je la fixait. Je n’avais pas réalisé que la serveuse était partie.
        “Comment te sens-tu?” demandai-je
        Elle cligna des yeux, surprise par la question. “Ca va.”
        “Tu ne te sens pas nauséeuse, ou malade, tu n’as pas froid?”
        Elle semblait encore plus perdue maintenant “Je devrais?”
        “Eh bien, en fait, j’attends le contrecoup”. Je lui souris a moitié, attendant qu'elle me contredise. Elle ne voudrait pas que je m’occupe d’elle.
        Cela lui prit une minute de me répondre. Ses yeux ne semblaient pas concentrés. Parfois, elle prenait cet air, quand je lui souriais.  Etait-elle...éblouie?
        J’aurais aimé le croire.
        “Je ne pense pas qu’il y aura un contrecoup. J’ai toujours était très bonne pour refouler les souvenirs déplaisant,”
        Avait-elle enduré beaucoup de choses déplaisantes? Sa vie était elle toujours aussi dangereuse?
        “Quand bien même” lui dis-je. “Je me sentirai mieux lorsque tu auras ingurgité un peu de sucre et de nourriture.”
        La serveuse revint avec les deux cocas et une corbeille de pain. Elle les mis en face de moi, et me demanda ce que j’avais choisit, essayant de capter mon regard. Je lui indiquait qu’elle ferait mieux de demander à Bella, puis m’obligeai à éteindre ses pensées. Elle avait un esprit très vulgaire.
        “Euh...” Bella jeta un coup d’oeil rapide au menu. “Je prendrais les raviolis aux champignons.”
        La serveuse se tourna vers moi pleine d'espoirs. “Et pour vous?”
        “Rien pour moi.”
        Bella prit une expression insultée. Hmm. Elle devait avoir remarqué que je ne mangeais jamais rien. Elle remarquait tout. J’oubliais toujours de faire attention avec elle.
        J'attendai que nous soyons seuls.
        “Bois” insistai-je.
        Je fus surpris qu’elle s'exécute immédiatement sans aucune objection. Elle but jusqu’à ce que le verre soit complètement vide, donc, je lui tendis le second coca, fronça les sourcils légèrement. Soif ou choc?
        Elle but encore un peu, puis trembla légèrement.
       
    “Est ce que tu as froid?”
        “C’est juste le coca”,
    dit-elle tremblant de nouveau, ses lèvres bougèrent lentement comme si elle allait se mettre à claquer des dents.
        Le jolie blouson qu’elle portait semblait trop fin pour la réchauffer convenablement; il la moulait comme une seconde peau, presque aussi fragile que la première. Elle était si fragile, si mortelle. “Tu n’as pas de manteau?”
        “Si.” Elle regarda autour d’elle, un peu perplexe. “Oh - je l’ai laissé dans la voiture de Jessica.”
        J’enlevai mon blouson, espérant qu’il ne serait pas trop froid, à cause de la température de mon corps. Cela aura été bien de pouvoir lui offrir un manteau chaud. Elle me fixa, les joues devenant rouges à nouveaux. Que pensait-elle maintenant?
        Je lui tendis la veste au dessus de la table, elle l’enfila, puis trembla de nouveau.
        Oui, ce serait vraiment bien d’être chaud.
        “Merci” dit-elle. Elle prit une inspiration profonde, puis repoussa les manches trop longues pour libérer ses mains. Elle reprit une longue inspiration.
        Est ce qu’elle se sentait à l’aise? Sa couleur était toujours la bonne; sa peau était crème, légèrement rosée en contraste avec le bleu foncé de son t-shirt.
        “Cette couleur bleue te va très bien au teint”, la complimentai-je. J’étais juste honnête.
        Elle piqua un fard, augmentant l’effet.
        Elle avait l’air en forme, mais il n’y avait pas besoin de prendre de risque. Je poussais le panier de pain dans sa direction.
        “Vraiment” objecta-t-elle, devinant mes motivations. “Je ne vais pas avoir de contrecoups.”
        “Tu devrais pourtant - une personne normal en aurait un. Tu n’as même as l’air ébranlée.” Je lui donnait un regard désapprobateur, me demanda pourquoi elle ne pouvait pas être normale, puis si je voulais vraiment qu’elle le soit.
        “Je me sens en sécurité avec toi” dit-elle, ses yeux une nouvelle fois emplis de confiance. Une confiance que je ne méritais pas.
        Tous ses réflexes étaient faussés - inversés. C’était sûrement le problème. Elle ne reconnaissait pas le danger comme les autres humains. Elle avait les réactions opposées. Au lieu de courir, elle s’attardait, attirée par ce qui aurait du l’effrayer...
        Comment pouvais-je la protéger de moi-même quand aucun de nous deux ne le voulait?
        “C’est plus difficile que je ne l’avais prévus,” murmurai-je.
        Je pouvais voir mes mots tourner dans son esprits, et je me demandai ce qu’elle en pensait. Elle prit un gressin et commença à le manger concentrée sur la situation. Elle mâcha pendant un moment, puis pencha la tête sur le côté pensive.
        “D’habitude, tu es de meilleure humeur lorsque tes yeux sont si clairs” dit elle nonchalamment.
        Son sens de l’observation implacable me stupéfia. “Quoi?”
        “Tu es toujours grognon quand tes yeux sont noirs. J’ai une théorie la dessus” ajouta-elle légère.
        Donc elle avait sa propre explication. Evidemment. Je sentis un torrent de d’appréhension m’envahir en me demandant à quel point elle s’approchait de la vérité.
        “Encore une?”
        “Hmm-hm.” Elle mâcha un autre bout, complètement nonchalante. Comme si il n’était pas en train de discuter des caractéristiques d’un monstre avec le monstre lui-même.
        “J'espère que tu seras plus imaginative cette fois...” Je me décontractais puisqu’elle ne répondit pas. J'espérais vraiment qu’elle se trompait. “Ou est ce que tu l’as encore emprunté à une BD?”
       
    “Eh bien non, je ne l’ai pas emprunté à une BD,” dit-elle, un peu embarrassée. “Mais ce n’est pas moi qui l’ai trouvé non plus.”
        “Et?”
    demandai-je les dents serrées.
        Nous ne parlerions certainement pas aussi calmement si elle était sur le point de crier.
        Alors qu’elle hésitait, se mordant les lèvres, la serveuse réapparu avec le plat de Bella. Je ne prétai aucune attention à la serveuse, tandis qu’elle déposait le plat devant Bella, me demanda si je voulais quelque chose.
        Je déclinais, demandant un autre coca. La serveuse n’avait pas remarqué les verres vides, elle les pris, et partit.
        “Tu disais? l'encouragerai-je anxieusement, dés que nous nous retrouvâmes seuls.
        “Je te le dirai dans la voiture” dit-elle à voix basse. Ah, c’était mauvais pour moi. Elle ne voulait pas partager ses suppositions devant tout le monde. “Si...” ajouta-t-elle soudainement.
        “Il y a des conditions?” J’étais tellement tendu, j’avais presque aboyé les mots.
       
    “J’ai quelques questions bien sur”.
        “Bien sur”,
    j'acquiesçais, la voix dure.
        Ses questions suffirait sûrement à me dire où ses pensées l’amenaient. Mais y répondrai-je? Avec des mensonges? Ou l'éconduirai-je avec la vérité? Ou ne lui dirai-je rien du tout, incapable de choisir.?
        Nous restâmes assis en silence, tandis que que la serveuse nous réservait du coca.
        “Eh bien, vas-y? dis-je, les mâchoires serrés, quand elle commença.
        “Que fais-tu à Port Angeles?”
        C’était une question trop facile - pour elle. Ca ne prouverait rien, tandis que ma réponse, si je lui disais la vérité, donnerait trop d’indices. Il fallait qu’elle révèle quelque chose en premier.
        “Suivante” dis-je
       
    “Mais c’était la plus facile!”
        “Suivante”
    repetai-je
        Elle était frustrée par mon refus. Elle détourna son regard vers son assiette. Doucement, réfléchissant, elle prit un raviolis, et le mâcha concentrée. Elle l’avala avec un peu de coca, puis me regarda de nouveau. Ses yeux pleins de suspicions.
        “Ok alors” dit-elle “Disons, qu’hypothétiquement, bien sur, que...quelqu’un... puise savoir ce que les gens pensent, lire dans les pensées, tu sais - à quelques exceptions prés.”
        Ca aurait pu être pire.
        Ca expliquait ce sourire dans la voiture. Elle était rapide - personne d’autre n’avais jamais deviné cela sur moi. Excepté pour Carlisle, et ça avait été plutôt évident, au début, quand je répondais à ses pensées comme si il les avaient formulées à voix haute. IL avait compris avant moi...
        Cette question n‘était pas si mal. Puisqu’elle savait que quelque chose clochait chez moi, ce n’était pas aussi grave que le reste. Lire les pensées n’était après tout, pas une caractéristique normale chez un vampire. Je la suivit dans ses hypothèses.
        “Juste une exception” corrigeai-je “Hypothétiquement.”
        Elle refoula un sourire - mon élan d'honnêteté lui plaisait. “D’accord, avec une seule exception alors. Comment ça marche? Est -ce qu’il y a des limites? Comment est -ce que .. cette personne... pourrait trouver quelqu’un exactement au bon moment? Comment saurait-il qu’elle a un problème?.”
       
    “Hypothétiquement?”
        “Bien sur”
    Ses lèvres se tordirent, et ses yeux marrons étaient emplis d'intérêts.
        “Eh bien, “hésitais-je “Si... ce quelqu’un...”
        “Appelons-le Joe,” suggéra-t-elle.
        Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire devant son enthousiasme. Pensait-elle vraiment que la vérité serait une bonne chose? Si mes secrets ne la révulsait pas, pourquoi les lui cacher?
        “Joe alors”, acquiesçais-je. “Si joe avait été plus concentré, le timing n’aurait pas été si juste.” Je remuai la tête, réprimant un tremblement à l’idée de combien j’avais été prés de la perdre aujourd’hui. “Il n’y a que toi pour rencontrer des problèmes dans une aussi petite ville. Tu aurais fait exploser leur statistiques du taux de criminalité pour dix ans, tu sais.”
        Sa bouche se transforma en grimace. “Nous parlions d’un cas hypothétique”.
        Je rigolai de son irritation.
        Ses lèvres, sa peau...avaient l’air si douces. Je voulais les toucher. Je voulais passer mes doigts à la commissure de ses lèvres, les transformant en sourire.
        “Oui, c’est vrai” dis-je, revenant à la conversation avant de me déprimer avec mes pensées. “Devrions nous t’appeler Jane?”
        Elle se pencha vers moi au dessus de la table, toute trace d’humour ou d'irritation ayant disparut de ses yeux.
        “Comment as-tu su?” demanda-elle, la voix basse mais intense.
        Devrais-je lui dire la vérité? Et si c’était le cas, dans quelle mesure?
        Je voulais la lui dire. Je voulais mériter la confiance que je voyais sur son visage.
        “Tu peux me faire confiance tu sais”, murmura-t-elle, une de ses mains s'avançant pour toucher la mienne, restée sur la table vide devant moi.
        Je la retirai, - détestant penser à sa réaction au contact de mes doigt dur comme la pierre, et si froids - elle fit de même de son côté.
     
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    Chapitre 9. Port Angeles (part. 2) <o:p></o:p>

    Je savais que pouvais lui faire confiance pour protéger mes secrets; elle était totalement digne de confiance,. Mais je n’étais pas sur que ces secrets ne l'horrifieraient pas. Elle devrait être horrifiée. La vérité était horrible.
        “Je ne sais pas si j’ai le choix maintenant” murmurai-je. Je me souviens que je m’étais moquée d’elle une fois, l’a traitant d’observatrice exceptionnelle.L'offensant, si j’avais jugé ses expressions correctement. Eh bien, je pouvais me faire pardonner désormais. “J’avais tort - tu es une bien meilleure observatrice que je ne pensais.” Et même si elle ne semblait pas me croire, je le pensais vraiment. Elle ne ratait rien.
        “Je pensais que tu avais toujours raison” dit-elle, souriant de sa propre blague.
        “C’était le cas avant.” Avant je savais toujours ce qu’il se passait. Je savais toujours où j’allais. Et maintenant tout n’était que tumulte et chaos.
        Pourtant je n’échangerai cela pour rien au monde. Je ne voulais pas d’une vie pleine de sens. Pas si le chaos me permettait d'être avec Bella.
        “Je me suis trompé sur une autre chose te concernant,” Je continuai, réglant mes comptes sur cet autre point. “Tu es pas un aimant à accident - ce mot n’est pas assez fort pour toi. Tu es un aimant à problème. SI il y a quelque chose de dangereux dans un rayon de quinze kilomètres, c’est invariablement pour toi.” Pourquoi elle? Qu’avait-elle fait pour mériter ça?
        Le visage de Bella redevint sérieux. “Et tu te ranges dans cet catégorie?”
        L'honnêteté serait plus importante pour cette question qu’aucune autre. “Irrévocablement”.
         Ses yeux se plissèrent légèrement - pas de façon suspicieuse, juste bizarrement concernés. Elle tendit sa main à travers la table, doucement et délibérément. Je retirai mains d’un centimètre, mais elle ignora mon geste, déterminée à me toucher. Je retins ma respiration - pas à cause de son parfum cette fois, mais à cause de la soudaine tension environnante. Peur. Ma peau allait la dégoûter. Elle partirait en courant.
        Elle caressant mes doigts puis remonta doucement vers le haut de ma main. La chaleur de son geste, délibéré ne ressemblait à aucune chose que je connaissais. C’était presque du plaisir à l’état pure. Ca l’aurait été si je n’avais pas eu peur. Je regardai son visage tandis qu’elle sentait la fraîcheur et la dureté de ma peau, toujours incapable de respirer.
        Un demi sourire se dessina à la commissures de ses lèvres.
        “Merci” dit-elle, plongeant son regard dans le mien “Ca fait deux fois maintenant.”
        Ses doux doigts se baladaient sur ma main, comme si elle trouvait cela plaisant.
        Je lui répondis aussi détendu que possible. “Essayons d’éviter une troisième occasion, d’accord?”
        Elle grimaça avant d'acquiescer.
        Je retirai mes mains des siennes. Aussi exquis que son toucher fut, je n’allais pas attendre que la magie de sa tolérance se transforme en dégout. Je cachai mes mains sous la table.
        Je lus ses yeux; malgré le silence de ses pensées, je pouvais percevoir de la confiance et des questionnements. Je réalisais alors qu’à ce moment précis, je voulais répondre à ses questions. Pas parce que je le lui devais. Pas parce que je voulais qu’elle ait confiance en moi.
        Je voulais qu’elle me connaisse.
        "Je t’ai suivit à Port Angeles,” lui dis-je, les mots sortant trop vite pour que je puisse les contrôler. Je savais le risque que je prendrais en lui disant la vérité. A tout moment, le calme artificiel pourrait se changer en hystérie. Mais bizarrement, cela me fit simplement parler plus vite. “C’est la première fois que je m'évertue à garder une personne en vie, ce qui est beaucoup plus difficile que je le supposais. Sans doute parce qu’il s’agit de toi. Les gens ordinaires, eux, ont l’air de traverser l'existence sans collectionner de catastrophes.”
        Je la regardai, en train d‘attendre.
        Elle sourit. La commissures de ses lèvres se souleva, et ses yeux chocolats se réchauffèrent.
       
    Je venais juste d’avouer que je la poursuivait, et elle souriait.
        “N’as tu jamais songé que peut-être mon heure était venue la première fois, avec le van,  et que tu avais influé sur le destin?”
    demanda-t-elle.
        “Ce n’était pas la première fois” dis-je les yeux rivés sur la table marron foncé, mes épaules courbées par la honte. J’avais fait tombé mes défenses, la vérité s’échappant. “La première c’était lorsque je t’ai rencontré”.
        C’était la vérité, et cela m’énervait. J’étais pour elle comme une épée de Damoclès posé au dessus de sa tête. C’était comme si un sort injuste est cruel l’avait marqué d’une croix pour que la mort vienne l’emporter - et comme j’avais été un outil désobéissant  - ce même sort continuait d’essayer de l'exécuter. J’essayais d’imaginer ce sort personnifié - une dégoûtante sorcière jalouse, une harpie vengeresse.
        Je voulais quelque chose, quelqu’un qui prenne tout le blâme pour cela - pour avoir quelque chose de concret à combattre. Quelque chose, quoi que ce soit à détruire, pour que Bella soit saine et sauve.
        Bella était très silencieuse; sa respiration s’était accélérée.
        Je la regardais de nouveau, sachant que j’allais finalement par voir la peur que j’attendais. Ne venais-je pas d’admettre que j’avais faillit la tuer? Plus que le van qui était passé à quelques centimètres d’elle. Et pourtant, son visage était toujours aussi calme, ses yeux toujours emplis d'intérêt.
        “Tu te souviens?” Elle devait forcément s’en souvenir.
        “Oui” dit elle, la voix grave. Ses grands yeux semblaient très conscients. Elle savait. Elle savait que je voulais la tuer.
        Et elle ne criais pas?
        “Et pourtant tu es assise là,” dis-je, faisant remarquer l'inhérente contradiction.
        “Et pourtant je suis assise là... à cause de toi.” Son expression changea, pour de la curiosité, tandis qu’elle changeait de sujet. “Parce que pour une raison que j’ignore, tu m’as trouvé...?”
        Une fois de plus j’arrivais à la limite de ses pensées protégées, ne pouvant les comprendre. Ca n’avait aucun sens pour moi. Comment pouvait elle se préoccuper du reste avec la sordide vérité juste devant ses yeux?
        Elle attendit, simplement curieuse. Sa peau pale, naturelle pour elle, mais toujours préoccupante. Son assiette était en face d’elle, elle n’y avait presque pas touché. Si je devais continuer à lui dire la vérité, il lui faudrait tout un buffet pour encaisser le choc.
        Je nommait mes condition ”Tu manges, je t’explique.”
        Elle y réfléchis pendant une demi seconde, puis fourra un ravioli à une vitesse incroyable. Elle attendait mes réponses plus que ses yeux ne le laissait voir.
        “Ca a été plus difficile que prévu - de te suivre à la trace, “ lui dis-je. “D’habitude, je trouve les gens facilement, une fois que j’ai lu leur pensée auparavant.”
        Je regardai son visage attentivement tandis que je lui disais cela. Voir juste était une chose, la confirmation en était une autre.
        Elle ne bougeait pas les yeux grands ouverts. Je sentis mes dents grincer tandis que j’attendais sa panique.
        Elle cligna juste des yeux, une fois, avala bruyamment, puis mis un autre bout dans sa bouche. Elle voulait que je continue.
        “Je gardai l’oeil sur Jessica,” je continuai, guetta l’effet de chacun de mes mots sur elle. “Pas très attentivement cependant - comme je te l’ai dit, toi seule pouvais te fourrer dans des ennuis à Port Angeles - “ Je ne pouvais pas m’échapper d’ajouter ça. Réalisait-elle que les autres vies humaines n’était pas étroitement liés à tant d'expériences potentiellement mortelles, ou se pensait-elle tout à fait normale? Elle était la chose la plus éloignée de la normalité que je n’avais jamais rencontré. “ Au début je n’ai pas remarqué que tu étais partie de ton côté. Quand j’ai réalisé  que tu n’étais plus avec elle, je t’ai cherché à la librairie que j’ai vu dans sa tête. J’ai su que tu n’y étais pas allée, et que tu étais partie vers le Sud... et que tu devrais faire demi tour rapidement. Donc je t’ai juste attendue, cherchant au hasard dans les pensées des gens qui marchaient dans la rue - pour voir si quelqu’un t’avais remarqué, et savoir où tu te trouvais. Je n’avais pas de raisons de m’inquiéter...mais j’étais bizarrement anxieux...” Ma respiration s’accéléra alors que je me souvenais de ma panique. Son parfum s’engouffra dans ma gorge et me rendit heureux. Cette douleur signifiait qu’elle était en vie. Tant que je brûlais, elle était en sécurité.
        “J’ai commencé à faire des cercles en voiture, toujours...à l’écoute.” J'espérai qu’elle comprendrai ce mot. Ca devait être tellement déconcertant pour elle. “Le soleil se coucha finalement, j’allais sortir pour te suivre à pied, et puis-”
        Le souvenir me saisit - très clair, et aussi vif que sur le moment - je sentis la même vague meurtrière naître en moi, me rendant de glace.
        Je le voulait mort. J’avais besoin qu’il meurt. Mes mâchoires se serrèrent tandis que  je me concentrai pour rester assis à table. Bella avait encore besoin de moi. C’est tout ce qui importait.
        “Et après?” chuchota-t-elle, ses yeux sombres grands ouverts.
        “J’ai entendu ce qu’ils pensaient” dis-je les dents serrés. Incapable de ne pas grogner. “J’ai vu ton visage dans son esprit.”
        Je pouvais à peine résister à mon envie de tuer. Je savais précisément où le trouver. Ses pensées sombres prisonnières de la nuit, m’appelant...
        Je cachai mon visage, sachant que mes expressions devaient être celles d’un monstre, un chasseur, un tueur. Je fixai son image derrière mes yeux clos essayant de me contrôler, me concentrant seulement sur son visage. Les délicats traits de ses os, sa peau pale et fragile - comme de la soie, incroyablement douce et sensible. Elle était trop vulnérable pour ce monde. Elle avait besoin d’un protecteur. Et pourtant, coup tordu du destin, j’étais la seule chose disponible.
        J’essayai d’expliquer ma réaction violente pour qu’elle me comprenne.
        “Ca a été très...dur - tu ne peux pas imaginer à quel point - pour moi de te sauver et de les laisser... vivants”, murmurai-je. “J’aurais pu te laisser partir avec Jessica et Angela, mais j’avais peur, une fois seul, de repartir les chercher.”
        Pour la deuxième fois ce soir, je luttai pour me contrôler. J’écoutais son coeur. Son rythme était irrégulier, mais il ralentit à mesure que le temps passait, jusqu’à ce que je sois calmé. Sa respiration aussi, était calme et douce.
        J’étais sur le point de craquer. Il fallait que je la ramène à la maison avant...
        Le tuerai-je alors? Allais-je devenir un meurtrier à nouveau, alors qu'elle avait confiance en moi? Y’avait-il un moyen de m’en empêcher?
        Elle avait promis de me faire part de sa dernière théorie lorsque nous serions seuls. Avais-je envie de la connaître? Cela me rendais anxieux, mais la récompense de ma curiosité serait-elle pire que de ne pas savoir?
        De toutes façons elle en avait déjà trop entendu pour ce soir.
        Je la regardai une nouvelle fois. Son visage était encore plus pale qu’avant, mais calme.
        “
    Est ce que tu es prête à partir?” demandai-je
        “Oui, on peux y aller”
    dit-elle, choisissant ses mots, comme si un simple “oui” n’avait pas exprimé exactement ce qu’elle voulait dire.
        Frustrant.
        La serveuse revenait. Elle avait entendue la dernière phrase de Bella tandis qu’elle déambulait à l’autre bout du restaurant, se demandant ce qu’elle pourrait me proposer de plus. J’aurais voulu lever les yeux au ciels a certains propositions qu’elle envisageait.
       
    “Tout s’est bien passé?” demanda-t-elle.
        “Très bien, peut-on avoir l’addition s’il vous plaît?”
    lui dis-je mes yeux rivés sur Bella.
        La respiration de la serveuse de figea un moment, complètement - pour reprendre le terme utilisé par Bella - éblouie par ma voix.
        Dans un soudain moment de lucidité, à l’écoute de ma voix, résonnant dans la tête de cette humain, je réalisais pourquoi je semblai être aussi attirant ce soir - loin de la peur que je provoquais habituellement.
        C’était à cause de Bella. En essayant d’être prudent avec elle, moins effrayant, pour un humain, j’avais vraiment perdu mon talent. Les autres humains voyaient seulement ma beauté maintenant, avec mon horreur sous-jacente, bien cachée.
        Je regardai la serveuse, attendant qu’elle se ressaisisse. C’était très comique, je le comprenais seulement maintenant.
        “Bien sur” bégaya-t-elle. “Voilà”.
        Elle me tendit l’addition, pensant au petit mot qu’elle glisserait dans mon reçu. Un mot avec son nom et son numéro de téléphone.
        Oui c’était très comique.
        J’avais un billet déjà prêt. Je lui rendais directement le reçu pour ne pas qu’elle perde son temps à attendre un coup de fil qu’elle n’aurait jamais.
        “Gardez la monnaie” lui dis-je, espérant que le pourboire que je lui laissai suffirait à calmer sa déception.
        Je me levai, suivit de prés par Bella. Je voulais lui prendre la main, mais je pensais que ce serait tenter le diable. Je remerciai la serveuse, mes yeux ne quittant jamais le visage de Bella. Elle semblait trouver la situation amusante elle aussi.
        Nous sortîmes du restaurant. Je marchais aussi prés d’elle que je le pouvais. Assez prêt en tout cas pour que la chaleur de son corps soi presque une caresse du côté gauche de mon corps.
        Alors que je lui tenais la porte, elle souffla doucement, je me demandai quel regret pouvait la rendre ainsi triste. Je fixais ses yeux, prêt à le lui demander, quand elle regarda le sol soudainement, l’air embarrassé. Cela me rendit curieux, même si je ne pouvais plus lui poser la question. Le silence entre nous continua lorsque je lui ouvrit la portière de la voiture, et montai à mon tour.
        Je mis le chauffage - les beaux jours étaient finis; le froid la gênait. Elle serra ma veste, un léger sourire sur les lèvres.
        J'attendrai, repoussant la conversation jusqu'à ce que les lumières des lampadaires disparaissent. Je me sentais plus seule avec elle.
        Etait-ce le bon moment? Maintenant je me concentrai seulement sur elle, et la voiture paraissait bien petite. Son odeur se répandait avec l’effet du chauffage, devenant de plus en plus fort. Son parfum devant presque une troisième personne prenant place dans l’habitacle. Une présence qui cherchait de l’attention.
        Il avait toute mon attention, il me brûlait. c’était toutefois supportable. Cela me semblait bizarrement approprié. J’avais beaucoup donné ce soir - plus que je n’avais prévu. Et elle était là, délibérément à mes côté. Je devais sacrifier quelque chose pour cela. Une brûlure.
        Si seulement ça ne pouvait être que ça. Une brûlure et c’est tout. Mais le venin emplit ma bouche, et mes muscles se bandèrent , comme si j’allais chasser.
        Je devais arrêter de penser à ce. et je savais ce qui m’en distracterai.
        “Alors” lui dis-je, la crainte de sa réponse surpassant la brûlure. “A ton tour maintenant.”
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  • Chapitre 8 : Fantôme<o:p></o:p>

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    Je ne vis pas beaucoup les invités de Jasper durant ces deux jours ensoleillés où ils étaient à Forks. Je retournai juste de temps en temps à la maison pour qu'Esmée ne s'inquiète pas. Le reste du temps, mon existence s'apparentait plus à celle d'un spectre plutôt qu'à celle d'un vampire. Je glissais, tapis dans l'ombre, là où je pouvais suive l'objet de mon amour et de mon obsession – là où je pouvais la voir et l'entendre par le biais des esprits de ces humains qui ne réalisaient pas la chance qu'ils avaient de pouvoir marcher à côté d'elle sous le soleil, leur mains s'effleurant parfois pas accident. Elle ne réagissait jamais lorsqu'eux la touchaient : leurs mains étaient aussi chaudes que les siennes.

    Sécher les cours n'a jamais été une telle épreuve. Cependant Bella semblait apprécier ces moments ensoleillés, ce qui me permit de les supporter un peu plus. Tout ce qui rendait Bella heureuse était dans mes bonnes grâces.

    Lundi matin, j'espionnai une conversation potentiellement dévastatrice pour mon assurance aussi bien que pour ma patience. Lorsque la discussion se termina enfin, elle avait au contraire donné un sens à ma journée.

    Il fallu que j'octroi un minimum de respect à ce Mike Newton : il n'avait pas simplement abandonné en partant la queue entre les jambes penser ses plaies. Il était plus courageux que je ne l'avais cru. Il repartait à la charge.

    Bella arriva en avance au lycée en avance, et semblant avoir la ferme intention d'apprécier le soleil tant qu'il serait là, elle s'assit à l'un des bancs utilisés – très rarement – pour les pique-niques, en attendant que la première sonnerie retentisse. Chose inattendue, ses cheveux au soleil prirent des reflets roux.

    Mike la trouva là, en train de gribouiller à nouveau, et loua sa bonne chance.

    C'était une telle agonie d'être là, seulement capable de regarder, impuissant, emprisonné par le soleil dans cette forêt sombre.

    Elle le salua avec assez d'enthousiasme pour le rendre optimiste, et moi le contraire.

    Tu vois, elle m'aime bien. Elle ne sourirait pas comme ça sinon. Je parie qu'elle voulait aller au bal avec moi. Je me demande ce qui est si important à Seattle...

    Il remarqua le changement dans ses cheveux.

    - Je ne l'avais encore jamais remarqué, mais tes cheveux ont des reflets roux.

    Je déracinais par accident le jeune épicéa sur lequel ma main était posée lorsqu'il prit au vol une mèche de ses cheveux entre ses doigts.

    - Seulement quand il y a du soleil. Dit-elle.

    A ma grande satisfaction, elle eu un mouvement de recul lorsqu'il replaça la mèche derrière son oreille.

    Cela prit une minute entière à Mike pour rassembler tout son courage, gaspillant son temps en parlant.
    Elle lui rappela le thème de la dissertation que nous devions faire pour Mercredi. Vu le léger air suffisant qu'elle arborait, le sien était déjà terminé. Lui, l'avait totalement oublié, et cela lui diminua encore plus son temps libre.

    Punaise ! Fichue dissertation.
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    Enfin, il arrêta de tourner autour du pot – mes dents se serrèrent si fort qu'elles auraient pulvérisées su granit – mais même là, il ne pu pas se résoudre à formuler sa demande en une véritable question.

    - Je comptais t'inviter à sortir.
    - Oh. Dit-elle.

    Il y eu un petit silence.

    « Oh ? » Qu'est-ce que je dois comprendre ? Est-ce qu'elle va dire oui ? Attends – je suppose que je n'ai pas vraiment demandé.

    Il déglutit avec difficulté.

    - Tu sais, on pourrait aller diner quelque part...je bosserai après.

    Crétin ! Ce n'était toujours pas une question.

    - Mike...

    L'agonie et la fureur de ma jalousie étaient au moins aussi puissantes que la semaine dernière. Je brisai un autre arbre en essayant de m'y accrocher. Je désirai tant traverser la cour en courant si vite qu'aucun œil humain ne pourrait me voir et l'attraper au vol, la voler pour l'éloigner de ce garçon qu'en cet instant j'haïssais à un tel point que j'aurais pu le tuer et aimer ça.

    Allait-elle lui dire oui ?

    - Je ne crois pas que ce serait une très bonne idée.

    Je respirai à nouveau. Mon corps de pierre se détendit.

    Seattle n'était qu'un prétexte, après tout. Je n'aurais pas du demander. Mais à quoi est-ce que je pensais ? Ma main à couper que c'est encore ce monstre...Cullen...

    - Pourquoi ? Demanda-t-il soudainement.
    - Parce que...et si jamais tu répète ce que je vais te dire je te jure que je t'étranglerai avec joie...

    Je ris à haute voix l'entendant proférer des menaces de mort. Un petit écureuil s'arrêta, me regarda, et fila à toute vitesse.

    - A mon avis, ce serait blessant envers Jessica.
    - Jessica ? Quoi ? Mais...Oh. Okay. Je suppose que...Alors...Hein ?

    A partir de ce moment, ces pensées cessèrent d'être claires.

    - Franchement, Mike, tu es aveugle ou quoi ?

    J'étais tout à fait d'accord avec elle. Elle ne pouvait pas exiger de tout le monde d'être aussi perspicace qu'elle, mais ça, c'était du domaine de l'évidence. Etait-ce parce qu'il était si obnubilé par Bella qu'il ne voyait pas combien ce serait facile pour lui de sortir avec Jessica ? Ce devait-être l'égoïsme qui le rendait aveugle à son entourage. Et Bella était si peu égoïste qu'elle voyait tout.

    Jessica. Hein ? Wow. Heu...

    - Oh ! Réussi-t-il a articuler.

    Bella tira profit de sa confusion pour filer à l'anglaise.

    - Il est l'heure d'aller en cour, et je ne peux pas me permettre d'être en retard une nouvelle fois.

    L'esprit de Mike commença à devenir moins fiable. Il trouva, a force de penser à Jessica, que l'idée qu'il ne la laissait pas indifférente lui plaisait. Ce n'était qu'un lot de consolation, cependant.

    Elle est mignonne...je suppose. Un physique décent. Un oiseau dans la main...

    Puis il s'abîma dans une série de fantasmes au moins aussi vulgaires que ceux qu'il nourrissait à l'égard de Bella, mais ceux là ne faisait que m'irriter, la colère n'était pas aussi forte. Comme il la méritait si peu ! Pour lui, toutes ces filles étaient interchangeables. Néanmoins, je restai dans sa tête.

    Lorsqu'elle disparu de mon champs de vision, je grimpai le long du tronc glacé d'un énorme arbre et dansai d'esprit en esprit, pour ne pas la perdre de vue, toujours content de voir que l'esprit d'Angela Weber était disponible. J'espérais pouvoir un jour remercier Weber pour sa gentillesse, de quelque manière que ce soit. Ca me soulageait de penser que Bella avait au moins une amie qui la méritait.

    Je pu voir le visage de Bella sous tous les angles, et je vis qu'elle était à nouveau triste. Cela me surprit – moi qui croyais que la seule présence du soleil suffirait à la rendre de bonne humeur. A la cantine, je la vis regarder de temps en temps la table vide des Cullen, et cela me ravi et me gonfla d'espoir. Peut-être que je lui manquais aussi.

    Elle avait prévu de sortir avec plusieurs autres filles – je prévu automatiquement de les suivre pour la surveiller – mais leurs plans furent reporté quand Mike invita Jessica au diner qu'il avait prévu au départ de partager avec Bella.

    Du coup, je me dirigeai immédiatement chez elle, ratissant rapidement la zone pour vérifier que personne de dangereux ne se promenait dans les environs. Je savais pertinemment que Jasper avec avertit son frère d'autrefois d'éviter la ville – utilisant ma folie en puissance comme explication et comme avertissement – mais je ne voulais rien laisser au hasard. Peter et Charlotte n'avaient pas l'intention de provoquer la moindre tension entre eux et ma famille, mais les intentions sont des choses qui changent...

    Bon, d'accord, j'en faisais trop. Je le savais.

    Comme si elle savait que je la regardais, comme si elle ressentait de la pitié pour l'agonie que je ressentais lorsque je ne pouvais pas la voir, Bella sortit dans le jardin derrière chez elle, après avoir passé une longue heure à l'intérieur. Elle avait un livre dans sa main et un plaid sous le bras.

    Silencieusement, je grimpai sur la branche la plus haute de l'arbre le plus proche, surplombant le périmètre.

    Elle étala le plaid sur l'herbe humide, puis s'allongea à plat ventre dessus et commença à feuilleter le livre usé, comme si elle essayait de retrouver sa page. Je lu par-dessus son épaule.

    Ah...encore des classique. C'était une fan d'Austen.

    Elle lisait vite, croisant et recroisant ses chevilles dans les airs. Je regardais le soleil et le vent jouer avec ses cheveux quand soudain son corps se raidit, et sa main se figea sur la page. Tout ce que je constatai, c'était qu'elle était presque arrivée au chapitre trois quand elle se saisit d'un grand nombre de pages qu'elle tourna.

    Je jetai un coup d'œil à la page qu'elle lisait à présent – une page de titre, Mansfield Park. Elle commençait une nouvelle histoire, le livre était une compilation des romans. Je me demandai pourquoi elle avait si brutalement changé d'histoire.

    Un petit moment plus tard, elle ferma brutalement le livre d'un air irrité. Avec un air franchement renfrogné, elle repoussa le livre et se retourna sur le dos. Elle prit une profonde inspiration, comme pour se calmer, retroussa ses manches et ferma les yeux. Je me remémorai le roman, mais je n'y trouvais rien susceptible de l'offenser. Un autre mystère. Je soupirai.

    Elle resta presque parfaitement immobile, ne bougeant qu'une fois, pour écarter une mèche de ses cheveux égarée sur son visage. Sa chevelure volait dans le vent autour de ses cheveux, rivière de crème de marron. Et elle restait immobile.

    Sa respiration se ralentit. Après quelques longues minutes, ses lèvres commencèrent à trembler. Marmonnant dans son sommeil.

    Impossible de résister. J'écoutai aussi loin que possible, attrapant tout, même les voix du voisinage.

    Deux cuillères à soupe de farine...une tasse de lait...
    Allez ! C'est ça, au panier vite ! Allez !
    Rouge, ou bleu...ou peut-être devrais-je mettre quelque chose de plus naturel...


    Il n'y avait personne dans les environ. Je sautai au sol, atterrissant sur la pointe des pieds.

    C'était très mal, très risqué. Combien j'avais jadis été condescendant avec Emmett juger ses manière déraisonnable et Jasper son manque de discipline – et maintenant me voilà en train de consciencieusement violer toutes les lois avec le même abandon sauvage qu'eux comme si ce n'était rien. Moi qui m'étais habitué à être l'adulte responsable de la bande.

    Je soupirai, et pourtant me glissai dans la lumière du soleil.

    J'évitai de me regarder sous les rayons du soleil. C'était déjà assez horrible que ma peau inhumaine semble de pierre dans l'ombre, je ne voulais pas me voir à côté de Bella à la lumière du soleil. Le fossé qui nous séparait était déjà insurmontable, et bien assez douloureux pour que je puisse vouloir de cette image dans ma tête.

    Néanmoins, je ne pu ignorer le scintillement des arcs-en-ciel qui se reflétaient sur sa peau quand je me rapprochai. A cette vue, mes mâchoires se verrouillèrent. Se pouvait-il que je sois devenu encore plus monstrueux ? J'imaginai sa terreur si elle ouvrait les yeux, là maintenant...

    J'allais repartir, mais elle se remit à marmonner.

    - Mmm...Mmm.

    Rien d'intelligible. Tant pis, j'allais attendre.

    Avec prudence, je lui volai son livre, étendant mon bras et retenant ma respiration quand j'étais proche, au cas où. Je recommençais à respirer lorsque je fus à au moins un mètre d'elle, goûtant le changement qu'opéraient le soleil et l'air frai dans son odeur. La chaleur semblait rendre son arôme plus attrayant encore. Ma gorge s'enflamma de désir, le feu nouveau rendu plus fort par le fait que j'étais resté trop longtemps éloigné d'elle.

    Je pris un moment pour me concentrer et pour contrôler la sensation – me forçant à respirer par le nez – et laissai le volume s'ouvrir tout seul dans mes mains. Elle avait commencé avec le premier livre...le feuilletai rapidement les pages du livre jusqu'au troisième chapitre de Raison et Sentiments, à la recherche de quelque chose dans la prose rigoureusement polie de Jane Austen qui aurait pu la blesser.

    Quand mes yeux s'arrêtèrent automatiquement sur mon nom – le personnage Edward Ferrars que l'on présentait pour la première fois – Bella parla à nouveau.

    - Mmm. Edward. Soupira-t-elle.

    Cette fois-ci je n'eu pas peur de l'avoir réveillée. Sa voix n'était qu'un murmure calme aux accents mélancoliques. Rien à voir avec le hurlement de terreur qu'elle aurait poussé si elle m'avait vu.

    Ma joie était en guerre avec mon dégoût de moi-même. Au moins, elle rêvait de moi.

    - Edmund. Ah ! Trop...proche...

    Edmund ?

    Ha ! Elle ne rêvait pas du tout de moi, réalisai-je sombrement. Mon dégoût de moi-même gagna la bataille. Elle rêvait des personnages du livre ! Un coup dur pour mon égo.

    Je replaçai le livre, et retournai dans l'ombre – le lieu auquel j'appartenais.

    L'après-midi passa tandis que je restai là à la regarder, me sentant toujours aussi sans défense, alors que le soleil se couchait peu à peu et que les ombres gagnaient du terrain sur la pelouse, allant dans sa direction. Je voulais le repousser, mais on ne pouvait empêcher le soleil de se coucher, c'était inévitable : les ténèbres l'engloutirent. Quand la lumière n'était plus là, sa peau avait l'air trop pâle – fantomatique. Ses cheveux s'assombrissaient, leur couleur d'approchant du noir en contraste avec son visage translucide.

    C'était une chose effrayante à regarder – comme assister impuissant à la réalisation des visions d'Alice. Le cœur de Bella, aux battements réguliers et puissants étaient la seule chose qui me rassurait dans ce cauchemar.

    L'arrivée de son père fut un véritable soulagement.

    Je pu percevoir des bribes de pensée venant de lui alors qu'il descendait la rue qui menait à sa maison. Quelques ennuis...des évènements passés, en rapport avec sa journée de travail. Il y avait aussi quelque chose qu'il attendait, mêlé à de la faim – je supposai donc qu'il attendait le diner avec impatience. Mais ses pensées étaient si calmes et contenues que je n'étais pas certain de supposer juste ; je ne comprenais que l'essentiel.

    Je me demandai quel son devaient bien faire les pensées de sa mère – quel combinaison de codes génétiques avaient pu produire un être si unique.

    Bella commença à se réveiller, puis s'assit brutalement quand elle entendit les pneus de la voiture de fonction de son père sur le béton de la place de parking. Elle regarda autour d'elle, rendue confuse par les ténèbres qui s'étendaient soudain autour d'elle certainement. Pendant un court instant, ses yeux rencontrèrent les miens, cachés dans l'ombre, mais elle ne me débusqua pas, et détourna très vite le regard.

    - Charlie ? Demanda-t-elle d'une petite voix en continuant de fouiller le bois des yeux.

    Sa portière claqua et elle tourna la tête en direction du bruit. Elle se leva rapidement et rassembla ses affaires, jetant un dernier coup d'œil à la forêt.

    Je me déplaçai jusqu'à atteindre un arbre plus proche de la fenêtre de derrière, près de la petite cuisine, et écoutai le déroulement de leur soirée. C'était intéressant de comparer la conversation de Charlie à ses pensées étouffées. Il débordait intérieurement d'amour et d'inquiétude pour sa fille unique, mais quand il s'agissait de parler, ce n'était que de banalité et encore, avec concision. La plupart du temps, ils cohabitaient dans un silence de bonne compagnie.

    Je l'entendis parler de son projet d'aller à Port Angeles le soir suivant, et de mon côté je prévoyais à nouveau d'être de la partie. Jasper n'avait pas interdit à Peter et Charlotte l'accès à Port Angeles. Même si je savais qu'ils avaient chassés récemment, et que de toute manière ils n'avaient pas l'intentions de chasser dans les alentours de notre maison, j'allais veiller sur elle, juste au cas où. Après tout, le monde était plein de vampire. Sans oublier tous les innombrables dangers qu'elle risquait et que je n'avais jusqu'alors jamais considéré.

    Je l'entendis demander à son père de la laisser préparer le diner toute seule, et souriais en entendant la preuve de ma théorie – oui, elle était une maîtresse de maison.

    Puis je partis, sachant pertinemment que je ne tarderais pas à revenir.

    Je ne ferais pas intrusion dans sa vie privée en voyeur. J'étais là pour sa protection, pas pour la mater comme Mike Newton le ferait sans doute, en imaginant qu'il soit capable de grimper au sommet d'un arbre comme moi. Je ne la traiterais jamais si grossièrement.

    A mon retour la maison était vide, ce qui me convenait parfaitement. Les réflexions confuses et désobligeantes sur l'état de ma santé mentale ne me manquaient pas le moins du monde. Emmett avait cependant laissé un mémo dans le hall d'entrée.

    Foot dans le champ des Rainier : Allez ! S'il-te-plait ?

    Je dénichai un stylo et griffonnai le mot « Désolé » en dessus de sa demande. De toute façon, même sans moi, les équipes seraient au complet.

    Je partis chasser un peu, me contentant du minimum, ne chassant que le gibier – alors que les chasseurs étaient bien meilleurs – puis rentrai me changer avant de retourner en courant à Forks.

    Bella ne dormit pas très bien cette nuit là. Elle se débattit dans ses couvertures, son visage exprimant tantôt l'anxiété, tantôt la tristesse. Je me demandai quel cauchemar la hantait...et réalisai qu'il valait peut-être mieux que je ne sache pas.

    Quand elle parlait, c'était bien souvent pour marmonner des choses désobligeantes sur Forks d'une voix sombre. Une fois, elle soupira le mot « Reviens » et sa main s'ouvrit – une supplique tacite – et à ce moment là j'espérai qu'elle était en train de rêver de moi.

    Le jour suivant – c'était enfin le dernier jour où le soleil me retiendrai prisonnier – fut semblable à son prédécesseur. Bella semblait encore plus triste que la veille, et je me demandai si elle aller annuler ses plans – puisqu'elle ne semblait pas d'humeur.

    Mais, comme c'était Bella, elle allait sûrement faire écho à l'enthousiasme de ses amies comme si c'était le sien.

    Ce jour là elle porta un chemisier d'un bleu profond, une couleur qui mettait parfaitement son teint en valeur, lui donnant des airs de crème fraiche.

    Une fois les cours terminés, Jessica accepta le prendre tout le monde en voiture – Angela était de la partie, ce qui me rassura.

    Je rentrai chez moi pour aller chercher ma voiture. Lorsque je vis que Peter et Charlotte y étaient, je décidai de donner aux jeunes filles une heure ou deux d'avance. Je n'aurais jamais été capable des suivre, car j'aurais été obligé de respecter les limitations de vitesses – une idée horrifiante.

    J'entrai par la porte de la cuisine, opinant vaguement lorsqu'Esmée et Emmett me saluèrent et passant devant tout le monde pour atteindre le hall en me dirigeant droit vers le piano.

    Eurk...il est de retour...

    Rosalie, évidemment.

    Ah, Edward...Je déteste quand il souffre autant. La joie d'Esmée devenait mitigée par son inquiétude. Il faut dire qu'elle avait de quoi être inquiète. Cette romance qu'elle imaginait me concernant tirait un peu plus sur la tragédie chaque jour.

    Amuse-toi bien à Port Angeles ce soir. Pensa gaiement Alice. Préviens-moi quand je pourrais parler à Bella.

    Tu es pathétique. Je n'arrive pas à croire que tu ais refusé la partie d'hier soir juste pour regarder quelqu'un dormir. Grommela Emmett.

    Jasper ne daigna pas m'adresser la moindre pensée, même quand la chanson que je jouais résonna de manière un peu plus impétueuse que ce à quoi je m'attendais. C'était un vieux morceau, avec un thème qui m'était bien familier : l'impatience. Jasper faisait ses adieux à ses amis, lesquels me dévisageait avec curiosité.

    Quelle étrange créature. Pensa Charlotte, une vampire de la taille d'Alice avec des cheveux d'or blanc. Lui qui était tellement agréable la dernière fois qu'on s'était vu.

    Les pensées de Peter étaient parfaitement synchronisées aux siennes, ce qui était généralement le cas.

    Ce doit être les animaux. La carence en sang humains les rend cinglé parfois, ça arrive. En conclu-t-il.

    Ses cheveux étaient aussi clairs que les sien, et presque aussi long. Tous deux étaient très similaires – sauf pour ce qui était de la taille, lui étant presque aussi grand que Jasper – physiquement et mentalement. J'ai toujours pensé qu'ils faisaient bien la paire.

    Au bout d'un moment, tout le monde – sauf Esmée – arrêta de penser à moi et je me mis à jouer d'un ton plus feutré pour ne pas attirer l'attention.

    Je ne prêtai pas attention à eux pendant un long moment, laissant juste la musique me distraire de mon malaise. C'était extrêmement difficile de faire sortir la fille de mon esprit. Je ramenai mon attention à eux lorsque les adieux touchaient à leur terme.

    - Si vous revoyez Maria, dit Jasper avec une once de méfiance dans la voix, transmettez-lui mes salutations.

    Maria était le vampire qui avait créé Jasper et Peter – Jasper dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, et Peter plus récemment, dans les années quarante. Elle ne revit Jasper d'une fois lorsque nous étions à Calgary. Ca avait été une visite plutôt mouvementé – si bien que nous avions dû partir immédiatement. Jasper avait donc demandé poliment à ce qu'elle garde ses distances dans l'avenir.

    - Je ne pense pas que cela arrivera bientôt. Dit Peter en riant.

    Maria était indéniablement dangereuse, et puis il n'y avait pas le moindre amour entre elle et Peter. Après tout Peter n'avait été qu'un instrument pour se débarrasser de Jasper. Jasper avait toujours été le préféré de Maria ; détail si mineur qu'elle avait même tenté de le tuer.

    - Mais si cela venait à se produire, termina-t-il, je le ferais.

    Ils serrèrent leurs mains et commencèrent à préparer leur départ. Je laissai le morceau que j'étais en train de jouer en plan et me levai brusquement.

    - Charlotte, Peter. Dis-je avec un signe de tête.
    - Ce fut bon de te revoir, Edward. Répondit Charlotte sans cacher ses doutes tandis que Peter se contentait de me retourner mon signe de tête.

    Malade. Me lança Emmett.

    Crétin. Pensa Rosalie en même temps.

    Pauvre ange. Fit Esmée.

    Et Alice, sur un ton de réprimande : Ils se dirigent vers l'Est, vers Seattle. A des kilomètres de Port Angeles. Et elle me le prouva par sa vision.

    Je fis comme si je n'avais rien entendu. Mes excuses étaient déjà assez lamentables comme cela.

    Une fois dans ma voiture, je me sentis plus détendu ; le ronronnement vigoureux de la voiture que Rosalie avait boosté pour moi – l'année dernière, quand elle était de meilleure humeur – était agréable. C'était agréable d'être sur la route, de savoir qu'à chaque kilomètre que mes pneus laisser glisser derrière eux, je me rapprochais de Bella.
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    Chapitre 7 Mélodie<o:p></o:p>




    Lorsque je retournai au lycée, je dû attendre un moment. La dernière heure n'était pas encore totalement terminée. Cela n'était pas pour me déplaire, car j'avais grand besoin d'un moment de solitude pour réfléchir.

    Son odeur s'attardait dans la voiture. Je gardais volontairement la fenêtre fermée, laissant les effluves m'attaquer, essayant de m'accoutumer à l'impression que j'avais de m'automutiler ainsi.

    Attirance.

    C'était là quelque chose d'assez problématique à envisager. Ce sentiment avait tellement de facettes, tellement de significations différentes et de degrés d'intensité. C'était différent de l'amour, mais ça s'en approchait.

    J'ignorais totalement si Bella se sentait attirée par moi ou pas. (Son silence mental avait-il l'intention de devenir de plus en plus frustrant jusqu'à m'en rendre fou, où me rapprochai-je de la limite ?)

    J'essayai de comparer ses réactions physiques à celles des autres, comme la secrétaire ou Jessica Stanley, sans résultat. Les mêmes symptômes – évolution du rythme cardiaque et de la respiration – pouvaient très bien s'appliquer tout aussi bien s'appliquer à l'intérêt qu'à la peur, au choc ou à l'anxiété. Par ailleurs, il semblait très peu probable que Bella puisse avoir les mêmes pensées que Jessica Stanley. Après tout, Bella savait parfaitement qu'il y avait quelque chose de monstrueux en moi, même si elle ne savait pas exactement ce que c'était. Elle avait touché ma peau de glace, et l'instant suivant avait dégagé sa main.

    Pourtant...maintenant que je repensais à ces fantasmes qui m'avaient tant écœurés, si j'imaginais Bella à la place de Jessica...

    Ma respiration s'accéléra, faisant monter et descendre le feu dans ma gorge écorchée.

    Et si ça avait été Bella qui m'avait imaginé avec mes bras enlaçant son corps fragile ? Me sentant la serrer étroitement contre mon torse, puis mettre ma main sous son menton ? Ecarter d'une caresse une mèche sombre de son visage rougissant ? Dessiner les contours de ses lèvres avec le bout de mes doigts ? Approcher mon visage du sien, jusqu'à être en mesure de sentir son haleine brûlante sur ma bouche ? M'approcher encore...

    Mais à ce moment là je m'arrachai à ce rêve éveillé, sachant pertinemment, tout comme je l'avais su lorsque Jessica avait imaginé cette scène, ce qu'il se passerait si je m'approchais encore plus d'elle.

    Ce problème était insoluble, car pour ma part, je ressentais pour Bella une attirance de la pire espèce.

    Voulais je que Bella ressente de l'attirance à mon égard, comme une femme envers un homme ?

    Ce n'était pas la bonne question. La bonne question aurait été : Devrais-je vouloir que Bella ressente cela, et la réponse était non. Parce que je n'étais pas humain, et que ce ne serait pas juste pour elle.

    De tout mon être, je désirais ardemment être un homme normal, pour pouvoir la serrer contre moi sans risquer de la tuer. Pour pouvoir laisser libre cour à mes propres fantasmes, fantasmes qui ne se termineraient pas avec son sang sur mes mains, avec son sang dans mes yeux.

    Avoir des vues sur elle était proprement inexcusable. Quel genre de relation pouvais-je lui offrir, si je ne pouvais même pas prendre le risque de la toucher ?

    Je plongeai mon visage sans mes mains.

    Ma confusion était d'autant plus grande que de toute ma vie jamais je ne m'étais sentis aussi humain – pas même lorsque j'étais humain, pour autant que je pouvais m'en souvenir. Lorsque j'étais humain, toutes mes pensées étaient tournées vers la gloire militaire. <st1:personname productid="La Grande Guerre" w:st="on">La Grande Guerre</st1:personname> avait fait rage durant une grande partie de mon adolescence, et j'étais à peine à neuf mois de mon dix-huitième anniversaire que la grippe espagnole me prit...il ne me reste plus que de vagues impressions de ces années d'humanité, des souvenirs troubles qui s'étaient affadis un peu plus à chaque décennie. Je me souvins plus précisément de ma mère et une ancienne douleur me prit lorsque je revis son visage. Je me rappelai combien elle haïssait ce future auquel je me destinais, priant chaque soir lorsqu'elle disait les grâce à table pour que cette « horrible guerre » prenne fin...je ne me souvenais pas avoir connu une autre forme de tendresse. En dehors de l'amour de ma mère, aucun autre amour ne me retenait là où j'étais...

    C'était totalement nouveau pour moi. Aucune comparaison possible, aucun parallèle.

    L'amour que je ressentais pour Bella était venu en toute chasteté, mais à présent cette pureté était souillée. Je désirais la toucher. Ressentait-elle la même chose ?

    Cela n'avait pas d'importance, essayai-je de me convaincre.

    Je regardai mes mains blanches, haïssant leur dureté, leur froideur, leur force inhumaine...

    Lorsque la portière côté passager s'ouvrit, je sursautai.

    Haha ! Prit par surprise : une première ! Pensa Emmett en se glissant sur le siège.

    - Je parie que Mme Goff pense que tu es drogué, tu as été si irrégulier ces derniers temps. Où étais-tu aujourd'hui ?
    - Je...faisais une bonne action.

    Hein ?

    - Défendre la veuve et l'opprimé, riais-je. Ce genre de choses.

    Cela aggrava sa confusion, puis il inhala l'odeur dans la voiture.

    - Oh. Encore elle ?

    Je grimaçai.

    Ca devient vraiment bizarre.

    - Je ne t'ai pas demandé ton avis. Grommelai-je.

    Il prit une nouvelle inspiration.

    - Hmm, elle sent vachement bon, pas vrai ?

    Il n'avait même pas fini sa phrase qu'un grognement s'échappa déjà de mes lèvres, une réponse instinctive.

    - Doucement, gamin ! Je constate, c'est tout.

    A ce moment là, les autres arrivèrent. Rosalie remarqua l'odeur et me lança un regard mauvais, toujours aussi irrité. Je me demandai quel était son problème, mais tout ce que je pouvais entendre venant d'elle étaient des insultes.

    Je n'appréciai pas non plus la réaction de Jasper. A l'instar d'Emmett, il aima l'odeur de Bella. Non pas que l'arôme eut sur eux le millième de l'effet qu'il me fit, mais il n'empêchait qu'ils le trouvaient à leur goût et cela ne me plaisait pas. Jasper ne savait pas se contrôler...

    Alice bondit à côté de moi et tendit la main, dans l'attente des clés de la camionnette de Bella.

    - J'ai seulement vu que je le faisais. Dis-elle, obscure comme à son habitude. Mais il va falloir que tu m'explique.
    - Cela ne veut pas dire que...
    - Je sais, je sais. J'attendrais. Ce ne sera plus très long.

    Je soupirai et lui tendis les clés.

    Je la suivis chez Bella. La pluie tombait comme des gouttes de plomb, si bruyamment que les oreilles humaines de Bella ne purent peut-être pas entendre le vacarme que produisait son engin. Je regardai la fenêtre, mais elle ne se montra pas. Peut-être n'était elle pas là. Il n'y avait aucunes pensées à entendre.

    Cela me rendait triste que je ne puisse même pas en entendre assez pour vérifier qu'elle était là – qu'elle était heureuse, ou au moins qu'elle était saine et sauve.

    Alice entama le chemin de retour et nous courûmes jusque chez nous. La route était vide, alors ça ne prit que quelques minutes. Tous rassemblés à la maison, nous nous adonnâmes à nos passe-temps favoris.

    Emmett et Jasper était au milieu d'une partie d'échec élaborée, utilisant huit échiquiers mis les uns à côté des autres – sur toute la longueur du mur du fond – ainsi que leur propres règles des plus compliquées. Ils ne me laisseraient pas jouer ; seule Alice acceptait de jouer avec moi désormais.

    Alice s'installa à son ordinateur dans un coin et j'entendis l'interface musicale indiquant que ses moniteurs s'allumaient. Alice travaillait sur un projet de design pour la garde-robe de Rosalie, mais cette dernière ne vint pas la rejoindre aujourd'hui, elle ne vint pas se poster derrière elle pour effectuer elle-même des retouches tandis que la main d'Alice dessinait sur les écrans tactiles (Carlisle et moi avions dû un peu trafiquer le système, étant donné que la plupart des écrans de ce genre répondaient à des stimulations thermiques. Non, aujourd'hui Rosalie s'étala d'un air maussade sur le canapé et commença à faire défiler sur l'écran plat vingt chaines par secondes, sans s'arrêter. Je pouvais l'entendre se demander si elle devait aller dans le garage pour régler une fois de plus sa BMW.

    Esmée était à l'étage, fredonnant tout en s'attaquant à une nouvelle série de patrons.

    Alice dressa la tête pendant un moment en regardant l'échiquier et informa silencieusement Jasper du prochain coup d'Emmett – qui était assit par terre, lui tournant le dos. C'est en gardant son expression parfaitement calme et détendue que Jasper prit le cavalier fétiche d'Emmett.

    Quant à moi je m'avançai, pour la première fois depuis si longtemps que j'en avais honte, du sublime piano positionné juste devant le hall d'entré. Je fis courir ma main sur la bascule, testant le ton. Il était toujours aussi parfaitement accordé.

    A l'étage, Esmée arrêta ce qu'elle était en train de faire et dressa l'oreille.

    Je débutai le premier thème de l'air qui s'était imposé à mon esprit dans la voiture cet après-midi, heureux de constater que ça sonnait encore mieux que je ne l'avais imaginé.

    Edward s'est remit à jouer, pensa joyeusement Esmée, un sourire traversant son visage. Elle se leva de son bureau et fila silencieusement vers le palier.

    J'ajoutai un thème d'harmonie, laissant la mélodie principale se faufiler dedans.

    Esmée laissa échapper un soupir d'aise, s'assit en haut des marches, et appuya sa tête contre la rampe.

    Une nouvelle chanson. Ca faisait si longtemps. Quel adorable morceau.Je laissai la mélodie se diriger dans une nouvelle direction, la suivant avec la clef de fa.

    Edward se remet à composer ? Pensa Rosalie, et ses dents grincèrent de ressentiment.

    A ce moment là, elle céda, et je pu voir ce qui se tramait derrière sa colère. Je vis pourquoi elle était si énervée contre moi ces derniers temps. Et pourquoi assassiner Isabella Swan n'aurait pas du tout troublé sa conscience, bien au contraire.

    Avec Rosalie, c'était toujours une affaire d'orgueil.

    La musique s'arrêta soudain, et j'éclatai de rire avant de pouvoir ne serait-ce que songer à me retenir, un rire que je métrisai vite en plaquant ma main sur ma bouche.

    Rosalie se tourna pour me fixer, ses yeux brillant d'un chagrin furieux.

    Emmett et Jasper se tournèrent aussi pour regarder, et je pu entendre la confusion d'Esmée. Elle fut au rez-de-chaussée en un éclair, s'arrêtant pour nous regarder alternativement, Rosalie et moi.

    - Ne t'arrête pas, Edward. M'encouragea Esmée après un moment tendu.

    Je recommençai à jouer, tournant le dos à Rosalie tout en essayant à grand peine de maîtriser le large sourire fixé à ma figure. Rosalie sauta sur ses pieds et sortit à grand pas de la pièce, plus en colère que gênée. Mais certainement assez gênée.

    Dis un mot à propos de ça et je te jure que je te chasse comme un chien.

    J'étouffai un nouveau rire.

    - Qu'est-ce qu'il y a Rose ? L'appela Emmett. Rosalie ne se retourna pas. Elle continua son chemin, raide comme un piquet, jusqu'au garage où elle se glissa sous sa voiture comme pour s'y enterrer.

    - Qu'est-ce qu'il se passe ? Me demanda Emmett.

    - Je n'en ai pas la moindre idée, mentis-je.

    Emmett ronchonna, frustré.

    - Continue à jouer. Exigea Esmée alors que mes mains s'étaient à nouveau arrêtées.

    J'obéis, et elle vint se tenir derrière moi, posant ses mains sur mes épaules.

    La chanson se complétait sans s'achever. Je jouai avec un pont, mais quelque part cela ne me semblait pas juste.

    - Est-ce que cet air charmant a un nom ? Demanda Esmée.
    - Pas encore.
    - Est-ce qu'il a une histoire ? Demanda-t-elle, un sourire dans la voix.

    Ca lui faisait vraiment plaisir de m'entendre jouer, et je me sentais coupable d'avoir négligé la musique si longtemps. Ca avait été égoïste.

    - C'est...une berceuse, je suppose.

    Je trouvai le bon pont. Il se dirigea aisément vers le prochain mouvement, prenant vie.

    - Une berceuse, se répéta-t-elle.

    Le fait était que cette mélodie avait bel et bien une histoire, et une fois que je la vis, les morceaux s'enchainèrent sans effort. L'histoire d'une jeune fille endormie dans un lit étroit, ses cheveux sombres, épais et désordonnés ondulant comme les vagues de la mer sur l'oreiller...
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    Alice quitta Jasper de son propre chef et vint s'assoir près de moi sur le banc. De sa voix saisissante et carillonnant, elle esquissa un accompagnement en soprano deux octave au dessus de la mélodie.

    - Ca me plait. Murmurai-je. Que penses-tu de cela ?

    J'ajoutai son thème à l'harmonie – mes mains volaient à travers les clefs à présent pour travailler tous les morceaux simultanément – modifiant un peu, l'emmenant dans une nouvelle direction...

    Elle saisit l'humeur de la musique, puis chanta à nouveau.

    - Oui. Parfait. Approuvai-je.

    Esmée pressa mes épaules.

    Mais je pouvais pressentir la fin à présent, avec la voix d'Alice s'élevant au dessus de la musique et l'emmenant ailleurs. Je pouvais voir comment la chanson allait finir, parce que cette jeune fille endormie était parfaite telle qu'elle était, et le moindre changement aurait été mal, triste. Face à cette révélation, la musique dériva pour devenir plus lente et plus basse. La voix d'Alice suivit le mouvement, baissant de plusieurs tons elle aussi, et devenant grave, un ton qui appartenait aux échos des arches d'une cathédrale pleine de cierge.

    Je jouais la note finale, puis saluait les clefs de la tête.

    Esmée caressa ma tête.

    Ca va aller, Edward. Ca va marcher, et tout ira pour le mieux. Tu mérites le bonheur, mon fils. Le destin te doit bien ça.

    - Merci, chuchotai-je, souhaitant pouvoir le croire.

    L'amour n'arrive jamais dans un paquet cadeau, tu sais.

    J'eu un petit rire sans joie.

    Toi, parmi tous les habitants de cette terre, est sûrement le mieux équipé pour t'escrimer contre ce genre de dilemme. Tu es le meilleur et le plus brillant d'entre nous.

    Je soupirai. Toutes les mères disent cela.

    Esmée débordait toujours de joie à la pensée qu'après tout ce temps, quelqu'un avait fini par toucher mon cœur, et se fichait totalement du potentiel tragique de la situation. Elle avait tant pensé que je resterais à jamais seul...

    Elle t'aimera, j'en suis sûre, pensa-t-elle soudainement, me prenant de court. Si c'est une jeune fille intelligente. Elle sourit. Mais j'ai peine à imaginer que quelqu'un puisse être assez stupide pour ne pas voir quel homme tu es.

    - Arrête, Maman, tu me fais rougir. Plaisantai-je.
    Ses mots, quoiqu'improbables, m'encourageaient.

    Alice rit et commença à jouer la main droite de « Cœur et Ame ». Je souris et compléta le morceau avec elle. Puis je lui fis plaisir en lui accordant une performance de « Baguettes ».

    Elle gloussa, puis soupira.

    - J'espérais que tu me dirais pourquoi tu t'es moqué de Rose tout à l'heure. Dit-elle. Mais je peux clairement voir que tu ne le feras pas.
    - En effet.

    Elle lança une pichenette à mon oreille.

    - Soit gentille Alice, la réprimanda Esmée. Edward est un vrai gentleman.
    - Mais je veux savoir

    Je ris devant son ton plaintif. Puis je dis à Esmée de s'approcher et commença sa chanson favorite, un hommage anonyme à l'amour que j'avais longtemps observé entre Carlisle et Esmée.

    - Merci, trésor. Dit-elle en pressant à nouveau mes épaules.

    Je n'avais pas besoin de me concentrer pour jouer ce morceau si familier. Alors à la place, je pensai à Rosalie, toujours terrée dans sa mortification dans le garage, et cette vision m'arracha un sourire.

    Venant à peine de découvrir quel potentiel de jalousie je renfermais en moi, j'eu un peu de pitié pour elle. C'était un sentiment très douloureux. Evidemment, sa jalousie à elle était négligeable comparée à la mienne, mille fois plus forte. Comme un simple figurant dans un très long film.

    J'en vins à me demander en quoi la vie et la personnalité de Rosalie aurait été différente si elle n'avait pas été si belle. Aurait-elle été plus heureuse si sa propre beauté n'avait pas tout le temps eu la priorité dans sa vie ? Bon, je supposais qu'il était inutile de se poser la question, puisque le passé était ce qu'il était, et qu'elle avait toujours été la plus belle. Même lorsqu'elle était humaine, elle avait toujours vécu sous les feux des projecteurs à cause de son charme. Non pas qu'elle s'en plaignait, c'était plutôt l'inverse – elle avait toujours aimé être admirée plus que quiconque. Trait de caractère qui n'avait pas changé avec la perte de sa mortalité.

    En prenant cela en compte, ce n'était donc pas une surprise qu'elle se soit offensée quand, depuis le début de notre relation, je n'avait pas loué sa beauté comme tous les autres hommes qu'elle avait jusqu'alors rencontré. Non pas qu'elle me désirait de son côté – loin de là. Mais que moi, je ne la désire pas, l'avait vexé. Elle s'était habituée à être l'objet de fantasme de tous les hommes.

    C'était différent avec Jasper et Carlisle – les deux étaient déjà amoureux. Pour ma part, j'étais totalement sans attaches, et restait pourtant totalement indifférent face à elle.

    J'avais longtemps cru ce vieux ressentiment enterré. C'était il y a longtemps.

    Et il est vrai que pendant longtemps, elle avait oublié tout cela...jusqu'au jour où, enfin, je rencontrai quelqu'un dont la beauté me toucha.

    Rosalie s'était persuadée que si sa beauté m'avait laissé de marbre, cela signifiait qu'aucune autre beauté au monde ne pourrait jamais m'émouvoir. Sa colère contre moi s'était échauffée depuis le jour où j'avais sauvé Bella, devinant, avec son instinct de mégère, mon intérêt encore inconscient.

    J'avais porté le coup de grâce à Rosalie en trouvant une humaine insignifiante plus attirante qu'elle.

    Je réprimai une autre envie de rire.

    Cela dit, cela m'ennuyait un peu, sa manière de voir Bella. Rosalie la trouvait quelconque. Comment pouvait-elle penser une chose pareille ? Cela me paraissait incompréhensible. C'était de la simple jalousie, certainement.

    - Oh ! Dit soudain Alice. Jasper, tu sais quoi ?

    Je vis à mon tour ce qu'elle venait de voir, et mes mains s'immobilisèrent

    - Non, quoi ? Répondit-il.
    - Peter et Charlotte vienne nous voir la semaine prochaine ! Ils seront dans les parages, n'est-ce pas merveilleux ?
    - Qu'y a-t-il, Edward ? Demanda Esmée, sentant la tension dans mes épaules.
    - Peter et Charlotte viennent à Forks ? Sifflai-je à Alice.

    Elle tourna les yeux dans ma direction.

    - Du calme Edward. Ce n'est pas leur première visite.

    Mes dents se serrèrent. Si, c'était leur première visite depuis que Bella était là, et je ne suis pas le seul que son sang attire.

    - Ils ne chassent jamais ici. Dit-elle en fronçant les sourcils. Tu le sais.

    C'était un fait, seulement le frère de Jasper et le petit vampire qu'il aimait n'était pas comme nous, ils avaient un régime alimentaire traditionnel. Pour ce qui était de Bella, on ne pouvait pas leur faire confiance.

    - Quand ? Exigeai-je.

    Elle fit une moue mécontente, mais répondit Lundi matin. Personne ne va toucher à Bella, rassure-toi.

    - Non. Approuvai-je, puis lui tourna le dos. Tu es prêts Emmett ?
    - Je croyais qu'on ne partait que ce matin ?
    - On sera de retour dans la nuit du Dimanche. On part quand tu veux.
    - Très bien. Laisse-moi dire au revoir à Rose d'abord.
    - Bien sûr.

    Vu l'état dans lequel était Rosalie en ce moment, ça ne risquait pas de prendre une heure.

    Tu as vraiment perdu l'esprit, Edward. Pensa-t-il en se dirigeant vers la porte du fond.

    - Tu as probablement raison.
    - Joue encore une fois la nouvelle chanson, demanda Esmée.
    - Si ça peut te faire plaisir. Cédai-je.

    J'étais pourtant retissant à jouer à nouveau cette mélodie avec cette fin inévitable – une fin qui me faisait souffrir d'une manière qui m'était peu familière. Je restais un moment dans mes pensées, puis sortit le bouchon de la bouteille resté dans ma poche et le déposai sur le pupitre vide. Cela me soulagea un peu – un petit rappel de son oui.

    J'acquiesçai pour moi-même, et commençai à jouer.

    Esmée et Alice échangèrent un regard, mais aucune d'elle ne posa de question.

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    * * * <o:p></o:p>

          On ne t'a jamais dit de ne pas jouer avec la nourriture ? Rappelai-je à Emmett.
    - Oh, hey, Edward ! Riposta-t-il, souriant et tournant la tête vers moi.

    L'ours tira avantage de ce soudain manque d'attention pour envoyer sa patte puissante dans la poitrine d'Emmett. Les griffe acérées comme des lames de rasoir déchirèrent en lambeaux sa chemise, et crissèrent sur sa peau.

    Le grincement aigue fit beugler l'ours.

    Nom de dieu ! Rose m'avait offert cette chemise !

    Emmett rendit son feulement à l'animal enragé.

    Je soupirai et m'assis à un rocher parfaitement commode pour cet emploi. Ca risquait de prendre un moment.

    Mais Emmett en avait presque fini. Il laissa l'ours essayer de lui arracher la tête d'un nouveau coup de patte, riant en voyant l'ours s'étonner que ses coups restent inefficaces. L'ours grogna et Emmett y répondit par un autre grognement. Puis il s'élança sur l'animal, qui faisait quand même une tête de plus que lui une fois dressé sur ses pattes arrière et leurs corps s'entrechoquèrent et s'écroulèrent, entrainant dans leur chute un vieil épicéa. Les plaintes de l'ours s'arrêtèrent avec un gargouillement.

    Quelques minutes plus tard, Emmett arriva au petit trop là où je l'attendais. Sa chemise était explosée, déchirée, ensanglantée, couverte de sève collante et de poils. Ses cheveux sombres et ondulé n'étaient pas en meilleur état. Il arborait un large sourire sur son visage.

    - Il était fort celui là. Je pouvais presque le sentir quand il me griffait.
    - Ce que tu es gamin, Emmett.

    Il regarda ma chemine immaculée.

    - Tu n'as pas été capable de pourchasser ce puma ?
    - Bien sur que si. C'est juste que contrairement à toi, je ne mange pas comme un sauvage

    Emmett éclata de son fameux rire.

    - J'aimerais tant qu'ils soient plus forts. Ce serait plus drôle.
    - Personne ne t'a demandé de te battre avec ton plat.
    - Ouais, mais sinon avec qui je me battrais ? Alice et toi vous trichez, Rose ne veut pas être décoiffé, et Esmée devient folle quand avec Jasper on se fritte pour de bon.
    - Oui, c'est dur la vie...

    Emmett fit la grimace, courbant l'échine comme sous l'effet d'une charge très lourde.

    - Allez, Edward. Mets ta télépathie en veilleuse une minute et viens te battre à la loyale.
    - Je ne peux pas la mettre en veilleuse. Lui rappelai-je.
    - Je me demande comment cette humaine arrive à te garder dehors ! Fit Emmet. Peut-être qu'elle pourrait me filer quelques tuyaux...
    - Je t'interdis de t'approcher d'elle! Grognai-je entre mes dents, toute trace de bonne humeur évaporée.
    - Oh, on dirait que j'ai touché un point sensible.

    Je soupirai. Emmett vint s'asseoir à côté de moi.

    - Désolé. Je sais que tu traverses une mauvaise passe en se moment. Tu sais j'essaye vraiment de ne pas trop agir comme un crétin insensible, mais bon, comme c'est un peu on état naturel...

    Il attendit que je rigole à sa blague, puis, fit la tête.

    Sérieux, toujours sérieux. Qu'est-ce qui te préoccupe maintenant ?

    - Je pense à elle. Enfin, disons plutôt que je m'inquiète pour elle.
    - Mais qu'est-ce qu'elle risque ? Dit-il avec un grand rire. Tu es !!!

    Une fois de plus, sa plaisanterie me laissa de marbre, mais je répondis à sa question.

    - Tu n'as jamais remarqué à quel point ils sont fragiles ? Te rends-tu compte du nombre de choses horribles qu'il peut arriver à un humain ?
    - Pas vraiment. Mais je suppose que je vois ce que tu veux dire. La première fois je n'en menais pas large face à l'ours, non ?
    - Des ours ! Marmonnai-je, ajoutant une nouvelle crainte au dessus de la pile. Ce serait tout elle ça, connaissant sa chance. Un ours qui s'aventure en ville. Et bien sûr il foncera droit sur Bella !
    - Tu sais que là on croirait vraiment entendre un déséquilibré ? S'esclaffa Emmett.
    - Imagine une seconde que Rosalie serait humaine, Emmett ! Et qu'elle pourrait à tout moment tomber sur un ours...ou pâlir...ou maigrir...ou tomber dans les escaliers...ou tomber malade...et même gravement malade !

    Une tempête de mots sortait de moi. C'était soulageant de les laisser sortir – eux qui était resté couvés en moi tout le weekend.

    - Les incendies, les tremblements de terres, les tornades ! Oh mon dieu ! A quand remonte la dernière fois où tu as regardé les informations ? As-tu vu le genre de choses qui leur arrivent ? Des cambriolages, et des meurtres !

    Mes dents se serrèrent, soudain si furieux à la simple idée qu'un autre humain puisse la blesser que j'en devins incapable de respirer.
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    - Houlà ! Eh calme-toi, gamin ! Elle vit à Forks, tu te souviens ? Alors elle va juste se faire....pleuvoir dessus. Dit-il avec un haussement d'épaules.
    - Je commence vraiment à penser qu'elle est frappée de malchance, Emmett. Regarde les choses en face : parmi tous les endroits au monde où elle pouvait aller, elle a finit par atterrir dans une ville peuplée entre autres de vampires.
    - Ouais, mais nous sommes végétariens. C'est plutôt un coup de bol, non ?
    - Avec l'odeur qu'elle a ? Non, c'est assurément de la malchance. Pire même, vu l'effet que me fait son parfum. Dis-je en regardant mes mains, les détestant une fois de plus.
    - Sauf que, à part Carlisle, aucun vampire ne se contrôle mieux que toi. Encore un coup de bol.
    - Le fourgon ?
    - C'était juste un accident.
    - Mais tu aurais dû le voir arriver droit sur elle, Em', encore et encore. Je te le jure, c'était comme si cette fille avait une force magnétique en elle, un véritable aimant !
    - Mais tu étais là. Une chance.
    - Ah bon, vraiment ? N'est-ce pas là la pire espèce de chance qu'une humaine puisse avoir – qu'un vampire tombe amoureux d'elle ?

    Emmett médita calmement cela un moment. Il se représenta la fille, et trouva l'image inintéressante. Honnêtement, je ne vois vraiment pas ce que tu lui trouves.

    - Et bien, pour ma part je ne vois vraiment pas le charme de Rosalie. Répondis-je grossièrement. Honnêtement, elle a l'air de vraiment penser que toutes les autres beautés ne lui arrivent pas à la cheville !
    - Je suppose que tu ne me diras pas...tenta Emmett avec un petit rire
    - Je ne sais pas quel est son problème, Emmett. Mentis-je avec un sourire machiavélique.

    J'avais vu ses intentions assez tôt pour pouvoir m'y préparer. Il tenta de m'éjecter du rocher, et il y eu un craquement sonore lorsque qu'une fissure fendit la pierre entre nous.

    - Tricheur. Marmonna-t-il.

    Je m'attendis à ce qu'il essayer une deuxième fois, mais ses pensées prirent une autre direction. Il imaginait Bella à présent, mais cette fois il se la figura plus blanche, avec ses yeux d'un rouge brillant.

    - Non. M'étranglais-je.
    - Ca t'enlèverait toutes tes craintes à propos de sa mortalité, non ? Et tu n'aurais plus envie de la tuer, non plus. C'est la solution idéale, non ?
    - Pour moi ? Ou pour elle ?
    - Pour toi. Répondit-il facilement, un « bien sûr » clairement perceptible dans sa voix.

    J'eu un rire sans joie.

    - Mauvaise réponse. Dis-je sombrement.
    - Etre un vampire ne me dérange pas tant. Me rappela-t-il.
    - Rosalie si.

    Il soupira. Lui et moi savions parfaitement que pour retrouver son humanité, Rosalie serait prête à tout faire, à tout abandonner. Même Emmett.

    - Oui, ça tu peux le dire. Admit-il calmement.
    - Je ne peux pas...je ne dois pas...je ne vais pas ruiner la vie de Bella. Ne ressentirais-tu pas la même chose s'il s'agissait de Rosalie ?

    Emmett pensa un moment.

    Alors...tu l'aimes vraiment ?

    - Je ne peux même pas le décrire, Emmett ! Soudain cette fille est devenue le centre de l'univers pour moi. Je ne vois plus l'intérêt du reste du monde sans elle.

    Mais tu ne la transformeras pas ? Elle ne restera pas éternellement, Edward.

    - Je le sais bien ! Gémis-je.

    Et, comme tu l'as dis, elle est assez fragile.

    - Crois-moi, je sais cela aussi.

    Emmett manquait cruellement de tact, et les sujets délicats n'étaient pas son fort. Il tremblait un peu, désirant réellement ne pas se montrer offensant.

    Mais est-ce que tu peux au moins la toucher ? Je veux dire, si tu l'aimes...tu ne voudrais pas, et bien, la toucher ?

    Emmett et Rosalie partageaient un amour très physique. Il était dur pour lui de comprendre qu'on pouvait aimer, sans que cet aspect n'entre en compte.

    - Je ne peux même pas y penser, Emmett. Soupirai-je.

    Wow. Alors, il te reste quoi comme option ?

    - Je n'en sais rien. Murmurai-je. J'essaye de trouver un moyen...de la quitter. Pour l'instant je ne sais même pas comment faire pour m'obliger à rester éloigné d'elle...

    Avec un immense sentiment de gratitude, je réalisai soudain que je ne faisais rien de mal en restant – pour l'instant du moins, avec Peter et Charlotte dans les parages. Elle était temporairement plus en sécurité avec moi près d'elle plutôt que si je m'enfuyais au loin. Pour le moment, je serais paradoxalement son protecteur.

    Cette pensée me rendit anxieux ; je mourrai d'envie de revenir pour jouer mon rôle aussi longtemps que possible.

    Emmett remarqua ce changement d'expression. A quoi tu penses ?

    - Là, maintenant, admis-je d'un air un peu penaud, je meure d'impatience de retourner à Forks pour vérifier si elle va bien. Je ne sais pas si j'arriverais à tenir jusqu'à Dimanche soir.
    - Non, non, tu ne rentreras pas plus tôt à la maison. Laisse à Rosalie le temps de se calmer. Je t'en prie ! Pour moi !
    - J'essaierai, dis-je d'un air dubitatif.

    Emmett donna une tape dans sur la poche qui contenait mon téléphone.

    - Alice aurait appelé si ta crise d'angoisse avait le moindre fondement. Elle est aussi dingue de cette fille que toi.

    Je grimaçai.

    - Bon, très bien. Mais on rentre Dimanche, pas plus.
    - Pourquoi se presse ? En plus le soleil sera au rendez-vous. Alice a prédit que nous devrons sécher jusqu'à Mercredi.

    Je secouai vivement la tête.

    - Peter et Charlotte savent se tenir.
    - Je m'en fiche, Emmett. Avec la chance qu'à Bella, elle va sûrement se promener dans la forêt pile au mauvais moment et...

    Je tressaillis.

    - Peter n'est pas réputé pour son self-control. Terminai-je. Je rentre Dimanche.

    Emmett soupira. Exactement comme un déséquilibré.

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    * * *<o:p></o:p>




    Bella dormait paisiblement lorsque je grimpai à sa fenêtre, Lundi très tôt dans la matinée. Je m'étais rappelé d'amener de l'huile cette fois, et la fenêtre coulissa sans un bruit.

    En regardant la façon dont ses cheveux s'emmêlaient sur l'oreiller, je pus dire qu'elle avait moins bien dormis que la dernière fois que j'étais venu. Ses mains étaient repliées sous sa joue comme chez un petit enfant, et sa bouche était légèrement entrouverte. Je pouvais entendre le va et viens de sa respiration lente entre ses lèvres.

    C'était un incroyable soulagement que d'être là, de pouvoir la regarder à nouveau. Je compris alors ce que je n'avais pas vraiment réalisé avant d'être confronté directement au problème : dès que j'étais loin d'elle, rien n'allait plus.

    Cependant, ce n'étais pas mieux quand j'étais près d'elle. Je soupirai, laissant le feu s'insinuer dans ma gorge. Je m'étais éloigné trop longtemps. Le temps passé à ne pas ressentir cette douleur et ce désir rendait ces émotions encore plus intenses maintenant que je les ressentais à nouveau. C'était si dangereux que j'avais même peur d'aller m'agenouiller près de son lit pour lire les titres de ses livres. Je voulais tout savoir des histoires qui remplissaient sa tête, mais j'avais peur de ma soif, effrayé du fait que si je m'autorisais à m'approcher un peu, je voudrais être de plus en plus proche d'elle...

    Comme ses lèvres semblaient douces, et chaudes! Je pouvais m'imaginer les caresser du bout du doigt. Très légèrement...

    C'était exactement le type d'erreur à ne pas faire.

    Mes yeux parcoururent son visage, encore et encore, en quête du moindre changement. Les humains changeaient tout le temps...

    Je vis qu'elle semblait...fatiguée. Comme si elle n'avait pas assez dormis. Etait-elle sortie ?

    Je ris silencieusement et ironiquement de ma peine. Et alors, qu'est-ce que ça faisait si elle était sortie ? Elle n'était pas ma chose. Elle ne m'appartenait pas.

    Non, elle ne m'appartenait pas – et cela m'attristait terriblement.

    Une de ses mains se retourna, et je pus voir que sa paume était égratignée. Elle s'est blessée ? Même si ce n'était rien de grave, cela me troubla. Vu l'endroit où se trouvait la marque, elle avait du trébucher. Toutes choses considérées, cela semblait être une bonne explication.

    C'était réconfortant de penser que je n'aurais pas à toujours enquêter sur elle pour percer ses secrets. On était amis maintenant – ou du moins, on essayait. Je pouvais très bien la questionner sur son weekend – à propos de la plage, et même de ce qu'elle avait fait hier soir pour paraître si exténuée. Je pouvais lui demander ce qui était arrivé à ses mains. Et je pouvais même rire un peu si elle confirmait ma théorie.

    Je souris tendrement en me demandant si elle était ou non tombée dans l'eau de l'océan. En me demandant si elle avait passé un bon moment durant cette sortie. En me demandant si elle avait pensé à moi. Si je lui avais manqué, même si ce n'était que mille fois moins qu'elle m'avait manquée.

    J'essayais de l'imaginer au soleil, sur la plage. L'image était incomplète, bien sûr, puisque je n'avais vu First Beach qu'en photo...

    Je me sentis un peu mal à l'aise en repensant à la raison pour laquelle je n'étais jamais allé à la jolie plage qui ne se trouvait qu'à quelque minute de chez moi, en courant. Bella avait passé la journée à <st1:personname productid="La Push" w:st="on">La Push</st1:personname> – un endroit où m'était interdit, par traité, d'aller. Un endroit où quelques vieillards se souvenaient toujours des légendes sur les Cullen, s'en souvenaient et y croyaient. Un endroit où notre secret était connu...

    Je secouai la tête. Je n'avais rien à craindre. Les Quileutes aussi étaient liés à ce traité. Même si Bella tombait sur l'un de ces vieux sages, ils ne pourraient rien dire. Et pourquoi le sujet serait-il abordé ? Pourquoi Bella parlerait de ses soupçons là bas ? Non...les Quileutes étaient probablement la seule chose dont je n'avais pas à me soucier.

    Le soleil qui se leva me contraria. Je me souvins que je devrais attendre plusieurs jours avant de pouvoir satisfaire ma curiosité. Pourquoi diable avait-il choisi de briller aujourd'hui ?

    Avec un soupir, je me faufilai hors de chez elle avant que qui que ce soit ne puisse m'y voir. J'avais l'intention de rester caché dans la forêt dense qui bordait sa maison et d'observer depuis là, mais une fois arrivé dans les bois, je fus surpris de trouver une ombre de son odeur à travers le chemin de la forêt.

    Je suivis la piste rapidement, avec curiosité, m'inquiétant de plus en plus tandis que les traces s'enfonçaient dans les ténèbres. Que faisait Bella aussi loin ?

    Le chemin s'arrêta net, au milieu de nulle part. La fragrance continua juste quelques pas hors du sentier, dans les fougères, et toucha le tronc d'un arbre déraciné. Elle s'était peut-être assise là...

    Pourquoi Bella s'assiérait seule – et elle était seule, aucun doute la dessus – au milieu d'une forêt humide et pleine de mousse ?

    Cela n'avait pas de sens, et, contrairement aux autres choses, je ne pouvais pas vraiment aborder le sujet.

    Tu sais, Bella, j'étais justement en train de te flairer dans les bois – après avoir quitté ta chambre où je t'avais longuement observée dormir...Oui, voilà parfaitement de quoi briser la glace.

    Je ne saurais probablement jamais ce à quoi elle pensait et faisait là, et cela fit grincer mes dents de frustration. Le pire, c'était que cela ne ressemblait que trop au scénario que j'avais imaginé avec Emmett – Bella se promenant seule dans les bois, avec son odeur qui attirerait quiconque pourrait la suivre...

    Je gémis. Non seulement elle était malchanceuse, mais en plus elle flirtait avec le danger.

    Et bien, pour le moment, elle avait un chevalier servant. Je la surveillerais, je ferais attention à elle, je la maintiendrais hors de danger, aussi longtemps que pourrais le justifier.

    Je me surpris soudain à espérer que Pete et Charlotte resterait un peu plus longtemps.
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  • Chapitre 6 : Groupe sanguin<o:p></o:p>



    Toute la matinée, je la suivis au travers des yeux des autres, à peine conscient de mon propre entourage.

    Pas les yeux de Mike Newton, parce que je ne pouvais plus supporter ses fantasmes offensants, si ceux de Jessica Stanley, parce que son ressentiment envers Bella m'agaçait tellement que cela devenait dangereux pour cette pauvre fillette. Angela Weber était un bon choix quand ses yeux étaient disponibles : elle était gentille – c'était agréable d'être dans sa tête. Et puis parfois c'était les professeurs qui avaient le meilleur angle de vue.

    Je fus surpris, en la regardant trébucher durant la matinée – en se prenant le pied dans une fissure d'un couloir, dans des livres, et le plus souvent, dans ses propres pieds – que la plupart des gens considérais Bella comme étant maladroite.

    Je pensai à cela. Il était vrai qu'elle avait du mal à garder l'équilibre. Je me souvins comment elle s'était cognée dans un bureau ce premier jour, comment elle avait glissé sur la glace le jour de l'accident, comment elle s'était prit les pieds dans la chambranle hier...Comme c'était bizarre, ils avaient raison. Elle était bel et bien maladroite.

    Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle là dedans, mais je ris si fort alors que je parcourais le chemin entre le cours d'Histoire et le cours d'Anglais que plusieurs personne me dévisagèrent. Comment avais-je fais pour ne pas remarquer cela ? Peut-être était-ce à cause du fait que j'avais trouvé quelque chose de gracieux dans son immobilité, dans le maintient de sa tête, dans la courbe de sa nuque...

    A présent il n'y avait absolument rien de gracieux en elle. M. Varner la regardait s'emmêler les bottes dans la moquette et tomber littéralement sur sa chaise.

    Je ris à nouveau.

    Le temps passa avec une incroyable lenteur pendant que j'attendais une chance de la voir de mes propres yeux. Enfin, la cloche sonna. Je partir rapidement à la cantine pour mettre mon plan à exécution. Je fus l'un des premiers sur les lieux. Je choisis une table qui était habituellement vide, pour être sur de me faire remarquer en m'asseyant là.

    Quand les membres de ma famille entrèrent à leur tour et qu'ils me virent assis seul à une place inhabituelle, ils ne furent pas surpris. Alice avait dû les prévenir.

    Rosalie me passa devant sans même m'accorder un regard.

    Crétin

    Mes relations avec Rosalie n'avaient jamais été très bonnes – je l'avais offensée dès l'instant où j'avais ouvert la bouche en sa présence, et depuis cela ne cessait d'empirer – mais il semblait bien ces derniers temps qu'elle était encore plus remontée contre moi que d'habitude. Je soupirai. Il fallait toujours que Rosalie ramène tout à elle-même.

    Jasper m'accorda un petit sourire en passant.

    Bonne chance. Pensa-t-il d'un ton dubitatif.

    Emmett leva les yeux au ciel et secoua sa tête.

    Il a perdu l'esprit, pauvre gosse.

    Alice était aux anges, ses dents brillant un peu trop.

    Je peux parler à Bella maintenant ?

    - Reste en dehors de ça. Rétorquai-je à vois basse.

    Elle fit la moue, puis retrouva sa béatitude.

    Pas grave. Tu peux t'obstiner autant que tu veux. Ce n'est plus qu'une question de temps.

    Je soupirai à nouveau.

    N'oublie pas l'expérience de biologie d'aujourd'hui. Me rappela-t-elle

    J'opinai. Non, je n'avais pas oublié cela.

    Pendant que j'attendais la venue de Bella, je la suivis par les yeux du première année qui marchait derrière Jessica sur le chemin de la cantine. Jessica tenait un long discours à propos du bal, mais Bella ne disait rien, elle. Il faut dire que Jessica ne lui donnait pas le temps d'en placer une.

    Dès l'instant où Bella passa la porte, ses yeux allèrent directement vers la table où mes frères et sœurs étaient. Elle resta un moment à la fixer, puis son visage se décomposa et ses yeux tombèrent au sol. Elle ne m'avait pas vu.

    Elle avait l'air si...triste. Je ressentis le besoin urgent de me lever et de la rejoindre, d'essayer de la consoler, seulement je ne savais pas de ce qu'elle pourrait trouver réconfortant. Je n'avais pas la moindre idée ce qui avait bien pu lui faire de la peine. Jessica continuai son monologue enflammé sur le bal. Est-ce que Bella était triste parce qu'elle n'allait pas y aller ? Cela semblait peu vraisemblable...

    Mais on pourrait y remédier, si elle le souhaitait.

    Elle n'acheta rien d'autre qu'une boisson. Etait-ce normal ? N'avait-elle pas besoin d'un peu plus de nourriture ? Je n'avais jamais vraiment prêté attention au régime alimentaire humain auparavant.

    Les humains étaient d'une fragilité si exaspérante ! Il y avait un bon million de raison de s'inquiéter à leur sujet...

    - Edward Cullen te mate une fois de plus, entendis-je Jessica dire. Je voudrais bien savoir pourquoi il s'est isolé, aujourd'hui.

    Je ressentis un élan de gratitude envers Jessica – même si son ressentiment pour Bella était encore plus fort à présent – en voyant la tête de Bella se redresser brusquement et ses yeux chercher dans la foule jusqu'à rencontrer les miens.

    Il ne restait plus la moindre trace de peine sur son visage maintenant. Je me permis d'espérer que si elle avait été triste, c'était parce qu'elle avait cru que j'étais partis, et cet espoir me fit sourire.

    Avec mon index, je lui fis signe de me rejoindre. Elle sembla alors si ahurie que j'eu envie de continuer à la taquiner.

    Alors je lui lançai un clin d'œil, et elle fut bouche bée.

    - C'est à toi qu'il s'adresse ? Demanda Jessica d'un ton insultant.
    - Il a peut-être besoin d'un coup de main pour son devoir de science nat, dit-elle d'une petite voix incertaine. Il vaut mieux que j'y aille.

    C'était un autre oui.

    Elle trébucha deux fois sur le chemin entre la fille d'attente et ma table, alors qu'il n'y avait absolument rien en travers de sa route à part du lino parfaitement plat. Sérieusement, comment avais-je fait pour ne pas remarquer ça avant ? Peut-être que je m'étais trop focalisé sur son silence mental...Qu'avais-je loupé d'autre ?

    Reste honnête, reste clair, me chantais-je.

    Elle s'arrêta derrière la chaise face à moi, hésitante. J'inhalai profondément, par le nez cette fois, plutôt que par la bouche.

    Ressens la brûlure Pensai-je sèchement.

    - Et si tu t'asseyais avec moi ? Lui proposai-je.

    Elle tira la chaise et s'y assit, sans pour autant me lâcher des yeux. Elle semblait peut-être nerveuse, mais son obtempération restait un autre oui.

    J'attendais qu'elle parle.

    Cela prit un moment, puis, finalement, elle dit :

    - Quel revirement.
    - Disons que...

    J'hésitai.

    - J'ai décidé, puisque je suis voué aux Enfers, de me damner avec application.

    Mais par tous les diables qu'est-ce qui m'avait prit de lui dire ça ? C'était honnête, pas de doute là-dessus. Peut-être qu'en lisant entre les lignes elle comprendrait la signification de mes paroles. Peut-être qu'elle réaliserait qu'elle ferait mieux de se lever et de promptement mettre autant de distance que possible entre nous...

    Elle ne se leva pas. Elle me regardait, interrogative, comme si je n'avais pas fini ma phrase.

    - Tu sais, dit-elle puisque je conservais le silence, je n'ai pas la moindre idée de ce que tu entends par là.

    Et j'en fus soulagé. Je souris

    - Ca ne m'étonne pas.

    Impossible d'ignorer les pensées qui me criaient dessus dans son dos – cela tombait bien, je désirais changer de sujet de conversation, moi aussi.

    - Je crois que tes amis m'en veulent de t'avoir enlevée.
    - Ils s'en remettront, répondit-elle, apparemment indifférente à la réaction que pourrait avoir ses camarades.
    - Sauf si je ne te relâche pas.

    Je ne savais plus trop si j'essayais d'être le plus honnête possible avec elle où si j'avais juste envie de la continuer à la taquiner. Sa proximité me rendait tout simplement incapable de mettre de l'ordre dans mes propres pensés.

    Bella déglutit bruyamment. Son expression me fit rire.

    - Ca a l'air de t'inquiéter.

    Ca ne devrait normalement pas être drôle...elle avait toutes les raisons du monde d'être inquiète.

    - Non.

    C'était une menteuse pitoyable, elle n'avait pas été capable de retenir les trémolos dans sa voix.

    - Ca m'étonne, ajouta-t-elle, pourquoi cette volte-face ?
    - Je te l'ai dit. Lui rappelai-je. Je suis las de m'acharner à garder mes distances avec toi. J'abandonne.

    Je gardais mon sourire en place, non sans efforts. Ca ne fonctionnait pas – essayer d'être à la fois honnête et désinvolte.

    - Tu abandonnes ? Répéta-t-elle, déconcerté.
    - Oui. Je renonce à être sage. (et, apparemment, je renonçai dans le même temps à ma désinvolture) Désormais, je ferais ce que je veux, et tant pis pour les conséquences.

    Cela avait le mérite d'être honnête. Ca l'avertissait tout en lui montrant toute l'étendue de mon égoïsme.

    - Encore une fois, je ne te comprends pas.

    Et j'étais assez égoïste pour en être heureux.

    - Je parle trop, en ta compagnie. C'est l'un des problèmes que tu me poses, d'ailleurs.

    Un problème plutôt insignifiant, si on le compare au reste.

    - Ne te tracasse pas, me rassura-t-elle, tous m'échappe.

    Bien. Dans ce cas elle pouvait rester.

    - J'y compte bien.
    - Alors, en bon anglais, ça signifie que nous sommes de nouveau amis ?

    Je méditai là dessus une seconde.

    - Amis...

    Il y avait quelque chose dans le terme utilisé qui me déplaisait. Ce n'était pas assez.

    - Ou ennemis, marmotta-t-elle, semblant embarrassée.

    Pensait-elle que je ne l'appréciais pas ?
    Je souris.

    - Eh bien, on peut toujours essayer. Mais je te préviens d'ores et déjà que je ne suis pas l'ami qu'il te faut.

    J'attendis sa réponse, déchiré en deux – souhaitant d'un côté qu'elle comprenne enfin ce que je m'échinais à lui dire, et sentant d'un autre côté que je pourrais en mourir. C'était d'un mélodramatique. Me voilà qui redevenais humain.

    Son cœur d'affola.

    - Tu te répète. Dit-elle.
    - Oui, parce que tu ne m'écoutes pas. Répondis-je avec beaucoup trop de ferveur. Je continue d'espérer que tu me croiras. Si tu es un tant soit peu intelligente, tu m'éviteras.

    Oui mais, serais-je capable de lui permettre de m'éviter, si elle essayait ?

    Ses yeux se durcirent.

    - Il me semble que tu m'as déjà signifié ce que tu pensais de mon intellect.

    Je n'étais pas exactement sur de ce qu'elle entendait par là, mais je lui adressai un sourire d'excuse, craignant de l'avoir un jour offensé par accident.

    - Alors, dit-elle posément, tant que je suis...idiote, on essaie d'être amis
    - Ca me paraît correct.

    Elle baissa ses yeux et fixa intensément la bouteille qu'elle tenait dans ses mains.

    Ma vieille curiosité revint me tourmenter.

    - A quoi penses-tu ? Demandais-je

    Quel soulagement c'était de pouvoir enfin dire ces mots à hautes voix. <o:p></o:p>

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    Elle croisa mon regard, et sa respiration s'accéléra tandis que ses joues se colorèrent d'un rose pâle. J'inspirai, goûtant cela dans l'air environnant.

    - Je m'efforçais de deviner qui tu es.

    Je figeai mes traits pour parvenir à maintenir mon sourire en place, alors que la panique tordait tout mon corps.

    Evidemment qu'elle demandait ce que j'étais. Elle n'était pas stupide. Je ne pouvais quand même pas espérer qu'elle oublie quelque chose de si évident.

    - Ca donne des résultats ? Demandai-je avec le peu de légèreté qui me restait.
    - Pas vraiment.

    Je fus si soudainement soulagé que je ne pu retenir un petit rire.

    - Tu as des théories ?

    Elles ne pouvaient pas être pires que la réalité, quoi qu'elle me sorte.

    Ses joues tournèrent du rose pâle au rouge vif, mais elle garda le silence. Je pouvais sentir la chaleur de son fard dans l'air.

    Je tentai d'utiliser avec elle mon ton le plus avenant. Il fonctionnait à merveille avec la plupart des humains.

    - Tu ne veux rien dire ?
    - Trop embarrassant. Refusa-t-elle en secouant sa tête.

    Ah. Ne pas savoir était pire que tout. En quoi ses spéculations pouvaient l'embarrasser, elle ? Je ne pouvais pas supporter de rester sur le carreau.

    - C'est très frustrant, tu sais.

    Ma plainte la piqua au vif. Ses yeux lancèrent des éclairs et elle déversa un flot de parole avec une rapidité inhabituelle.

    - Non. J'ignore complètement ce qu'il peut y avoir de frustrant dans le fait qu'une personne refuse d'avouer ce à quoi elle pense, alors qu'une personne passe son temps à lancer des remarques sibyllines spécifiquement destinées à flanquer des insomnies à la première en la forçant à chercher leur sens caché...voyons ! en quoi pourrait-il être frustrant ?

    Face à elle, je fronçai les sourcils, attristé de réaliser qu'elle avait raison. Je n'étais pas juste.

    - Autre exemple, continua-t-elle, admettons que cette même personne ait commis tout un tas d'actes étranges, comme sauver la vie de la première dans des circonstances improbables un jour pour la traiter en paria le lendemain sans prendre jamais la peine de l'expliquer, bien qu'elle l'ait promis, ça non plus ne serait pas du tout frustrant.

    C'était le plus long discours que je ne l'avais jamais entendu prononcer, et cela me permit de compléter ma liste.

    - Tu as vraiment sale caractère, hein ?
    - Je n'apprécie guère qu'il y ait deux poids deux mesures.

    Son irritation était totalement justifiée, évidemment.

    Je dévisageai Bella, me demandant comme je pourrais faire quoi que ce soit de bien vis-à-vis d'elle, jusqu'à ce que je fusse distrait par des éclats de voix venant de la tête de Mike Newton.

    Il était si agacé qu'il me fit rire.

    - Quoi ? Lança-t-elle.
    - Ton petit copain a l'air de penser que je suis désagréable avec toi. Il se demande s'il doit venir séparer les duellistes.

    J'adorerais le voir essayer. Je m'esclaffai de plus belle.

    - Bien que j'ignore de qui tu parles, Dit-elle de d'une voix glaciale, je suis certaine que tu te trompes.

    La façon dont elle le reniait avec sa phrase aux accents dédaigneux me plu énormément.

    - Oh que non ! Je te l'ai déjà dit, la plupart des gens sont faciles à déchiffrer.
    - Sauf moi.
    - En effet.

    Pourquoi devait-elle être sans arrêt une exception à tout ? N'aurait-il pas été un peu plus loyal – considéré la masse de choses auxquelles je devais faire face – si j'avais pu entendre au moins quelque chose venant de son esprit ? Etait-ce trop demander ?

    - Je voudrais bien savoir pourquoi. Ajoutai-je.

    Je regardai fixement ses yeux, essayant à nouveau...

    Elle détourna le regard. Elle ouvrit sa bouteille et avala une gorgée de soda, ses yeux sur la table.

    - Tu ne manges pas ? Demandai-je
    - Non, dit-elle, puis elle montra du regard notre table vide et ajouta : Et toi ?
    - Je n'ai pas faim. Répondis-je.

    Ca c'était sûr.

    Elle regarda la table, lèvres pincées. J'attendis.

    - Tu me rendrais un service ? Demanda-t-elle, levant soudain les yeux vers moi.

    Qu'attendait-elle de moi ? Allait-elle me demander de lui dire la vérité, une vérité que je n'étais pas autorisé à divulguer, une vérité que je ne voulais jamais, oh grand jamais, qu'elle sache un jour ?

    - Ca dépend.
    - Ce n'est pas grand-chose. Me promit-elle

    J'attendis, ma curiosité de retour.

    - C'est seulement que...dit-elle lentement, les yeux vissés à sa bouteille, son petit doigts traçant les contours du goulot, pourrais-tu m'avertir à l'avance de la prochaine fois que tu décideras de m'ignorer pour mon bien ? Histoire que je me prépare.

    Elle voulait que je la prévienne ? Alors être ignorée de moi devait lui être désagréable...je souris.

    - C'est une requête qui me paraît fondée.
    - Merci. Dit-elle en relevant la tête.

    Le soulagement se lisait clairement sur son visage et je me sentis si léger que j'eu envie de rire.

    - A mon tour d'obtenir une faveur. Demandai-je avec espoir.
    - Juste une, alors. Permit-elle.
    - Confie-moi une de tes théories

    Elle piqua un fard.

    - Pas ça.
    - Trop tard ! Tiens parole.
    - C'est toi qui as tendance à trahir la tienne. Me rappela-t-elle.

    Elle marquait un point là.

    - Allez, rien qu'une. Je te promets de ne pas me moquer.
    - Je suis persuadée du contraire.

    Elle semblait bien sur de ce qu'elle disait, alors que pour ma part je ne pouvais rien imaginer de drôle à ce sujet.

    J'essayai à nouveau la persuasion. Je plongeai dans son regard – ses yeux étaient si profond que ce fut un jeu d'enfant – et soupirai :

    - Je t'en prie.

    Elle battit des paupières, et son visage perdit toute expression, pâlissant à vu d'œil.

    Et bien, ce n'était pas exactement la réaction escomptée.

    - Euh...pardon ? Bredouilla-t-elle.

    Elle semblait prise de vertiges. Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ?

    Mais je n'avais pas dit mon dernier mot.

    - S'il te plait, une de tes théories. Plaidai-je, usant de ma voix la plus douce et enfermant ses yeux dans les miens.

    A ma plus grande surprise – et satisfaction, ça marcha enfin.

    - Eh bien, disons...mordu par une araignée radioactive ?

    Des bandes dessinées ? Maintenant je voyais parfaitement pourquoi elle pensait que j'allais rire.

    - Pas très original. La grondai-je, essayant de cacher mon soulagement.
    - Désolé, je n'ai que ça en réserve. Dit-elle, offensée.

    Ce qui me soulagea encore plus. Je pouvais recommencer à la taquiner.

    - En tout cas, tu es à des kilomètres de la vérité.
    - Pas d'araignée ?
    - Non.
    - Ni de radioactivité ?
    - Non plus.
    - Flûte ! soupira-t-elle.
    - Et je suis insensible à la kryptonite. M'empressai-je d'ajouter avant que l'on s'étende sur le thème des morsures en tout genre.

    L'idée qu'elle puisse me voir comme un super-héro me fit rire malgré moi.

    - Tu n'es pas censé rire.

    Je pressai mes lèvres l'une contre l'autre.

    - Je finirai par deviner. Promit-elle.

    Et quand ce moment arrivera, elle s'en ira loin de moi.

    - Je préférerais que tu n'essaie pas. Dis-je, toute trace de plaisanterie désormais évacuée.
    - Pourquoi ?

    Je lui devais d'être honnête. Je lui souris et tâchai toutefois de rendre mes paroles aussi peu menaçantes que possible.

    - Et si je n'étais pas un super héro, mais juste un méchant ?

    Ses yeux s'agrandirent de quelques millimètres et ses lèvres s'entrouvrirent

    - J'y suis ! S'exclama-t-elle

    Ca y'est, elle m'avait enfin compris.

    - Vraiment ? Demandai-je, essayant tant bien que mal de ne pas laisser mon agonie transparaître.
    - Tu es dangereux...devina-t-elle.

    Sa respiration s'accéléra brutalement et son cœur s'affola.

    Je ne pouvais répondre. Etait-ce là mes derniers instants en sa compagnie ? Allait-elle s'enfuir en courant, maintenant ? Si oui, pourrais-je lui déclarer ma flamme avant qu'elle ne me quitte, ou est-ce que cela ne ferait qu'empirer les choses ?

    - Mais pas méchant. Chuchota-t-elle en secouant la tête, et je ne vis aucune trace de peur dans ses yeux. Non, je ne crois pas que tu sois méchant.
    - Tu te trompes. Dis-je en un souffle.

    Evidemment que j'étais méchant. N'étais-je pas heureux, maintenant que je savais qu'elle m'estimait plus que je ne le méritais ? Si j'étais vraiment quelqu'un de bien, j'aurais trouvé un moyen de garder mes distances avec elle.

    Je tendis la main, sous prétexte de m'emparer du bouchon de sa bouteille de soda. Elle n'eu pas le moindre mouvement de recul devant la soudaine proximité de ma main. Elle n'avait vraiment pas peur de moi. Pas encore.

    Je fis tourner le bouchon comme une toupie, le regardant au lieu de la regarder, elle. Mes pensées étaient confuses.

    Cour, Bella, cour. Je ne pouvais me résoudre à prononcer ces mots à haute voix.

    Elle bondit de sa chaise.

    - On va être en retard.

    Elle dit cela alors que je commençais à craindre qu'elle ait réussi à percevoir mon avertissement tu.

    - Je ne vais pas en science nat aujourd'hui.
    - Pourquoi ?

    Parce que je ne veux pas te tuer.

    - Un peu d'école buissonnière de temps en temps est bon pour la santé.

    Ou, plus exactement, que les vampires s'abstiennent d'assister aux cours où le sang allait couler était bon pour la santé des humains. M. Banner avait prévu le TP sur les groupes sanguins aujourd'hui. Alice avait déjà séché son cour ce matin.

    - Eh bien, moi, j'y vais. Déclara-t-elle.

    Cela ne me surprit pas le moins du monde. C'était quelqu'un de responsable – elle faisait toujours ce qu'il fallait.

    Mon opposé.

    - A plus tard, alors. Dis-je, essayant de retrouver ma désinvolture, baissant les yeux pour regarder le bouchon qui tournoyait. Et, pendant que j'y suis, sache que je t'adore...à un point que c'en devient effrayant et dangereux.

    Elle hésita, et je me pris à espérer qu'elle allait finalement décider de rester avec moi. Mais la cloche sonna et elle se précipita vers la sortie.

    J'attendis qu'elle fut sortie, puis je mis le bouchon dans ma poche – en souvenir de cette discussion capital – et sorti sous la pluie rejoindre ma voiture.

    Je mis dans le lecteur le CD le plus relaxant que j'avais – le même que j'avais écouté ce premier jour – mais je n'écoutai pas les accords de Debussy bien longtemps. Dans ma tête se jouaient d'autres notes, un fragment d'un air qui me plaisait et m'intriguait. Je baissai le son de la stéréo et écoutai la musique dans ma tête, jouant avec le fragment jusqu'à le faire évoluer en une harmonie plus complète. Instinctivement, mes doigts bougèrent en rythme comme s'ils parcouraient les touches d'un piano.

    Cette nouvelle composition était presque finie quand une vague d'angoisse mentale attira mon attention.

    Je regardai en direction de ces cris de détresse.

    Est-ce qu'elle va s'évanouir ? Je fais quoi moi, si elle s'évanouie, je fais quoi ? Paniquait Mike.

    A cent mètre de là, Mike Newton trainait le corps mou de Bella dans l'allée. Elle s'effondra sur le béton humide, les yeux clos, son teint d'une pâleur de craie, telle un cadavre.

    Je failli arracher la portière de la voiture.

    - Bella ! Hurlai-je.

    Je ne vis aucun changement d'expression sur son visage sans vie.

    Tout mon corps se gela.

    Je fus averti de la surprise de Mike lorsque je passai au crible ses pensées. Il ne pensait qu'à sa haine pour moi, ce qui ne me permit pas de savoir ce qui avait mit Bella dans cet état. S'il s'avérait qu'il ait fait quoi que ce soit pour la blesser, je l'anéantirais.

    - Que se passe-t-il ? Elle est blessée ? l'interrogeai-je, essayant de concentrer ses pensées.

    Devoir marcher à une vitesse humaine à un moment pareil – c'était à vous rendre fou. Je n'aurais pas dû signaler ma venue.

    Je pu bientôt entendre son pouls et même sa respiration. Tandis que je la regardais, je la vis serrer un peu plus fort ses paupières. Cela me calma un peu.

    Je vis un sursaut de mémoire dans la tête de Mike, un éclaboussement d'images venant de la salle de sciences nat. La tête de Bella appuyée sur notre table, sa peau déjà pâle virant au vert. Des écoulements de liquide rouge sur des cartes blanches...

    Le TP sur les groupes sanguins.

    Je m'arrêtai là où j'étais, retenant ma respiration. Son odeur était une chose, une hémorragie de son sang à elle en était une autre, bien différente.

    - Je crois qu'elle a perdu connaissance. Dis Mike, à la fois plein de ressentiment à mon égard et anxieux. Je ne sais pas pourquoi, elle n'a même pas eu le temps de se piquer le doigt.

    Je fus comme lavé par le soulagement, et m'autorisai à respirer à nouveau, pour goûter l'air. Ah, je pouvais sentir la petite goutte de sang sur le doigt de Mike Newton. Jadis, cela m'aurait tenté.

    Je m'agenouillai près d'elle, Mike rodant autour de moi, furieux de mon intervention.

    - Bella, tu m'entends ?
    - Non, gémit-elle. Fiche le camp.

    Le soulagement était si exquis que j'en ris. Elle allait bien.

    - Je l'emmenais à l'infirmerie, dit Mike, mais elle n'a pas réussi à aller plus loin.
    - Je m'en occupe. Toi, retourne en classe. Le congédiai-je.
    - Non ! Protesta-t-il en serrant les dents, on me l'a confiée.

    Je n'allais certainement pas souffrir un débat avec le pauvre petit malheureux de service. Frissonnant de plaisir et de terreur, tout aussi ravi qu'affligé par cette épreuve qui m'obligeait à la toucher, je soulevai Bella tendrement et la pris dans me bras, veillant à ne toucher que ses vêtements, gardant autant de distance que possible entre nos deux corps, tout en marchant à grandes enjambées, pressé de la mettre en lieu sûrs, en d'autres termes le plus loi de moi possible.

    Ses yeux s'ouvrirent en grand, stupéfaits.

    - Lâche-moi ! Ordonna-t-elle d'une voix faible

    Je jugeai à son expression qu'elle était embarrassée. Elle n'aimait pas montrer sa faiblesse aux autres.
    J'entendis à peine Mike protester, derrière nous.

    - Tu as une mine affreuse. Lui dis-je avec un grand sourire.

    A part une petite nausée et un vertige, elle allait bien.

    - Repose-moi par terre. Dit-elle, ses lèvres blanchâtres.
    - Alors, comme ça, tu t'évanouis à la vue du sang ?

    Y'avait-il au monde chose plus ironique ?

    Elle ferma les yeux et pinça les lèvres.

    - Et il ne s'agit même pas du tien, ajoutai-je, toujours aussi euphorique.

    Nous étions devant l'acceuil. La porte était entrouverte et je donnais un coup de pied dedans pour l'écarter de mon chemin.

    Mme Cope bondit de sa chaise.

    - Oh mon dieu ! S'écria-t-elle en voyant la fille quasiment inconsciente dans mes bras.
    - Elle est tombée dans les pommes pendant le cours de biologie. Expliquai-je, avant que son imagination n'aille trop loin.

    Mme Cope se dépêcha d'aller ouvrir la porte de l'infirmerie. Les yeux de Bella étaient à nouveau ouverts, fixant la secrétaire. J'entendis les pensées stupéfaites de l'infirmière – une femme d'un certain âge – lorsque qu'elle me vit allonger précautionneusement la jeune fille sur le lit miteux. Dès que j'eu déposé Bella, je m'éloignai d'elle autant que la salle le permettait. Mon corps était en proie à une telle vague de désir et d'excitation que c'en était dangereux, mes muscles étaient tendus et le venin inondait ma bouche. Elle était chaude...son parfum était si enivrant...

    - Rien qu'une petite perte de connaissance, rassurai-je Mme Hammond. On pratiquait un test sanguin en science nat.
    - Ca ne rate jamais, acquiesça-elle.

    J'étouffai un rire. Comptez sur Bella pour être « celle qui ».

    - Reste allongée un moment, petite, ça va passer.
    - Je sais. Soupira Bella.
    - Ca t'arrive souvent ? Demanda l'infirmière.
    - Parfois. Admit-elle.

    Je tentai de maquiller mon rire en toussotement. Cela attira l'attention de l'infirmière.

    - Tu peux retourner en cours, dit-elle.

    Je la regardai droit dans les yeux et lui mentit avec la plus ferme assurance qu'il soit.

    - Je suis censé rester avec elle.

    Hmm. Je me demande si...oh et puis bon. Mme Hammond opina.

    Ca avait parfaitement marché. Pourquoi fallait-il que Bella pose autant de problème ?

    - Je vais te chercher un peu de glace pour ton front, petite.

    Ma présence rendait la veille dame légèrement mal à l'aise. Elle n'osa pas me regarder dans les yeux – réaction classique pour les humains normaux – et quitta la pièce.

    - Tu avais raison, marmonna Bella, fermant les yeux.

    Que voulait-elle dire ? Je sautai directement sur la pire conclusion : elle acceptait mes mises en gardes.

    - C'est souvent le cas. Dis-je, essayant de la charrier cependant que ma voix semblait sourde. A propos de quoi, cette fois ?
    - Sécher est bon pour la santé.

    Ah, encore un soulagement.

    Elle garda le silence. Elle se contentait d'inspirer et d'expirer lentement. Ses lèvres commencèrent à retrouver une teinte rose. Sa bouche était légèrement asymétrique, sa lèvre inférieure un petit peu trop pleine comparée à sa lèvre supérieure. Observer ainsi sa bouche me fit une impression étrange. J'avais envie de m'en approcher, même si ce n'était pas une très bonne idée.

    - Tu m'as flaqué une sacrée frousse, dis-je pour relancer la conversation – et entendre sa voix à nouveau. J'ai cru que Mike Newton s'apprêtait à aller enterrer ta dépouille dans la forêt.
    - Ha, ha.
    - Franchement, j'ai vu des cadavres qui avaient meilleure mine. (Véridique) J'ai craint un instant de devoir venger ton assassinat.

    <o:p></o:p>

    Ce que j'aurais fait, aucun doute là-dessus.

    - Pauvre Mike, soupira-t-elle. Je parie qu'il est furax.

    Une pulsion de fureur me traversa, mais je me contrôlai. Son apparente implication à son égard n'était sûrement que de la pitié. Elle était gentille. Ca n'allait pas au-delà.

    - Il me déteste. Dis-je, égayé par cette simple idée.
    - Tu n'en sais rien.
    - J'en suis sûr, je l'ai lu sur son visage.

    Son expression faciale aurait, en effet, pu m'amener aux même conclusions. L'expérience que j'avais acquise en m'entrainant à interpréter les expressions de Bella m'avait sûrement donné le talent de lire sur les visages.

    - Comment se fait-il que tu nous aies aperçus ? Je croyais que tu avais quitté le lycée...

    Elle avait meilleure mine – plus aucune trace de vert sous sa peau translucide.

    - J'écoutai un CD dans ma voiture.

    Ses traits s'affaissèrent, comme si ma réponse pour le moins banale l'avait surprise.
    Elle ouvrit les yeux quand Mme Hammond revint avec la compresse froide

    - Tiens, dit l'infirmière en étalant la compresse sur son front. Tu as repris des couleurs.
    - Je crois que ça va. Dit Bella en s'asseyant et en écartant la compresse.

    Evidemment. Elle n'aimait pas qu'on s'occupe d'elle.

    Les mains ridées de Mme Hammond s'avancèrent vers elle, comme si elle allait la forcer à se rallonger, mais à ce moment là Mme Cope ouvrit la porte de l'infirmerie et passa la tête par l'entrebâillement. Avec son arrivée vint l'odeur du sang frais, à petite dose cependant.

    Invisible, derrière la secrétaire, Mike Newton était toujours aussi en colère, souhaitant que le garçon qu'il trainait lourdement fût Bella.

    - Nous en avons un deuxième, annonça Mme Cope.

    Bella bondit sur ses pieds, impatience de ne plus avoir les feux braqués sur elle.

    - Tenez, dit-elle en rendant sa compresse à Mme Hammond, je n'en ai pas besoin.

    Mike grogna en soutenant tant bien que mal Lee Stevens pour entrer dans l'infirmerie. Du sans coulait encore de la main que Lee portait à son visage, dégoulinant sur son poignet.

    - Flûte.

    Il fallait que je m'en aille rapidement – tout comme Bella, semblait-t-il.

    - Va dans le bureau, Bella.

    Décontenancée, elle me regarda avec sa fameuse expression abasourdie.

    - Fais-moi confiance et file.

    Elle tourna les talons et attrapa la porte avant qu'elle ne se referme complètement, se précipitant hors de l'infirmerie. J'étais à quelques millimètres d'elle. Sa chevelure fluide caressait ma main...

    Elle se retourna pour me regarder, ses yeux marquant toujours sa confusion.

    - Tu m'as obéis, pour une fois. M'étonnai-je.
    - J'ai détecté l'odeur du sang. Expliqua-t-elle en fronçant le nez.

    Je la regardai fixement, surpris.

    - Pour la plupart des gens, le sang n'a pas d'odeur.
    - Pour moi si. Un mélange de rouille...et de sel. Qui me rend malade.

    Mes traits se figèrent.

    Etait-elle vraiment humaine ? Elle ressemblait à un être humain. Elle était aussi douce qu'eux. Elle sentait comme eux – bien meilleur qu'eux en fait. Elle agissait comme eux ...à quelques exceptions près. Mais elle ne pensait pas comme un être humain, ne réagissait pas comme eux.

    Que pouvait-elle être d'autre ?

    - Quoi ?
    - Rien.

    Mike Newton nous interrompit en pénétrant dans la pièce avec sa charge de pensées violente et de ressentiments.

    - Tu as l'air d'aller beaucoup mieux. Lui dit-il d'un ton accusateur qui frôlait la grossièreté.

    Ma main frémit, désirant lui apprendre les bonnes manières. Il allait falloir que je me surveille, sinon j'allais finir par vraiment tuer cette espèce d'insupportable morveux.

    - Contente-toi de garder tes mains dans tes poches. Dit-elle.

    Pendant un instant de délire, je cru qu'elle s'adressait à moi.

    - Le test est fini, dit-il d'un ton maussade. Tu reviens en cours ?
    - Tu plaisantes ? Je me retrouverais ici aussi sec.

    Parfait. Moi qui croyais au départ que j'allais manquer une heure complète en sa compagnie, et maintenant j'avais droit à du temps supplémentaire. Je sentis l'avidité monter en moi, comptant chaque minute.

    - Mouais...Au fait, tu es partante, pour ce weekend ? La balade à la mer ?

    Ah, ils avaient des projets ensemble. La colère me figea là où j'étais. C'était une sortie de groupe. J'en avais entendu parler – dans la tête de certains élèves. Il n'empêche que j'étais furieux. Je m'adossais au comptoir, essayant de me calmer.

    - Bien sûr, lui promit-elle, c'était entendu, non ?

    Alors comme ça elle lui avait dit oui, à lui aussi. La jalousie me brûlait, plus douloureuse que la soif.

    Non, ce n'était qu'une sortie de groupe, essayai-je de me convaincre. Elle passait la journée avec ses amis, point barre.

    - Rendez-vous au magasin de mon père, alors. A dix heures. Et Cullen n'est PAS invité.
    - J'y serai
    - On se voit en gym
    - C'est ça.

    Il retourna en cours, ses pensées fulminant contre moi. Qu'est-ce qu'elle lui trouve, à ce monstre ? Bon, il est riche, c'est sûr. Les poulettes le trouvent hot, mais je ne vois vraiment pas en quoi. Il est trop...trop parfait. Je parie que le père fait ses expériences de chirurgie plastique sur eux. C'est pour ça qu'ils sont tous si beau et pâles. Ce n'est pas naturel tout ça. Et puis aussi il est un peu...effrayant. Parfois quand il me regarde, je jurerais qu'il pense à la meilleure manière de m'assassiner...Sale monstre...

    Mike ne manquait pas totalement de discernement.

    - Ah, la gym ! Répéta Bella. Un gémissement.

    Je la regardai, et vis que quelque chose la chagrinait. Je n'étais pas sûr de savoir quoi, mais il était évident qu'elle ne voulait pas retrouver Mike dans son prochain cours, et cela m'allais parfaitement.

    Je vins à ses côtés et me penchais si près de son visage que je pouvais sentir la chaleur que sa peau irradiait sur mes lèvres. Je n'osai pas respirer.

    - Je peux arranger ça. Murmurai-je à son oreille. Va t'assoir et tâche d'avoir l'air malade.

    Elle s'exécuta, s'asseyant sur une chaise pliante et appuya son dos sur le mur tandis que, derrière moi, Mme Cope revint s'assoir à son comptoir. Avec ses yeux fermés, Bella semblait bel et bien évanouie. Toutes ses couleurs ne lui étaient pas encore revenues.

    Je me tournais vers la secrétaire. Une chance que Bella nous écoute, pensais-je ironiquement. Ainsi elle saurait comment un humain était censé réagir face à moi.

    - Mme Cope ? L'appelai-je, usant de ma voix la plus persuasive.

    Ses yeux papillonnèrent et son cœur s'affola. Trop jeune, contrôle toi !
    - Oui ?

    Intéressant. Si le pouls de Shelly Cope s'accélérait, c'était parce qu'elle me trouvait physiquement attirant, pas parce qu'elle avait peur de moi. Je m'étais depuis longtemps habitué à cette réaction des humaines que je rencontrais...mais je n'avais jusqu'à présent jamais envisagé cette explication pour ce qui était du pouls de Bella.

    Cela me plaisait. Beaucoup trop, à vrai dire. Je souris, et la respiration de Mme Cope devint plus bruyante.

    -Bella a cours de gym, après, et je ne pense pas qu'elle soit assez bien. Elle fait, je me demande si je ne devrais pas la ramener chez elle. Vous croyez que vous pourriez lui épargner cette épreuve ?

    Je la regardais droit dans ses yeux, hilare face au bug qui ralentissait son processus de pensée – et dont j'étais sans aucun doute à l'origine. Etait-il possible que Bella... ?

    Mme Cope dû déglutir bruyamment avant de pouvoir répondre.

    - Et toi, Edward, tu as aussi besoin d'un mot d'excuse ?
    - Non, j'ai Mme Goff, elle comprendra.

    Je ne lui accordais plus la même attention à présent, tant je m'abîmais dans cette nouvelle possibilité qu'il me fallait explorer. Hmm. J'aimerais croire que Bella puisse me trouver attirant, comme c'était le cas des autres humaines, mais y avait-il une seule occasion où Bella réagissait comme les autres ? Je ne devais pas me faire d'illusions.

    - Bon, c'est d'accord. Tu te sens mieux, Bella ?

    L'intéressée opina faiblement – sur-jouant un peu.

    - Tu es en état de marcher où il faut que je te porte ? Demandai-je, amusé par son mauvais jeu d'actrice.

    Elle allait dire qu'elle allait se débrouiller. Elle ne voulait pas sembler faible.

    - Je me débrouillerai

    Encore gagné. Je devenais bon à ce petit jeu.

    Elle se leva, hésita pendant une seconde, comme pour tester son équilibre. Je lui tins la porte, et nous sortîmes sous la pluie.

    Alors que je la regardais, elle leva le visage vers la pluie, les yeux clos, un léger sourire aux lèvres. Mais à quoi pensait-elle ? Quelque chose dans son attitude clochait, et je sus vite pourquoi cette posture ne m'était pas familière. Les filles humaines normale ne font jamais ça, parce qu'elles mettent du maquillage, même ici, dans cette ville dégoulinante d'humidité.

    Bella ne se maquillait jamais, et elle avait bien raison. L'industrie des cosmétiques recevaient des milliards de dollars de la part de femmes qui tentent par tous les moyens d'avoir une peau comme la sienne.

    - Ca vaudrait presque le coup d'être malade, ne serait-ce que pour manquer la gym, me dit-elle en me souriant. Merci.

    Je balayai le campus du regard, cherchant un moyen la garder un peu plus longtemps près de moi.
    - De rien. Répondis-je.
    - Tu viendras ? Samedi ? Demanda-t-elle, pleine d'espoir.

    Ah, comme son espoir était apaisant. Elle me voulait auprès d'elle, moi, pas Mike Newton. Et je désirais dire oui. Mais il y avait tellement de choses à prendre en considération. Premièrement, ce Samedi, le temps serait dégagé, il y aurait du soleil...

    - Où allez-vous, exactement ? Demandai-je en essayant de prendre une voix distante, comme si cela m'importait peu.

    Mike avait parlé de plage. Mes chances de me cacher du soleil étaient minces.

    - A La Push. First Beach pour être exacte.

    Zut! Et bien, c'était impossible.

    De toute façon, Emmett m'en aurait voulu si j'avais décidé d'annuler nos plans.

    Je lui jetai un regard en biais, souriant d'un air ironique

    - Je ne crois pas avoir été invité.
    - Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Soupira-t-elle, déjà résignée.
    - Soyons sympa avec ce pauvre Mike, toi et moi. Ne le provoquons pas plus que nécessaire. Nous ne voudrions pas qu'il morde.

    Je m'imaginais mordre le pauvre Mike moi-même, image qui me provoqua un intense plaisir.

    - Maudit Mike. Dit-elle, dédaigneuse cette fois encore. Je souris de toutes mes dents.

    Puis, elle commença à s'éloigner de moi.

    Sans réfléchir, je la rattrapai par le dos de son coupe-vent. Elle sursauta et s'arrêta.

    - Où crois-tu aller, comme ça ?

    J'étais presque en colère de la voir me quitter ainsi. Je n'avais pas encore eu mon compte. Elle ne pouvait pas partir, pas encore.

    - Ben...à la maison. Dit-elle, comme si c'était évident.
    - J'ai promis de te ramener saine et sauve chez toi. Tu t'imagines que je vais te laisser conduire dans cet état.

    Je savais pertinemment qu'elle n'allait pas apprécier ça – que je me sente personnellement concerné par sa faiblesse. Mais il fallait que je m'entraîne pour le voyage à Seattle, de toute manière. Voir si je pouvais supporter d'être seul avec elle dans un espace clos.

    - Quel état ? s'indigna-t-elle. Et ma voiture ?
    - Alice te la déposera après les cours.

    Je la dirigeai vers ma voiture précautionneusement, comme je savais que le simple fait de faire un pas devant l'autre lui posait problème.

    - Lâche-moi ! Cria-t-elle en trébuchant sur le trottoir, tombant presque.

    Je voulu la rattraper, mais elle s'était déjà redressée. Je ne devrais pas être sans arrêt en quête de prétexte pour la toucher. Cela me fit repenser à l'attitude qu'avait eue Mme Cope à mon égard, mais je reportai cela à plus tard. J'avais autre chose en tête pour le moment.

    Je la lâchai près de ma voiture, et elle s'affala contre la portière. J'aurais dû être encore plus prudent, faire plus attention à son manque d'équilibre...

    - Quelle délicatesse !
    - C'est ouvert.

    Je m'installai au volant et démarrai la voiture. Elle se tenait droite comme un I, toujours à l'extérieur, alors que la pluie redoublait d'intensité et que je savais qu'elle n'aimait ni le froid, ni l'humidité. L'eau trempa ses cheveux épais, les assombrissant jusqu'à ce qu'ils semblent être noirs.

    - Je suis parfaitement capable de rentrer chez moi toute seule !

    Bien entendu. Le seul problème était que je n'étais pas capable de la laisser partir.
    Je baissai la fenêtre et me penchai vers elle.

    - Monte, Bella.

    Ses yeux se rétrécirent, et je devinai qu'elle était en train de se demander si elle devait s'enfuir ou pas.

    - Je te jure que je te trainerais là-bas par la tignasse s'il le faut. Lui promis-je.

    L'expression chagrine qu'elle aborda lorsqu'elle se rendit compte que je pensais chaque mot que j'avais dit me donna envie de rire.

    Le menton en l'air, elle ouvrit la portière et s'installa. Ses cheveux dégoulinèrent sur le cuir et ses bottes couinèrent.

    - Tout cela est inutile. Dit-elle d'un ton glacial.

    En vérité, j'étais sûr qu'elle était extrêmement embarrassée. Je montai le chauffage pour la mettre à l'aise et mis la musique en sourdine. Je me dirigeai vers la sortie, l'épiant tout de même du coin de l'œil. Sa lèvre inférieure dépassait d'un air opiniâtre. Je continuai à contempler sa bouche, essayant d'analyser l'effet que cela me faisait...repensant à la réaction de la secrétaire...

    Soudain, elle regarda la stéréo et sourit, ses yeux écarquillés par l'étonnement.

    - Clair de Lune ? Reconnu-t-elle.

    Une fan de classiques ?

    - Tu connais Debussy ?
    - Pas bien, dit-elle. Ma mère est une fan de classique. Je ne reconnais que mes morceaux préférés.
    - C'est également l'un de mes favoris.

    Je m'abîmai dans la contemplation de la pluie, méditant. Alors ainsi j'avais au moins un point commun avec cette fille. J'avais commencé à penser que tout nous opposait.

    Elle sembla plus détendue maintenant, regardant également la pluie tomber, les yeux perdus dans le vide. Je mis à profit ce moment d'inattention pour essayer de respirer à nouveau.

    J'inspirai prudemment par le nez

    Puissant

    Je m'agrippai au volant. La pluie la faisait sentir encore meilleur. Je n'aurais jamais cru cela possible. Stupidement, je m'imaginais soudain le goût que cela pourrait avoir.

    J'essayai de ravaler ma soif, d'ignorer la brûlure dans ma gorge, de penser à quelque chose d'autre.

    - De quoi ta mère a l'air ? Demandai-je, en quête de distraction.
    - Elle me ressemble beaucoup, en plus jolie. Dit-elle avec un sourire.

    J'en doutais.

    - Je tiens pas mal de Charlie. Continua-t-elle. Elle est plus extravertie que moi, plus courageuse.

    J'en doutais également.

    - Irresponsable, un peu excentrique. Sa cuisine est imprévisible. Je l'adore.

    Il y avait de la mélancolie dans sa voix à présent ; son front se plissa.

    Cette fois encore, on aurait cru entendre un parent plutôt qu'un enfant.

    Je m'arrêtai devant chez elle, me rappelant un peu tard que je n'étais pas supposé savoir où elle habitait. Mais bon, avec un père plutôt connu dans les environ, ça n'allait sûrement pas la choquer...

    - Quel âge as-tu, Bella ?

    Elle devait être plus âgée que ses pairs. Peut-être avait-elle commencé l'école plus tard que les autres, où qu'elle avait redoublé...ce serait surprenant, cependant.

    - Dix-sept ans.
    - Tu fais plus.

    Elle rit.

    - Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
    - Ma mère passe son temps à répéter que j'avais trente-cinq ans à la naissance et je suis un peu plus dans la force de l'âge chaque année, dit-elle en riant avant de pousser un soupir. Il faut bien que quelqu'un soit adulte.

    Cela clarifiait pas mal de chose. Je pouvais voir maintenant...comment l'irresponsabilité de la mère expliquait l'extraordinaire maturité de Bella. Elle avait du mûrir très vite, pour devenir l'adulte de la maison. C'était pourquoi elle n'aimait pas qu'on s'occupe d'elle – elle avait l'impression que c'était son travail.

    - Toi non plus, tu n'as pas beaucoup l'allure d'un lycéen. Dit-elle, me sortant de ma rêverie.

    Je grimaçai. A chaque fois que je perçais un de ses secrets, elle perçait l'un des miens. Je changeai de sujet.

    - Pourquoi ta mère a-t-elle épousé Phil ?

    Elle hésita une minute avant de répondre.

    - Elle...elle n'est pas très mûre, pour son âge. Je crois que Phil lui donne l'impression d'être plus jeune. Et puis, elle est folle de lui.

    Elle secoua sa tête avec indulgence

    - Tu approuves ? Demandai-je.
    - Quelle importance ? Je veux qu'elle soit heureuse...et il est ce dont elle a envie.

    L'altruisme de ce commentaire aurait dû me choquer, sauf qu'il correspondait parfaitement à tout ce que j'avais appris de sa personnalité.

    - C'est très généreux...Je me demande...
    - Oui ?
    - Pousserait-elle la courtoisie à te rendre la pareille ? Quel que soit le garçon que tu choisisses ?

    C'était une question stupide, et en plus j'avais été infichu de garder ma voix désinvolte en posant cette question. Qu'il était idiot ne serai-ce que de penser que quelqu'un pourrait me trouver m'accepter comme gendre. D'ailleurs, avant toute chose, il était stupide de penser que Bella puisse me choisir.

    - Je...je crois. Balbutia-t-elle, en réaction au regard intense que je lui avais lancé.

    Peur...ou attirance ?

    - Mais c'est elle la mère, après tout. Dit-elle. C'est un peu différent.
    - Alors, pas un type trop effrayant, j'imagine.
    - Qu'entends-tu par là ? Plaisanta-t-elle. Des piercings sur toute la figure et une collection de tatouages ?
    - C'est une des définitions possibles du mot.

    Une définition plutôt réductrice, pour ma part.

    - Quelle est la tienne ?

    Elle posait toujours les mauvaises questions. Ou exactement les bonnes, peut-être. Celles auxquels je ne voulais pas répondre, en tout cas.

    - Penses-tu que je pourrais passer pour effrayant ? Lui demandai-je, essayant tout de même de sourire un peu.

    Elle médita un moment avant de dire d'une voix calme et sérieuse :

    - Euh...oui. Si tu le voulais.
    - As-tu peur de moi, là, maintenant ?

    J'étais aussi sérieux qu'elle à présent.
    Elle répondit trop vite.

    - Non.

    Je souris plus facilement. Je ne pensais pas qu'elle était entièrement honnête, mais je ne percevais pas là un réel mensonge. Elle n'avait pas assez peur de moi pour vouloir partir, au moins. Je me demandais soudain comment elle se sentirait si je lui disais qu'elle tenait une conversation avec un vampire. J'eu mentalement un mouvement de recul lorsque j'imaginai sa réaction.

    - Et toi ? Vas-tu me parler de ta famille ? Elle doit être bien plus intéressante que la mienne.

    Plus effrayante serait le mot juste.

    - Que veux-tu savoir ? Demandai-je d'un air interdit.
    - Les Cullen t'ont adopté ?
    - Oui.

    Elle hésita, puis dit d'une petite voix.

    - Qu'est-il arrivé à tes parents ?

    Ce n'était pas très difficile, je n'avais même pas besoin de lui mentir.

    - Ils sont morts il y a des années.
    - Désolée. Murmura-t-elle, craignant de m'avoir blessé.

    Elle s'inquiétait pour moi.

    - Je ne m'en souviens pas bien. Lui assurai-je. Carlisle et Esmée les ont remplacés depuis si longtemps.
    - Et tu les aimes, en déduit-elle.
    - Oui, répondis-je en souriant. Je doute qu'il y ait meilleures personnes au monde.
    - Tu as beaucoup de chance.
    - J'en suis conscient.

    Oui, pour ce qui était de mes parents, ma chance ne pouvait être niée.

    - Et ton frère et ta sœur ?

    Si je la laissais demander plus de détails, j'allais devoir lui mentir. Je regardai l'horloge, constatant à contrecœur que mon temps avec elle était totalement écoulé.

    - Mon frère et ma sœur, sans parler de Jasper et Rosalie, vont être furieux si je les fais languir sous l'averse.
    - Désolée. Il faut que tu y ailles.

    Pourtant, elle ne bougea pas. Elle non plus ne voulait pas que notre entretien se finisse déjà. Cela le plaisait vraiment, vraiment beaucoup trop.

    - De ton côté, tu préfères sûrement récupérer ta camionnette avant que le Chef Swan rentre, histoire de ne pas avoir à mentionner le petit incident de tout à l'heure.

    J'eu un grand sourire en me remémorant son expression embarrassée tandis que je la tenais dans mes bras.

    - Je suis sûre qu'il est déjà au courant. Il n'y a pas de place pour les secrets, à Forks.

    Elle avait dit le nom de la ville avec un dégoût prononcé.

    Je ris. Pas de secrets, en effet.

    - Amuse-toi bien à la mer

    Je regardais l'averse, sachant qu'elle ne serait que de courte durée, mais espérant de toutes mes forces qu'elle reste.

    - Joli temps pour bronzer. Ajoutai-je.

    Bon, au moins Samedi il fera beau. Ca lui fera plaisir.

    - Je te vois, demain ?

    L'inquiétude dans sa voix me fit du bien.

    - Non. Emmett et moi avons décidé de nous octroyer un weekend précoce.

    J'étais en colère contre moi-même d'avoir eu cette idée. Je pouvais toujours changer mon emploi du temps...mais il n'y avait rien de tel que de chasser à outrance là bas, et ma famille se faisaient déjà assez de soucis comme ça à cause de mon attitude envers Bella, inutile de leur révéler combien j'étais devenu obnubilé par elle.

    - Qu'est-ce que vous avez prévu ? Demanda-t-elle, déçue par ma révélation.

    Bien.

    - Une randonnée du côté de Goat Rocks, au sud du mont Rainier.

    Emmett avait attendu avec impatience la saison des ours.

    - Ah bon. Profites-en bien. Dit-elle à contrecœur.

    Une fois n'est pas coutume, son manque d'enthousiasme me fit extrêmement plaisir.

    Tandis que je la regardai, je commençai à me sentir au bord de l'agonie à la simple idée de devoir lui dire au revoir, même si j'allais la revoir dans quelques jours. Seulement, elle était si douce, si vulnérable. Il semblait imprudent de la quitter des yeux, alors qu'il pouvait lui arriver n'importe quoi, même si paradoxalement, je savais que ce qui pouvais lui arriver de pire résulterait de ma proximité.

    - Accepterais-tu de me rendre un service, ce weekend ? Lui demandai-je très sérieusement.

    Elle acquiesça, ses yeux agrandis et étonnés par l'intensité de ma voix.

    Reste clair.

    - Ne le prends pas mal, mais j'ai l'impression que tu es de ces gens qui attirent les accidents comme un aimant. Alors...tâche de ne pas tomber dans l'eau ni de te faire écraser par quoi que ce soit, d'accord ?

    Je lui souris tristement, espérant de tout mon cœur qu'elle ne pouvait pas voir la tristesse dans mes yeux. Combien j'espérais qu'elle ne serait pas trop joyeuse en mon absence, quoi qu'il puisse lui arriver.

    Cours, Bella, cours. Je t'aime beaucoup trop, et cela fera ton bonheur...ou le mien.

    Elle fut offensée par ma plaisanterie. Elle me toisa.

    - On verra ! Répliqua-t-elle, bondissant hors de ma voiture et claquant la portière aussi fort qu'elle le pouvait.

    Exactement comme un petit chat furieux persuadé d'être un tigre.

    J'enroulai mes doigts autour de la clé que je venais de piocher dans la poche de sa veste, et souris alors que je faisais demi-tour. <o:p></o:p>

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  • Chapitre 5 : Invitations<o:p></o:p>



    Le lycée.
    Plus question d'appeler cela le purgatoire, à présent c'était carrément l'enfer. Feu et tourments...oui, j'avais droit aux deux.

    Je faisais exactement tout ce que j'étais supposé faire. J'avais mis tous les points sur tous les « i ». Plus personne ne pouvait s'aventurer à dire que je manquais à mon devoir désormais.

    Pour faire plaisir à Esmée et pour protéger les autres, je restai à Forks. Je replongeai dans ma vieille routine. Je ne chassais pas plus que les autres. Chaque jours, je patientais sagement au lycée et faisais semblant d'être humain. Chaque jour, j'étais à l'affut de la moindre nouveauté à propos des Cullen dans les esprits des élèves – et il n'y avait jamais rien de nouveau. La fille n'avait fait part de ses soupçons à personne. Elle se contentait de répéter inlassablement la même histoire – j'étais juste à côté d'elle et je l'ai poussé de la trajectoire du van - jusqu'à lasser ses plus acharné qui finir par tout simplement arrêter de la harceler. Il n'y avait aucun danger. Mon impulsion n'avait fait de mal à personne.

    Uniquement à moi-même.

    J'étais déterminé à changer le futur. Ce n'était pas une tâche facile à réaliser tout seul, certes, mais je n'avais pas le choix.

    Alice soutenait que je ne serais pas assez fort pour m'éloigner d'elle. J'allais lui prouver le contraire.

    Je pensais que le premier jour serait le plus dur à passer. A la fin de celui-ci, j'en étais certain. Je me trompais, cependant.

    J'étais réticent, sachant que j'allais la blesser. Je me consolai en me disant que la peine qu'elle ressentirait ne serait qu'une chiquenaude – rien d'autre que la légère sensation d'être rejetée – en comparaison de la mienne. Bella était humaine, et elle savait que j'étais quelque chose d'autre, quelque chose de maléfique, quelque chose d'effrayant. Elle allait sûrement se sentir plus soulagée qu'autre chose en me voyant me détourner d'elle et prétendre qu'elle n'existait pas.

    - Bonjour, Edward. Me salua-t-elle, ce premier jour en cour de biologie.

    Sa voix avait été amicale, agréable, bref à cent quatre-vingts degrés du ton de notre dernière conversation.

    Pourquoi ? Pourquoi ce brusque changement ? Avait-elle oublié ? Avait-elle mis l'épisode complet sur le compte de son imagination ? Se pouvait-elle réellement qu'elle m'ait pardonné pour ne pas avoir tenu ma promesse ?

    Ces questions m'avaient brulée comme la soif qui m'attaquait à chaque fois que je respirais. Un seul instant, la regarder dans les yeux. Juste histoire de voir si je pouvais y trouver quelques réponses...

    Non. Je ne pouvais même pas me permettre cela. Pas si je voulais changer le futur. J'avais tourné le menton d'un millimètre dans sa direction sans quitter le tableau des yeux. J'avais légèrement opiné, avant de reprendre ma position initiale.

    Elle ne m'adressa plus jamais la parole.

    Le soir, aussitôt que les cours s'étaient terminés, une fois que j'avais joué mon rôle, je couru jusqu'à Seattle comme je l'avais fais la veille. La douleur semblait un peu plus supportable quand je volais à travers les montagnes, que tout autour de moi se fondait en une tâche verte et floue.

    Cette course devint mon habitude quotidienne.

    Etais-je amoureux d'elle ? Je ne pensais pas. Pas encore. Les visions passagères d'Alice étaient toutes focalisées sur moi, cependant, et je pouvais voir combien il me serait aisé de tomber amoureux de Bella. Exactement comme tomber : sans effort. M'interdire de l'aime était l'opposé d'une chute – c'était comme me hisser jusqu'au sommet d'une falaise, prise après prise, la tâche aussi harassante que si je n'avais eu qu'une force humaine.

    Plus d'un mois passa, chaque jour plus dur que le précédent. Cela n'avais d'ailleurs pas le moindre sens pour moi – je m'attendais à voir mes efforts pour m'éloigner d'elle diminuer, je m'attendais à ce que ça devienne plus facile au bout d'un moment. C'était sûrement ce qu'Alice sous-entendait en prédisant que je serais incapable de me tenir éloigné d'elle. Elle avait vu l'escalade de ma douleur. Mais je pouvais supporter la douleur.

    Je n'allais pas détruire le futur de Bella. Si mon destin était de l'aimer, alors l'éviter n'était-il pas le moins que je puisse faire ?

    Cependant, l'éviter se trouvais à la limite de mes possibilités. Je pouvais faire semblant de l'ignorer, et ne jamais la regarder. Je pouvais prétendre qu'elle ne m'intéressait pas. Mais ça se limitait à ça : des faux-semblants, pas de réalité.

    J'étais toujours pendu à ses soupirs, au moindre mot qui s'échappait de ses lèvres.

    Je classai mes tourments en quatre catégories.

    Les deux premières m'étaient familières. Son parfum et son silence. Ou, plutôt – pour mettre le blâme là où il devait être, c'est-à-dire sur moi – ma soif et ma curiosité.

    La soif était de loin le plus primaire de mes tourments. J'étais à présents totalement habitué à ne pas respirer du tout en biologie. Bien évidemment, il y avait toujours des exceptions – quand j'avais à répondre à une question par exemple, et que j'étais à cour d'air pour parler. A chaque fois que je goutais l'air autour de la fille, c'était exactement comme au premier jour – le feu et le besoin aussi brutal que désespéré de me libérer. Il était difficile de rester capable de réfléchir ou de restreindre mes mouvements dans ce cas. Et, tout comme au premier jour, le monstre en moi voulais rugir, si proche de la surface...

    La curiosité était le plus constant de ses tourments. La question ne quittait jamais mon esprit : A quoi pense-t-elle maintenant ? Quand je l'entendais pousser un léger soupir. Quand elle enroulait distraitement une mèche de ses cheveux autour de son doigt. Quand elle posait ses livres sur la paillasse avec un peu plus de force que d'habitude. Quand elle se ruait en cours, en retard. Quand elle tapait nerveusement du pied par terre. Chaque petit mouvement perçut par ma vision périphérique étaient des énigmes destinées à me rendre fou. Quand elle parlait aux autres élèves, j'analysais chacun de ses mots et le ton qu'elle utilisait. Disait-elle ce qu'elle pensait ou ce qu'elle pensait devoir dire ? Il me semblait bien souvent qu'elle essayait de dire ce que son interlocuteur voulait entendre, et cela me rappelait l'illusion quotidienne à laquelle ma famille et moi nous nous prêtions – nous étions d'ailleurs bien meilleurs qu'elle à ce petit jeu. A moins que je ne me trompe, peut-être que je m'imaginais juste des choses. Après tout, pourquoi jouerait-elle un rôle ? Elle était l'un des leurs – une adolescente humaine.

    Mike Newton était le plus surprenant de mes tourments. Qui aurait pu suspecter qu'un mortel aussi banal qu'ennuyeux puisse se révéler aussi agaçant ? Pour être loyal, il m'aurait fallu montrer un peu de gratitude envers ce garçon : plus que quiconque, il faisait parler la fille. J'en apprenais tant sur elle par le biais de leurs conversations – je composais toujours ma liste – mais au contraire, l'assistance de Mike ne faisait qu'aggraver mon cas. Je ne voulais pas que Mike soit celui qui lui tire ses secrets. Je voulais que ce soit moi.

    Ca aidait un peu qu'il ne remarque jamais ses petites révélations, ses légers faux-pas. Il ne savait rien d'elle. Il s'était crée de toutes pièces une Bella qui n'existait pas – une fille aussi banale que lui. Il n'avait pas vu l'altruisme et la bravoure qui la différenciait des autres humains, il ne percevait pas l'incroyable maturité de ses paroles. Il ne voyait pas que lorsqu'elle parlait de sa mère, on dirait un parent parlant de son enfant plutôt que l'inverse – aimante, indulgente, un peu amusée, et férocement protectrice. Il n'entendait pas la patience dans sa voix quand elle faisait semblant de s'intéresser à ses histoires ennuyantes, et n'avait pas la moindre idée de la gentillesse derrière cette patience.

    Toutes ces conversations avec Mike me permirent d'ajouter l'élément le plus important de ma liste de ses qualités, le plus révélateur de tous, aussi simple qu'il était rare. Bella était doté d'une grande bonté. Tous les autres éléments rejoignaient parfaitement ce dernier – gentille, modeste, altruiste, adorable, aimante et courageuse. Sa bonté traversait toutes les facettes de sa personnalité.

    Ces découvertes encourageantes ne heurtèrent pas l'esprit du garçon, pourtant. Cette vision possessive qu'il avait de Bella – comme si elle était un objet qu'on acquiert – me provoquait presque autant que les fantasmes obscènes qu'il avait à son sujet. Il gagnait en assurance, également, le temps passant, persuadé que Bella le préférait lui à tous ceux qu'il considérait comme ses rivaux – Tyler Crowley, Eric Yorkie, et même, à la rigueur, moi-même. Il avait prit l'habitude de s'assoir sur son côté de notre table avant que le cours ne débute, discutant avec elle, encouragé par ses sourires. Rien que des sourires polis, me persuadais-je. De la même manière, je m'amusais souvent à m'imaginer l'envoyer voler à l'autre bout de la pièce pour qu'il aille s'écraser sur le mur...ça n'allait pas probablement pas le blesser mortellement...

    Mike ne pensait pas souvent à moi comme à un rival. Après l'accident, il s'était inquiété que Bella et moi, on ne tisse des liens suite à notre expérience partagée, mais manifestement l'incident avait plutôt eu l'effet opposé. Il avait de toute manière toujours eu peur que j'accapare l'attention de Bella. Mais à présent que je l'ignorais tout autant que les autre, son assurance ne cessait de grandir.

    A quoi pensait-elle à présent ? Comment accueillait-elle son attention ?

    Enfin, le dernier de mes tourments, le plus douloureux : l'indifférence de Bella. Elle m'ignorait autant que je l'ignorais. Elle n'essaya plus jamais de me reparler. Pour autant que j'en sache, elle ne pensait jamais à moi.

    Cela aurait pu me rendre fou – ça aurait même pu détruire mes résolutions pour ce qui était de changer le futur – sauf que parfois, elle me regardait comme elle le faisait avant. Je ne le voyais pas moi-même, car je ne pouvais tout simplement pas me permettre de la regarder, mais Alice nous prévenait toujours à chaque fois qu'elle était sur le point de lever les yeux vers nous ; les autres restaient prudents vis-à-vis de la connaissance problématique de la jeune fille.

    Cela soulageait un peu ma douleur, qu'elle me regarde de loin, de temps en temps. Bien sûr, elle devait sans doute se contenter de se demander quelle espèce de monstre je pouvais être.

    - Bella va admirer Edward dans une minute. Ayez l'air normal. Chantonna Alice un Mardi de Mars.

    Les autres prirent grand soin de gigoter et de balancer leur poids d'une jambe à l'autre comme les humains : l'immobilité absolue était une marque distinctive de notre race.

    Je commençai à compter le nombre de fois qu'elle regardait dans ma direction. Cela me faisait plaisir, même si ça n'aurait pas dû, que la fréquence ne déclinait pas avec le temps. Je ne savais pas ce que cela signifiait, mais ça me faisait me sentir mieux.

    Alice soupira. J'aimerais tellement...
    - Reste en dehors de ça, Alice. Soufflai-je. Ca n'arrivera pas.

    Elle fit la moue. Alice avait hâte de fonder cette amitié qu'elle s'était vue avoir avec Bella. D'une étrange manière, cette fille qu'elle ne connaissait pas lui manquait.

    Je l'admets, tu es plus fort que ce que je croyais. Tu as rendu le futur aussi flou et insensé qu'autrefois. J'espère que tu es content.

    - Au contraire Alice, tout cela a parfaitement un sens pour moi.

    Elle gronda doucement.
    J'essayai de la faire taire, trop nerveux pour pouvoir supporter une conversation. Je n'étais pas de très bonne humeur – j'étais plus tendu que je ne le laissais paraître. Seul Jasper, avec sa capacité à sentir et à influencer les états d'âmes des autres, était au courant de ma tension et sentait le stress émaner de moi. Il ne comprenait pas les raisons de ces sensations, cependant, et – comme j'étais sans arrêt d'une humeur noire ces derniers jours – il n'y prêtait pas attention.

    Aujourd'hui allait être un jour difficile. Plus dur à passer que le précédent, comme le voulais la tradition.

    Mike Newton, cet odieux jeune garçon que je ne pouvais me permettre de considérer comme un rival, allait demander à Bella de sortir avec lui.

    Le bal de printemps pointait son nez à l'horizon, et c'était aux filles de choisir leur partenaire, et il avait espéré de toutes ses forces que Bella le choisisse, lui. Qu'elle ne l'ait pas encore fait avait ébranlé sa confiance en lui. A présent il était dans une situation délicate – et je savais que je ne devrais pas normalement être aussi amusé par sa gêne – car Jessica Stanley venait tout juste de lui demander d'être son cavalier. Il ne voulait pas dire « oui », espérant toujours que Bella le choisisse (lui permettant ainsi de prouver sa victoire à ses rivaux), mais il ne voulait pas non plus dire « non » et finir sans partenaires. Jessica, blessée par son hésitation et supposant la raison de celle-ci, fulminait contre Bella. Cette fois encore, j'eu le désir impulsif de me placer entre les pensée destructrices de Jessica et Bella. A présent je commençais à mieux comprendre ce désir, mais cela rendait encore plus frustrant le fait de ne pas pouvoir le satisfaire.

    Qui l'eu cru ! Me voilà obnubilé, sinon carrément obsédé par de petits feuilletons de lycéens, ces mêmes feuilletons que je méprisais autrefois.

    Mike rassembla tout son courage et avança vers Bella en biologie. J'écoutais sa lutte intérieure tandis que j'attendais sa venue, assis à côté d'elle. Ce garçon était faible. Il avait attendu ce bal exprès, car il avait peur que son béguin ne soit connu de tous avant qu'elle n'ait elle-même montré une préférence à son égard. Il ne voulait pas se sentir vulnérable à un possible rejet, et préférait que ce soit elle qui fasse le premier pas.

    Lâche.

    Il s'assit sur notre table, se mettant à l'aise, comme s'il était chez lui, et j'imaginai le son que cela pourrait produire si son corps percutait le mur d'en face assez violement pour que tous ses os se brisent sous le choc.

    - Tu sais, dit-il à la fille, ses yeux vissés au sol, Jessica m'a invité au bal.
    - Super ! Répondit immédiatement avec enthousiasme. Vous allez vous éclater.

    C'était difficile de ne pas sourire devant la façon dont le ton de sa voix s'encra dans l'esprit de Mike. Il avait espéré qu'elle serait déçue. Il se dépatouilla pour trouver une réponse adéquate.

    - C'est que...

    Il hésitait, à deux doigts de se dégonfler. Puis il se ressaisit et ajouta

    - Je lui ai répondu que j'avais besoin d'y réfléchir.
    - Quelle idée ! Plastronna-t-elle.

    Son ton était désapprobateur, mais s'y pointait également une touche de soulagement.

    Qu'est-ce que cela signifiait ? Une furie aussi intense qu'imprévue transforma mes mains en poings.

    Mike n'avait pas perçut la touche de soulagement. Son visage était rouge, le sang affluait – vu la violence qui venait de monter en moi, cela ressemblait fort à une invitation – et il regarda le sol à nouveau pour parler.

    - Je me demandai si...euh, si tu comptais m'inviter, toi.

    Bella hésita.

    A ce moment précis, ce moment d'hésitation, je pu voir le future plus clairement qu'Alice ne l'avait jamais fait.

    La fille allait dire oui à la question tacite de Mike, ou peut-être que non, mais de toute manière, un jour, bientôt, elle allait dire oui à quelqu'un. Elle était adorable et intrigante, et ça les hommes allaient le remarquer – ils le remarquaient déjà. Qu'elle jette son dévolu sur quelqu'un parmi cette foule terne, ou qu'elle attende d'être libérée de Forks, un jour viendra ou elle dirait oui.

    Je vis sa vie comme je l'avais fais autrefois – université, carrière...amour, mariage. Je la vis au bras de son père, à nouveau, vêtue de soie blanche et de tulle, son visage rouge de bonheur tandis qu'elle se déplaçait lentement au rythme de la marche de Wagner.

    La douleur fut plus forte que tout ce que j'avais pu endurer par le passé. Un humain aurait été au bord de l'agonie devant une telle souffrance – un humain ne s'en relèverait pas.

    Et ce n'était pas uniquement de la douleur, mais aussi, carrément de la rage.

    Ma furie avait désespérément besoin d'un exutoire physique. Même si ce garçon ingrat et insignifiant avait peu de chance d'être celui à qui Bella dirait oui, je mourais d'envie d'écraser son crâne entre mes paumes, de le faire payer, lui, à la place de cette personne.

    Je ne comprenais pas cette émotion – c'était un étrange mélange de douleur, de rage, de désir et de désespoir. Je n'avais jamais ressentit cela auparavant, et je ne pouvais pas mettre un nom dessus.

    - Mike, je crois que tu devrais accepter. Dis Bella d'une voix douce.

    Les espoirs de Mike se cassèrent royalement la figure. En d'autres circonstance, cela m'aurait beaucoup amusé, mais j'étais perdu dans le contrecoup de cette douleur – et dans le remords pour l'effet que cette douleur et cette rage avait eu sur moi.

    Alice avait raison. Je n'étais pas assez fort.

    En cet instant précis, Alice devait sûrement être en train d'observer le futur changer à nouveau de cap pour se retrouver à nouveau dépendant du choix déchirant entre ces deux destinées. Etait-elle satisfaite ?

    - Tu as déjà choisi quelqu'un ? Demanda soudain Mike.

    Il me toisa, méfiant envers moi pour la première fois depuis des semaines. Je réalisai trop tard que je m'étais fourvoyé : ma tête était à présent légèrement tournée vers Bella.

    L'envie sauvage qui envahit ses pensées – une envie envers quiconque serait préféré de Bella – m'aida soudain à mettre un nom sur mon étrange émotion.

    J'étais jaloux.

    - Non. Répondit la fille, une trace d'humour dans sa voix. J'ai bien l'intention de sécher le bal.

    Parmi mes remords et ma colère, je ressentis du soulagement à ses mots. Soudainement, je m'étais mis à dresser la liste de mes rivaux.

    - Pourquoi ? Demanda Mike.

    Son ton avait été presque grossier. Qu'il lui parle de cette manière m'offensait. Je retins un grognement.

    - Je vais à Seattle, ce samedi là. Répondit-elle.

    Ma curiosité ne fut pas aussi vicieuse que d'habitude, cette fois, car je savais que j'étais en mesure de la satisfaire. Je saurais le pourquoi du comment de cette nouvelle révélation en temps et en heures.

    Mike prit un ton dragueur qui me déplut fortement.

    - Tu ne peux pas choisir un autre weekend ?
    - Non, désolée. Dis brusquement Bella. En tout cas, tu ne devrais pas faire attendre Jessica plus longtemps. C'est impoli.

    Sa sollicitude pour Jessica éteignit d'un soudain les flammes de ma jalousie. Cette excursion à Seattle était clairement une excuse pour dire non – avait-elle refusé par pure loyauté envers son amie ? Elle était bien assez altruiste pour ça. Désirait-elle en réalité dire oui ? Ou peut-être était-ce totalement différent : était-elle intéressée par quelqu'un d'autre ?

    - Ouais, marmonna Mike, tu as raison.

    Il était tellement démoralisé que j'avais presque pitié de lui. Presque.

    Il détacha son regard de la jeune fille, interrompant mon angle de vue de son visage par ses pensées.

    Je n'allais pas tolérer ça.

    Je me tournai pour voir son visage de mes propres yeux, pour la première fois depuis plus d'un mois. C'était incroyablement soulageant de me permettre cela, comme une bouffée d'air après une longue apnée.

    Ses yeux étaient clos, et ses mains se pressaient de chaque côté de son visage. Ses épaules étaient légèrement courbées en avant, en position défensive. Elle secoua un peu sa tête, comme si elle essayait de chasser une pensée de son esprit.
    Frustrant. Fascinant.

    La voix de M. Banner la tira de ses rêveries, et ses yeux s'ouvrirent lentement, avant de se poser presque immédiatement sur moi, sentant peut-être mon regard. Elle soutint mon regard avec la même expression abasourdie qui m'avait hantée pendant si longtemps.

    En cet instant, il ne restait plus aucune trace de remord, de culpabilité ou de rage en moi. Je savais que tout cela allait revenir, et revenir bientôt, mais pour le moment je subissais une étrange escalade de nervosité. Un sentiment de victoire, plutôt que de défaite.

    Elle ne détourna pas les yeux, même si je la fixais avec une intensité inappropriée, essayant vainement de tirer quelque information de son regard de chocolat fondu, un regard plein de question, plutôt de que réponses.

    Je pus voir mon propre reflet dans ses yeux, et je vis que les miens étaient noircis par la soif. Cela faisait presque deux semaines que je n'avais pas chassé ; je n'avais pas choisi le bon jour pour laisser ma volonté d'écrouler. Mais cette noirceur ne semblait pas l'effrayer. Elle ne détournait toujours pas le regard, et un rose au pouvoir de séduction purement dévastateur vint colorer sa peau.

    A quoi pensait-elle maintenant ?

    J'avais presque posé ma question à haute voix, mais à ce moment là, M. Banner m'avait appelé. Je dénichai la bonne réponse dans sa tête pendant de que tournai la tête dans sa direction.

    J'inspirai brièvement

    - Le Cycle de Krebs.

    La soif m'écorcha la gorge, banda mes muscles et remplis ma bouche de venin, et je fermais les yeux, essayant de me concentrer malgré le désir que son sang m'inspirait rageusement.

    Le monstre était plus fort qu'avant. Le monstre se réjouissait. Il embrassait pleinement se futur coupé en deux que je lui avais offert sur un plateau, ce « fifty-fifty » auquel il inspirait si vicieusement. Le troisième, ce future incertain que j'avais tenté de construire par la force de ma seule volonté venait de s'effondrer – détruite par une banale jalousie de surcroit – et à présent, le monstre n'avais jamais été aussi près du but.

    Le remord et la culpabilité me brulèrent en même temps que la soif, et, s'ils en avaient été capables, mes yeux se seraient remplis de larmes.

    Qu'avais-je fait ?

    Sachant que le combat était dors et déjà perdu, il ne semblait plus subsister la moindre raison qui puisse m'empêcher de faire ce que je désirais : je me tournai et la regardai à nouveau.

    Elle s'était cachée derrière un épais rideau de ses cheveux sombres, mais je pouvais tout de même distinguer entre les mèches que ses joues étaient cramoisie à présent.

    Le monstre aimait ça.

    Elle ne croisa pas mon regard à nouveau, mais elle tritura nerveusement l'un de ses cheveux entre ses doigts. Ses doigts fins, son poignet délicat, ils étaient si fragiles, comme si je pouvais les casser d'un simple souffle.

    Non, non, non. Je ne pouvais pas faire ça. Elle était trop fragile, trop bonne, trop précieuse pour mériter ce sort. Je ne pouvais pas permettre à ma vie d'entrer en collision avec la sienne, et de la détruire.

    Mais je ne pouvais pas non plus rester éloigné d'elle. Alice avaient raison depuis le début.

    Le monstre en moi feula de frustration tandis que j'hésitais, considérant d'abord une solution, puis l'autre.

    Mon heure en sa compagnie passa bien trop vite, alors que je vacillais toujours d'un choix à l'autre. La cloche sonna, et elle commença à rassembler ses affaires sans me regarder. Cela me déçu, mais je ne pouvais rien attendre d'autre de sa part. Mon attitude envers elle depuis l'accident était tout bonnement inexcusable.

    - Bella. L'appelai-je, incapable de me retenir.

    Ma volonté tombait déjà en lambeaux. Elle hésita avant de me regarder ; lorsqu'elle se retourna, elle était sur ses gardes, méfiante.

    Je me rappelai qu'elle avait toutes les raisons du monde de ne pas me faire confiance. Que c'était la meilleures des attitudes qu'elle puisse avoir.

    Elle attendait que j'ajoute quelque chose, mais je me contentais de la regarder, de lire dans son visage. J'inspirais régulièrement et à petites bouffées, combattant ma soif.

    - Quoi ? Dit-elle finalement. Tu me parles de nouveau ?

    Il y avait une pointe de ressentiment dans sa voix qui était, à l'instar de sa colère, attendrissante. Ca me donnait envie de sourire.

    Je n'étais pas sur de savoir quelle réponse lui donner. Lui reparlai-je, au sens où elle l'entendait ?

    Non. Pas si je pouvais faire autrement. Et j'allais tout faire pour ça.

    - Non, pas vraiment. Lui dis-je.

    Elle ferma les yeux, ce qui me frustra. Elle coupait mon meilleurs accès à ses sentiments. Elle prit une longue, profonde inspiration sans rouvrit les yeux. Ses mâchoires étaient serrées.

    Ses yeux toujours clos, elle parla. Voilà qui n'était certainement pas un moyen de conversation très répandu chez les humains. Pourquoi s'y prenait-elle de cette manière ?

    - Alors, qu'est-ce que tu veux, Edward ?

    Le son de mon nom sur ses lèvres déclencha une réaction étrange dans mon corps. Si mon cœur battait encore, il se serait affolé.

    Mais comment lui répondre ?

    Par la vérité, décidai-je. J'allais me montrer aussi fiable que possible avec elle désormais. Je ne voulais pas qu'elle se méfie de moi, même si espérer sa confiance était tout simplement impossible.

    - Je te prie de m'excuser. Lui dis-je.

    C'était surement la chose la plus vraie qu'elle n'entendrait jamais de ma part. Malheureusement, je pouvais uniquement m'excuser sur mes crimes les moins graves.

    - Je ne suis pas très courtois, je sais. Mais c'est mieux comme ça, crois moi.

    Ca serait encore mieux si je pouvais continuer de me montrer discourtois. Le pouvais-je ?

    Ses yeux s'ouvrirent, toujours aussi prudents.

    - Je ne te comprends pas.

    J'essayais de la mettre en garde autant que possible.

    - Il vaut mieux que nous ne soyons pas amis. (ça elle pouvait le comprendre, c'était une fille intelligente) Fais-moi confiance.

    Son expression se durcit, et je me souvins un peu tard que je lui avais déjà demandé sa confiance – juste avant de la trahir. Je tressaillis quand ses dents grincèrent – elle s'en souvenais parfaitement, elle aussi.

    - Dommage que tu ne t'en sois pas aperçu plus tôt. Dit-elle avec colère. Tu te serais épargné tous ces regrets.

    Sous le choc, je la fixai. Que savait-elle de mes regrets ?

    - Des regrets ? De quoi ?
    - De ne pas avoir laissé cet imbécile de fourgon me réduire en bouillie ! Asséna-t-elle.

    Je me figeai, abasourdi.

    Comment pouvait-elle penser cela ? Lui sauver la vie était la seule chose acceptable que j'avais faite depuis que je l'avais rencontrée. La seule chose dont je n'avais pas honte. La seule et unique chose qui me rendait fier d'exister ! Depuis la seconde où j'avais humé son odeur pour la première fois, je m'étais littéralement battu pour la garder en vie. Comment pouvait-elle penser cela de moi ? Comment osait-elle remettre en question mon unique bonne action dans tout ce foutoir ?

    - Tu penses vraiment que je regrette de t'avoir sauvée ?
    - Je ne sais ! Rétorqua-t-elle.

    Son interprétation de mes intentions me laissait pantois

    - Tu ne sais rien du tout.

    Combien le fonctionnement de son esprit était incompréhensible ! Elle ne devait pas raisonner comme les autres humains. Cela pourrait expliquer son silence énigmatique. Elle était entièrement autre.

    Elle tourna brusquement la tête, ses dents grinçant à nouveau. Ses joues étaient rouges, de colère cette fois. Elle emplira violement ses livres et les tira d'un coup sec vers elle avant de partir en direction de la porte sans m'accorder un regard.

    Tout aussi irrité que je fusse, je ne pus m'empêcher de trouver sa colère un tantinet divertissante. Elle marchait d'un pas chancelant, sans regarder où elle allait, et se prit le pied dans la chambranle. Elle trébucha, et toutes ses affaires s'étalèrent sur le sol. Au lieu de se pencher immédiatement pour les ramasser, elle resta droite comme un I, sans même regarder par terre, comme si elle n'était pas certaine que ses livres en valaient la peine.

    Je me démenai pour ne pas rire.

    Personne ne me regardait : je volai à ses côté et tenais ses livres empilé dans l'ordre avant qu'elle n'eu le temps de regarder par terre.

    Elle se baissa à moitié, m'aperçut, et se figea. Je lui rendis ses livres, m'assurant qu'aucune parcelle de ma peau glaciale n'entre en contact avec la sienne.

    - Merci. Dit-elle d'une voix froide, sévère

    Ce ton fit revenir mon irritation.

    - De rien.

    Elle se redressa et partit à grands pas vers son prochain cours.

    Je la suivi des yeux jusqu'à ce que je ne pus plus voir son visage en colère.

    Je passai le cours d'Espagnol dans les nuages. Mme Goff ne me reprocha jamais mon inattention – consciente du fait que mon Espagnol était bien supérieur au sien – et me laissa tout loisir de rêver

    Donc, je ne pouvais ignorer la fille. C'était évident. Mais cela voulait-il forcément dire que je n'avais pas d'autre choix que de la détruire ? Ca ne pouvait pas être le seul avenir possible. Il devait y avoir une autre solution. J'essayai de penser à un moyen de...

    Je ne prêtai attention à Emmett que vers la fin de l'heure. Il était curieux – Emmett n'était peut-être pas doué pour voir clairement les changements d'humeur chez les autres, lui, mais cela ne l'avait pas empêché de remarquer un changement manifeste chez moi. Il se demandait ce qui avait bien pu ôter mon habituelle humeur massacrante de mon visage. Il chercha à définir ce changement, et décréta finalement que j'avais l'air plein d'espoir

    Plein d'espoir? C'était donc cela que l'on voyait en me regardant ?

    Je méditai sur l'idée que je me faisais de l'espoir tandis que nous nous dirigions vers la Volvo, me demandant ce que je pouvais bien espérer.

    Mais je n'eu pas le temps de méditer à ce sujet. Sensible que j'étais à toute pensée se rapportant à la fille, le son du nom de Bella dans la tête de...de mes rivaux, je suppose que je devais l'admettre, attira mon attention. Eric et Tyler, ayant apprit – à leur grande satisfaction – l'échec de Mike, se préparaient à tenter leur chance.

    Eric était déjà en place, placé près de sa camionnette, là où elle ne pourrait pas le louper. La classe de Tyler était retenue un peu plus longtemps pour recevoir une consigne, et il se dépêchait pour la rattraper avant qu'elle ne s'échappe.

    Je devais absolument voir ça.

    - Attend les autres ici, d'accord ? Murmurai-je à Emmett.

    Il me dévisagea d'un air soupçonneux, puis haussa les épaules et acquiesça.

    Ce gosse a perdu la tête. Pensa-t-il, amusé par mon étrange requête.

    Je vis Bella arriver du gymnase, et attendis là où elle ne pourrait pas me voir. Alors qu'elle s'approchait de l'embuscade d'Eric, je m'approchai à grands pas, calculant mes pas pour pouvoir arriver à leur niveau pile au bon moment.

    Je vis son corps se raidir à la vue du garçon qui l'attendait. Elle se figea un moment, puis se détendit et s'approcha.

    - Salut ! L'entendis-je le saluer d'une voix amicale.

    Je ressentis alors une soudaine anxiété totalement imprévue. Et si cet adolescent dégingandé et boutonneux lui plaisait ?

    Eric déglutit bruyamment, faisant rebondir sa pomme d'Adam.

    - Salut, Bella.

    Elle ne semblait pas consciente de sa nervosité.

    - Quoi de neuf ? Demanda-t-elle, déverrouillant sa camionnette sans regarder son air effrayé.
    - Euh, je me demandais juste...si tu accepterais d'aller au bal avec moi ?

    Sa voix se brisa.

    Elle leva enfin les yeux. Etait-elle décontenancée, ou flattée ? Eric ne pouvait pas la regarder dans les yeux, alors je ne pu voir son visage dans son esprit.

    - Je croyais que c'était aux filles de choisir leur cavalier ? Dit-elle d'une vois troublée.
    - Euh, ouais. Admit-t-il lamentablement.

    Ce pitoyable garçon ne m'irrita pas autant que Mike Newton, mais je ne pus pas me résoudre à ressentir la moindre compassion à son angoisse jusqu'à ce que Bella ne lui réponde d'une voix douce.

    - Je serais à Seattle ce jour là, mais merci quand même.

    Il avait déjà entendu cela ; pourtant, il était déçu.

    - Oh, marmonna-t-il, réussissant à peine à lever ses yeux jusqu'au niveau de son nez. Une autre fois peut-être.
    - C'est ça. Dit-elle.

    Aussitôt elle se mordit la lèvre inférieure, comme si elle regrettait de lui donner de faux espoirs. Cela me plu beaucoup.

    Eric baissa les bras et partit – dans la mauvaise direction.

    Je passai devant elle à ce moment précis, et l'entendis pousser un soupir de soulagement. Je ris.
    Elle tourna la tête à droite à gauche pour identifier la source du son, mais je me contentai de regarder droit devant moi, essayant de me retenir de sourire d'amusement.

    Tyler était derrière moi, courant presque pour l'attraper avant qu'elle ne prenne la route pour rentrer chez elle. Il était plus audacieux et plus serein que les deux autres ; la seule raison pour laquelle il n'avait pas approché Bella plus tôt était qu'il avait laissé Mike tenter d'abord sa chance, par respect pour lui.

    Je voulais qu'il réussisse à parler à Bella pour deux raison. Si – comme je le soupçonnais déjà – son attention n'allais faire que gêner Bella, je voulais avoir le plaisir de regarder sa réaction. Mais, si c'était l'inverse – si l'invitation de Tyler était précisément celle qu'elle espérait – alors je voulais le savoir, également.

    Je considérais Tyler Crowley comme un rival, tout en sachant que c'était mal. Il me semblait assez transparent et quelconque, mais que savais-je des goûts de Bella ? Peut-être qu'elle aime les garçons transparents...

    Je tressaillis à cette pensée. Je ne pourrais jamais être un garçon transparent. Qu'il était idiot de me placer moi-même en compétition pour obtenir son affection. Comment pourrait-elle ne serait-ce que de se soucier de quelqu'un qui était, selon toute vraisemblance, un monstre ?

    Elle était bien trop bonne pour un monstre.

    J'aurais dû la laisser s'échapper, mais mon inexcusable curiosité eu le dessus. Une fois de plus. En effet, et si Tyler loupait sa chance maintenant, et la contactait plus tard, quand il ne me serait plus possible de connaître le fin mot de l'histoire ? Je fis sortir ma Volvo de la place de parking pour la placer sur l'allée étroite, empêchant Bella de sortir.

    Emmett et les autres arrivèrent, mais il leur avait décrit mon étrange attitude, et ils marchaient lentement, tout en me regardant, essayant de savoir ce que je faisais. <o:p></o:p>

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    Je regardais la fille dans le rétroviseur. Elle lançait des regards mauvais à l'arrière de ma voiture sans me regarder, comme si elle aurait souhaité être aux volants d'un tank plutôt que d'une Chevrolet rouillée.

    Tyler se précipita dans sa voiture, et se plaça dans l'embouteillage juste derrière elle, reconnaissant pour mon inexplicable attitude. Il essaya d'attirer son attention, mais elle ne le remarqua pas. Il attendit un moment, puis sortit de sa voiture, et alla taper légèrement sur la fenêtre du côté passager.

    Elle sursauta, et le regarda avec étonnement. Après une seconde, elle baissa manuellement la vitre, semblant d'ailleurs rencontrer quelques problèmes avec.

    - Excuse-moi Tyler, dit-elle d'une voix agacée, je suis coincée derrière Cullen.

    Elle prononça mon nom de famille d'une voix dure – elle était toujours fâché.

    - Oh, je sais. Dit Tyler, pas perturbé le moins du monde par son humeur, je voulais juste te proposer quelque chose pendant qu'on est bloqué ici.

    Son sourire était bien trop sur de lui.

    Je fus content de la voir pâlir devant ses évidentes intentions.

    - Tu veux bien m'inviter au bal ? Demanda-t-il, persuader d'aller au devant d'une victoire.
    - Je ne serais pas là Tyler. Répondit-elle, l'irritation perçant toujours dans sa voix.
    - Ouais, Mike me l'a dit.
    - Alors pourquoi... ?
    - J'espérais seulement que c'était une façon sympa de l'éconduire. Dit-il en haussant les épaules.

    Ses yeux s'écarquillèrent, puis se refroidirent.

    - Désolée Tyler (elle ne semblait pas désolée du tout), je serais effectivement absente.

    Il accepta son excuse, son assurance intacte.

    - Pas grave. Il nous restera toujours le bal de promo.

    Il retourna dans sa voiture.

    J'avais eu raison d'attendre.

    L'expression horrifiée qui s'étalait sur son visage n'avait pas de prix. Ce qui répondit à une question dont je ne devrais pas vouloir à ce point la réponse : permis tous les hommes humains qui la courtisaient, aucun d'eux n'avaient droit à un traitement de faveur. Elle ne ressentait rien pour eux.

    Il y avait aussi que cette expression était certainement la chose la plus hilarante qu'il m'ait été donné de voir.

    C'est alors que ma famille arriva, étonné de me voir secoué de rire plutôt qu'en train de fixer avec des envies de meurtre tout ce sur quoi mon regard se posait.

    Qui a-t-il de si drôle ? Demanda Emmett, curieux.

    Je secouai ma tête, à nouveau pris d'un fou-rire tandis que Bella faisait rugir son engin à grands bruits. On aurait à nouveau dit qu'elle désirait un tank.

    - Démarre ! Siffla Rosalie impatiemment. Arrête de faire l'idiot. Si tu en es capable.

    Ses mots n'eurent aucun effets sur moi – je m'amusais trop. Mais je fis quand même ce qu'elle me dit.

    Personne ne me parla sur le chemin du retour. Je continuais de pouffer de temps à autre, rependant à la tête qu'avait faite Bella.

    Alors que l'on sortait de la ville – accélérant maintenant qu'il n'y avait plus de témoins – Alice ruina ma bonne humeur.

    - Alors, j'ai le droit de parler à Bella maintenant ? Demanda-t-il soudainement, sans m'avertir par une pensée.
    - Non. Assénai-je.
    - Ce n'est pas du jeu ! Qu'est-ce que je dois attendre ?
    - Je n'ai rien décidé, Alice.
    - C'est inutile, Edward.

    Dans sa tête, les deux destinées de Bella étaient à nouveau claires comme du cristal.

    - A quoi ça t'avancerait de la connaître ? Marmonnai-je, soudain morose. Si je vais la tuer ?

    Alice hésita pendant une seconde.

    - Tu marques un point, là. Admit-elle.

    Je pris de dernier virage à cent quarante quatre kilomète heure et pillai pour m'arrêter à un millimètre du mur du garage.

    - Bon jogging. Dit Rosalie d'un don grinçant alors que je m'extirpais hors de la voiture.

    Mais je n'allais pas courir cette nuit. J'allais chasser.

    Les autres s'étaient habitués à aller chasser demain, mais je ne pouvais pas me permettre d'être assoiffé maintenant. J'en fis trop, buvant plus que de raison, m'empiffrant à nouveau – un petit troupeau de cerf et un ours que je fus chanceux de trouver aussi tôt dans l'année. J'étais si plein que c'en était inconfortable. Pourquoi n'était-ce pas assez ? Pourquoi son odeur devait être plus forte que tout le reste ?

    Je devais chasser pour me préparer au jour suivant, mais, alors que j'étais trop plein pour chasser à nouveau et que le soleil menaçait à chaque heure de percer, je sus que le jour suivant était trop loin.

    Mes nerfs s'affolèrent lorsque je me rendis compte que j'étais partit rejoindre la fille.

    Je me disputai avec moi-même tout le long du trajet de retour à Forks, mais ce fut mes moins bons côtés qui l'emportèrent, et je suivis mon plan indéfendable. Le monstre était là, mais bien nourrit. Je savais que je resterais à une distance raisonnable d'elle. Je voulais juste savoir où elle était. Je voulais juste voir son visage.

    Il était minuit passé, et la maison de Bella était sombre et calme. Sa camionnette était garée à côté de la voiture d fonction de son père sur la place de parking. Il n'y avait pas de pensée éveillée dans les environs. Je regardais la maison pendant un moment depuis la pénombre de la forêt qui longeait la façade est. L'entrée principale devrait probablement être fermée – cela ne poserait aucun problème, excepté qu'il valait mieux que je ne laisse pas de trace de mon passage. Je décidai d'essayer la fenêtre en premier. Presque personne ne se donnait la peine d'y installer des sécurités.

    Je traversai la route déserte et escaladai la façade en une demi-seconde. Pendu d'une main à l'avant-toit de la fenêtre, je regardais à travers la vitre, et là mon souffle se coupa.

    C'était sa chambre. Je pouvais la voir dans le petit lit une place, ses couvertures sur le sol et ses draps ondulants autours de ses jambes. Alors que je regardais, elle s'agita et mit un bras sur sa tête. Elle ne ronflait pas, en tout cas pas cette nuit. Avait-elle sentit le danger près d'elle ?

    La voyant se retourner à nouveau, je me dégoûtais. En cet instant, je ne valais pas mieux qu'un pervers voyeur. Je n'étais rien d'autre. J'étais pire, bien pire.

    Je détendis mes phalanges, sur le point de me laisser tomber, mais avant cela je m'autorisai un long regard sur son visage.

    Il n'était pas calme. Le petit creux était à nouveau entre ses sourcils et les coins de ses lèvres étaient tournés vers le bas. Ses lèvres tremblèrent, puis se séparèrent.

    - Ok, Maman. Murmura-t-elle.

    Bella parlait dans son sommeil.

    Ma curiosité bondit, dépassant de loin ma répugnance pour ce que j'étais en train de faire. Cette petite lucarne vers des pensées inconscientes et sans défenses étaient incroyablement tentante.

    Je testai la fenêtre, elle n'était pas verrouillée, mais elle grinçait, surement qu'elle n'avait pas été ouverte depuis longtemps. Je la fis glisser lentement, terrorisé à chaque petit grincement de la charpente de métal. La prochaine fois, j'amènerai de l'huile...

    La prochaine fois ? Je secouais ma tête, dégoûté à nouveau.

    Je me glissai lentement à l'intérieur.

    Sa chambre était petite – désorganisée mais propre. Il y avait des livres empilés sur le sol à côté de son lit, leur reliure me tournant le dos, et des CD s'étalaient près de son modeste lecteur – le disque du dessus n'était qu'un boité vide. Des piles de papiers entouraient un ordinateur qui mériterait d'avoir sa place dans un musée réservé aux technologies obsolètes. Des chaussures parsemaient le parquet.

    Je désirais ardemment aller lire les titres de ses livres et de ces disques, mais je m'étais promis de rester à bonnes distances, alors à la place, j'allai m'installer dans un rocking-chair dans un coin de la pièce.

    L'avais-je vraiment un jour trouvé banale ? Je pensais à ce premier jour, et à mon dégoût pour tous ces garçons immédiatement intrigués par elle. Mais à présent que je me souvenais de la manière dont son visage avait été représenté dans leur esprit, je ne pouvais comprendre pourquoi je ne l'avais pas immédiatement trouvé belle. Ca semblait si évident.

    A présent que je la regardais – avec ses cheveux sombres ondulants sauvagement autour de son visage pâle, vêtue de son t-shirt élimé et plein de trous et de son vieux pantalon de jogging, ses membres détendu, ses lèvres pleines légèrement entrouvertes – elle me coupais le souffle. Du moins l'aurait-elle fais, pensai-je avec humour, si je respirais.

    Elle ne parla plus. Peut-être que son rêve était terminé.

    J'admirais son visage tout en essayant de penser à un moyen de rendre l'avenir supportable.

    La blesser n'était pas supportable. Cela voulait-il dire que mon seul choix était d'essayer de partir à nouveau ?

    Les autres ne m'en blâmeraient pas à présent. Mon absence ne mettrait personne en danger. Personne n'aurait de soupçons, personne ne ferait le lien avec l'accident.

    J''hésitai comme j'avais hésité cet après midi, et rien ne semblait possible.

    Je ne pouvais pas espérer rivaliser avec les jeunes humains, que ces humains là l'attirent où pas. J'étais un monstre. Comment pourrait-elle me voir autrement ? Si jamais elle venait à savoir la vérité à mon sujet, cela l'effraierait et l'écœurerait. Comme les victimes présumées dans les films d'horreur, elle s'enfuirait en hurlant.

    Je me souvins de ce premier jour en biologie...oui, elle s'enfuirait ; et elle aurait bien raison.

    Il était complètement débile d'imaginer que si je l'avais invité à ce bal ridicule, elle aurait annulé ses plans et accepté ma proposition.

    Je n'étais pas celui à qui elle allait dire oui. C'était quelqu'un d'autre, quelqu'un d'humain et de chaud. Et je ne pourrais même pas me permettre – ce jour là, lorsqu'elle aura dit oui – de le traquer et de le tuer, parce qu'elle le mériterait, qui ce que soit. Elle méritait le bonheur et l'amour plus que quiconque.

    Je lui devais d'agir pour le mieux à présent. A présent que je ne pouvais plus prétendre être sur le point de l'aimer.

    Après tout, cela importait peu, si je partais, parce que Bella ne pourrais jamais me voir comme je désirerais qu'elle me vît. Elle ne me verrait jamais comme quelqu'un dont elle pourrait tomber amoureuse.

    Jamais.

    Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait encore se briser ? Le mien en semblait capable.

    - Edward. Dit Bella.

    Je me figeai, regardant ses yeux clos.

    M'avait-elle vu, était-elle éveillée ? Elle semblait endormie, mais sa voix avait été si claire...

    Elle soupira calmement, et bougeant à nouveau, se roulant sur le côté.

    - Edward...Répéta-t-elle doucement.

    Elle rêvait de moi.

    Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait battre à nouveau. Le mien en semblait capable.

    - Reste. Soupira-t-elle. Ne pars pas. Je t'en prie...ne pars pas.

    Elle rêvait de moi, et ce n'était même pas un cauchemar. Elle voulait que je reste avec elle, là dans son rêve.

    Je débattis pour trouver des mots pour nommer les sensations qui se déversèrent en moi, mais aucun mot n'était assez fort pour les contenir. Pendant un long moment, je m'y noyai.

    Quand je refis surface, je n'étais pas le même homme qu'avant.

    Ma vie était un minuit éternel et immuable. Pour moi, c'était innévitable, il sera toujours minuit. Alors comment était-il possible que le soleil se lève, là maintenant, au milieu de ce minuit ?

    A l'instant où je suis devenu vampire, échangeant mon âme et ma mortalité pour l'immortalité la douleur brûlante de la transformation, j'avais été littéralement gelé. Mon corps s'était transformé en quelque chose qui s'apparentait plus à de la pierre qu'à de la chaire, dure et immobile. Ma conscience, aussi, s'était gelée – ma personnalité, mes goûts et mes dégoûts, mes désirs et mes répugnances ; tout c'était figé.

    C'était la même chose pour chacun de nous. Nous étions tous figés. Des pierres vivantes.

    Quand un changement survint en nous, c'est une chose rare et permanente. Je l'ai vu chez Carlisle, puis plus tard chez Rosalie. L'amour les changea d'une façon permanente, éternelle. Plus de quatre-vingts ans s'étaient écoulés depuis que Carlisle avait trouvé Esmée, et il continuait à la regarder avec les yeux incrédules du premier amour. Il en sera ainsi pour l'éternité.

    De même que pour moi. J'allais aimer cette humaine, si fragile et délicate, pour le restant de mon existence sans limite.

    J'admirais son visage, sentant cet amour pour elle s'encrer dans chaque portion de mon corps de pierre.

    Elle dormait calmement à présent, un petit sourire aux lèvres.

    Tout en la regardant, je commençai à comploter.

    Je l'aimais, alors j'allais essayer d'être assez fort pour la quitter. Je savais que je n'étais pas assez fort pour le moment. J'allais travailler ce point. Mais peut-être étais-je assez fort pour faire changer le futur de cap.

    Alice avait vu deux avenirs pour Bella, et à présent je comprenais les deux.

    L'aimer ne m'empêcherais pas de la tuer, si je me laissais faire des erreurs.

    Je ne pouvais plus sentir le monstre à présent, je ne le trouvais plus, nulle part en moi. Peut-être que l'amour l'avait réduit au silence. A présent, si je la tuais, ce ne serait pas intentionnel, seulement un effroyable accident.

    J'allais devoir être extrêmement prudent. Je ne devrais jamais, jamais baisser ma garde. J'allais devoir contrôler chacune de mes inspirations, chacun de mes mouvements. J'allais devoir respecter une permanente distance de sécurité.

    Je n'allais pas faire d'erreur.

    Je compris enfin le second futur. J'avais été dérouté par cette vision – que pouvait-il bien se passer pour que Bella se retrouve prisonnière de cette demi-vie immortelle ? Mais à présent – dévasté de désir pour cette fille – je pouvais comprendre comment je pourrais, dans un élan d'impardonnable égoïsme, implorer mon père de me faire cette faveur. L'implorer de lui prendre et sa vie et son âme pour que je puisse la garder près de moi pour toujours.

    Elle méritait mieux.

    Mais je vis un autre avenir, un fil extrêmement fin et fragile sur lequel je pourrais peut-être marcher, si je savais garder l'équilibre.

    Pouvais-je faire cela ? Etre avec elle et la garder humaine ?

    Délibérément, je pris une profonde inspiration, puis une autre, laissant son arôme de déchirer comme un feu sauvage. Sa chambre débordait de son parfum, sa fragrance restait accrochée à chaque objet. Ma tête me tournait mais je combattis le vertige. Je devais m'y habituer, si je voulais essayer d'avoir une quelconque relation avec elle. Je pris une autre bouffée d'air brûlant.

    Je la regardais dormir jusqu'à ce que le soleil se lève derrière les nuages à l'est, complotant contre moi.

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    ***<o:p></o:p>



    Je rentrai à la maison juste après le départ des autres pour le lycée. Je me changeai rapidement, ignorant le regard interrogateur d'Esmée. Elle avait vu comme mon visage rayonnait, et cela l'avait rendue tant soulagée qu'inquiète. Ma longue mélancolie lui avait fait de la peine, et elle était heureuse de voir que ma douleur semblait s'en être allée.

    Je couru jusqu'au lycée, arrivant quelque secondes après mes semblables. Ils ne se retournèrent pas, alors qu'Alice savait au minimum que je me tenais dans le bois qui longeait la chaussée. J'attendis que personne ne regarde, puis sortit du bois comme si de rien n'était pour arriver au milieu des nombreuses voitures garées.

    J'entendis la camionnette de Bella gronder près du virage, et m'arrêtais derrière une Suburban, d'où je pouvais voir sans être vu.

    Elle roula en direction du parking, fixant ma Volvo un long moment avant de se garer à l'une des places les plus éloignées de ma voiture, en fronçant les sourcils.

    Il était étrange de se rappeler qu'elle était probablement toujours fâchée contre moi, et avec de bonne raisons.

    J'avais envie de me moquer de moi – ou de me gifler. Tout mon complot ainsi que mes plans étaient entièrement caduc si de son côté elle n'éprouvait rien pour moi, n'est-ce pas ? Son rêve avait sûrement dû porter sur quelque chose que complètement banal. Je n'étais qu'un crétin arrogant.

    De toute façon, il valait mieux pour elle qu'elle ne ressente rien pour moi. Cela ne m'empêcherait pas de la harceler, mais ça l'avertirait en tout cas que je la harcelai. Je lui devais bien ça.

    J'avançais dans sa direction silencieusement, me demandant quel était le meilleur moyen de l'approcher.

    Elle ma facilita la tâche. Les clés de sa voiture glissèrent de ses doigts alors qu'elle sortait de sa camionnette, et tombèrent dans une flaque d'eau.

    Elle se pencha, mais j'arrivai le premier, les attrapant avant qu'elle n'eu a plonger ses doigts délicats dans l'eau froide.

    Je m'adossai à sa camionnette pendant qu'elle se redressait avant de se raidir.

    - Pour quelle raison as-tu fait ça ? Brailla-t-elle.

    Oui, elle était toujours fâchée.

    - Fait quoi ? Demandai-je en lui tendant ses clés.

    Elle tendit sa main, et je laissai tomber les clés dans sa paume. Je pris une profonde inspiration, engloutissant son odeur.

    - Surgi à l'improviste. Précisa-t-elle
    - Bella, je ne suis quand même pas responsable si tu es particulièrement inattentive.

    Mes paroles étaient humoristiques, c'était presque une blague. Y'avait-il quelque chose qu'elle ne remarquait pas ?

    Avait-elle remarqué, par exemple, comme ma voix avait enveloppé son nom, comme une caresse ?

    Elle me regarda, n'appréciant pas mon humour. Son rythme cardiaque s'emballa – de colère ? De peur ? Après un moment, elle regarda le sol.

    - Pourquoi ce bouchon, hier soir ? Demanda-t-elle, sans me regarder. Je croyais que tu étais censé te comporter comme si je n'existais pas, pas t'arranger pour m'embêter jusqu'à ce que mort s'ensuive.


    Très fâchée. J'allais faire un effort pour arranger les choses avec elle. Je me souvins avoir résolu d'être digne de confiance...

    - Je rendais service à Tyler, histoire de lui donner sa chance.

    Puis je ris. Je ne pus m'en empêcher, repensant à la tête qu'elle avait faite.

    - Espèce de...haleta-t-elle, puis elle s'interrompit, apparemment trop furieuse pour finir.

    La voilà : cette expression, exactement la même. Je me retins un nouveau rire. Elle était déjà assez hors d'elle comme ça.

    - Et je ne prétends pas que tu n'existes pas. Finis-je.

    C'était ainsi que je devais m'y prendre : rester sur le ton de la conversation, la taquiner. Elle ne comprendrait pas si je lui montrais mes véritables sentiments. Ca l'effraierait. Je devais maîtriser mes sentiments, garder les choses au clair.

    - C'est donc bien ma mort que tu souhaites, puisque le fourgon de Tyler n'y a pas suffit !

    Un éclair de colère me traversa. Pouvait-elle réellement penser une chose pareille ? Il était irrationnel de ma part d'être si offensé – elle ne savait rien de la transformation qui s'était opéré en moi durant la nuit. Mais j'étais tout de même en colère.

    - Bella, tu es complètement absurde. Assénai-je.

    Elle rougit et me tourna le dos. Elle commença à s'éloigner.
    Remords. Je n'avais pas le droit de lui en vouloir.

    - Attends ! suppliai-je.

    Elle ne s'arrêta pas, alors je la rattrapai.

    - Désolé pour ces paroles désagréables. Non qu'elles soient fausse (parce qu'il était bel et bien absurde de penser que je puisse vouloir sa mort) mais je n'étais pas obligé de les dire.
    - Et si tu me fichais la paix, hein ?

    Crois moi, voulais-je lui répondre,
    j'ai essayé.
    Et, à propos, je suis désespérément amoureux de toi.


    Reste clair.

    - Je voulais juste te poser une question, c'est toi qui m'as fais perdre le fil. Dis-je en riant.

    Je venais d'avoir une idée lumineuse.

    - Souffrirais-tu d'un dédoublement de la personnalité ? Demanda-t-elle.

    Cela y ressemblait fort, en effet. J'étais plutôt lunatique, à cause de toutes ces nouvelles émotions qui me traversaient.

    - Voilà que tu recommences. Lui fis-je remarquer.
    - Très bien, soupira-t-elle. Vas-y, pose-la, ta question.
    - Je me demandais si, samedi de la semaine prochaine... (je vis je choc traverser son visage, et retint un autre rire), tu sais, le jour du bal...

    Elle m'interrompit, me regardant enfin dans les yeux.

    - Essaierais-tu d'être drôle, par hasard ?

    Oui !

    - Et si tu me laissais terminer ?

    Elle attendit en silence, ses dents mordant doucement sa lèvre inférieure.

    Cette vue attira mon attention pendant une seconde. Cela provoqua d'étranges réactions au plus profond de mon enveloppe charnelle jusqu'alors oubliée. Je tentai de les mettre de côté pour pouvoir me concentrer sur mon rôle.

    -J'ai appris que tu allais à Seattle, ce jour là, et j'ai pensé que tu avais peut-être besoin d'un chauffeur. Lui proposais-je.

    Je réalisai que, mieux que de l'interroger sur ses projets, je lui demandais de m'inclure dedans.

    Elle me regarda, choquée.

    - Quoi ?
    - As-tu envie qu'on t'accompagne là bas ?

    Seul dans une voiture avec elle...ma gorge me brûla à cette seule pensée. Je pris une longue inspiration. Prend en l'habitude...

    - Qui donc ? Me demanda-t-elle, ses yeux montrant nouveau cette expression abasourdie.
    - Moi, évidemment. Dis-je lentement.
    - Pourquoi ?

    Etait-il vraiment aussi étonnant que je veuille passer du temps avec elle ? Elle avait vraiment dû interpréter mon ancienne attitude de la pire manière qu'il soit.

    - Disons, dis-je aussi naturellement que possible, que j'avais l'intention de me rendre à Seattle dans les semaines à venir et, pour être honnête, je ne suis pas persuadé que ta camionnette tiendra le coup.

    Il semblait plus prudent de continuer à la taquiner plutôt que de me permettre d'être sérieux.

    - Ma camionnette marche très bien, merci beaucoup. Dit-elle de la même voix surprise.

    Elle recommença à marcher. Je ne la lâchai pas d'une semelle.

    Elle n'avait pas vraiment dit non, alors j'insistai.

    Dirait-elle non ? Que ferais-je si elle refusait ?

    - Mais un seul réservoir te suffira-t-il ?
    - Je ne vois pas en quoi ça te concerne.

    Ce n'était toujours pas un non. Et son cœur recommençait à s'emballer, sa respiration à s'accélérer.

    - Le gaspillage des ressources naturelles devrait être l'affaire de tous.
    - Franchement, Edward ! Ton comportement m'échappe. Je croyais que tu ne désirais pas être mon ami.

    Un frisson de ravissement de prit quand elle prononça mon nom.

    Comment pouvais-je répondre clairement à cela tout en restant honnête ? Bon, il était plus important que je sois honnête. Au moins en ce qui concerne ce sujet.

    - J'ai dis que ce serait mieux que nous ne le soyons pas, pas que je n'en avais pas envie.
    - Ben tiens ! Voilà qui éclaire ma lanterne ! railla-t-elle.

    Elle s'arrêta, sous l'auvent de la cantine, et rencontra mon regard à nouveau. Son cœur d'affola. Avait-elle peur ?

    Je pris un grand soin à choisir mes mots. Non, je ne pouvais la quitter, mais peut-être serait-elle assez intelligente pour me quitter, elle, avant qu'il ne soit trop tard.

    - Il serait plus...prudent pour toi de ne pas être mon amie.

    Puis, en plongeant dans les profondeurs de chocolat fondu de ses yeux, je perdis ma désinvolture. Les mots que je prononçai en suite brûlèrent d'une trop grande ferveur.

    - Mais j'en ai assez d'essayer de t'éviter, Bella.

    Elle arrêta de respirer et, vu le temps qu'elle mit avant de recommencer, cela m'inquiéta. Combien l'avais-je effrayée ? Eh bien, j'allais avoir la réponse.

    - Viendras-tu à Seattle avec moi ? Demandais-je sans cérémonie.

    Elle acquiesça, son cœur battant la chamade.

    Oui. Elle m'avait dit oui. A moi !

    Puis ma conscience refit surface. Combien cela allai-t-il lui coûter ?

    - Tu devrais vraiment garder tes distances. La prévins-je.

    M'avait-elle entendu ? Echappera-t-elle au futur qui la menaçait ? Pouvais-je faire quoi que ce soit pour la protéger de moi-même ?

    Reste clair. M'ordonnai-je.

    - On se voit en cours.

    Je dû me concentrer pour m'empêcher de courir alors que je m'enfuyais.

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